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La Tribu et la baie vitrée

Madrid
Teatro Real
02/23/2012 -  & 2, 5, 8, 11, 14, 17, 20, 23* décembre 2012
Giuseppe Verdi : Macbeth
Dimitris Tiliakos (Macbeth), Violeta Urmana (Lady Macbeth), Dmitry Ulyanov (Banquo), Stefano Secco (Macduff), Alfredo Nigro (Malcolm), Marifé Nogales (Une dame)
Chœur et Orchestre du Teatro Real, Andrés Máspero (directeur du chœur), Teodor Currentzis (direction musicale)
Dmitri Tcherniakov (mise en scène, décors), Elena Zaytseva (costumes), Gleb Filshtinsky (lumières)


V. Urmana (© Javier del Real)


Le Macbeth imaginé par Dmitri Tcherniakov, dirigé par Currentzis, et avec les voix d’Urmana et Tiliakos (une coproduction des Opéras de Paris et de Novossibirsk), est déjà connu grâce à la captation réalisée à l’Opéra de Paris pour BelAir. Il est vrai que notre temps est prodigue en productions opératiques pensées pour le film plutôt que pour la scène. Mais les caractéristiques du Macbeth de Tcherniakov appartiennent au théâtre, même si elles peuvent admettre l’enregistrement comme appui et pour la mémoire du spectacle. Tcherniakov met devant nous une ville imaginaire projetée sur un écran, sorte de carte, de miniature. On s’approche, on voit la ville, ses maisons, ses rues, ses places, ses carrefours, on s’élève comme le fait un oiseau, et on redescend parfois dans le détail de la maison des Macbeth, un chalet avec une baie vitrée, ce qui met en correspondance le film, le décor et vérité théâtrale : la magie de l’identification entre les moyens modernes et le spectacle vivant. Il y a la ville en tant que tribu, où habitent les fantômes, les « idola », sorcières (traitées ici un petit chœur entouré de la tribu, justement, du village); et la baie vitrée, comme scène de théâtre mais aussi comme tour de guet. Des gens vivent dans la maison: une famille de classe moyenne, une ambition au dessin familial, le sens pratique de Lady Macbeth (ah, le « sens pratique », ce sens aveugle), pour laquelle Urmana et Tcherniakov imaginent une femme au foyer, tout à fait petite-bourgeoise, gentille en apparence et implacable seulement dans l’ « obscurité » des moments intimes. Au risque cependant de « dépoétiser » quelques scènes, notamment celle de la folie.




Le spectacle a été un peu chahuté, paraît-il, le soir la première, mais le public de représentation dont il est question ici a fait preuve de plus d’ouverture d’esprit. Il est vrai aussi que, dans une époque où l’on agresse facilement les « institutions », le public ne se prive pas de brocarder, à l’occasion, le clientélisme de certaines directions artistiques. Dommage qu’on le fasse payer à Tcherniakov. Son Macbeth n’est pas son meilleur atout, certes, mais c’est un atout quand même, supérieur à ce que l’on peut voir en Europe, même sur des scènes de premier plan.



On retrouve aussi la direction nerveuse, dramatique, efficace, puissante de Theodor Currentzis, un jeune chef d’orchestre grec d’éducation et vocation russes, avec déjà une très belle carrière (notamment son Wozzeck filmé à Moscou, avec Tcherniakov, justement). Un chef que le public madrilène a eu l’occasion d’apprécier à Madrid dans le très beau double programme Iolanta-Perséphone en janvier 2012. Et les voix vont de l’excellence insurpassable de Violeta Urmana à l’acceptable prestation vocale de Tiliakos. Les autres trois voix masculines se situaient également entre excellent et honorable. Le Macduff de Stefano Secco a fait grande impression, à côté des belles lignes vocales d’Ulyanov (Banquo) et de Nigro (Malcolm). Le public n’a pas été déçu dans les airs que l’on a l’habitude d’attendre chez Verdi. On renonce devant la tâche de mentionner tous ceux de Macbeth. Soulignons cependant le succès de Tiliakos et le triomphe d’une enthousiasmante Violetta Urmana en Lady Macbeth. Le chœur a mérité les applaudissements.



Après trois ans sans Verdi, et en attendant l’année Verdi-Wagner, Macbeth est de retour dans une mise en scène qui, même si elle a été contestée par une partie du public le soir de la première, a fait oublier la production quelconque d’il y a une dizaine d’années.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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