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Geneva
Victoria Hall
11/21/2012 -  
Claude Debussy: Prélude à l’après-midi d’un faune
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour piano n° 24 en ut mineur, K. 491
Igor Stravinski : Le Sacre du printemps

Andreas Haefliger (piano)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


Ce concert marque la première venue de Paavo Järvi à la tête d’un des nombreux orchestres dont il est directeur musical à Genève, ville où son père a pris la direction de l’OSR. Paris est connue comme la capitale de la haute couture. Cela s’étend à ses orchestres: les musiciens de l’Orchestre de Paris portent des tenues originales créées pour eux, les hommes ont en particulier une veste sans revers avec un col droit qui leur donne un aspect un peu militaire assez inhabituel.


Le son de l’orchestre est également caractéristique des ensembles français : des bois assez brillants mais qui couvrent trop facilement des cordes un peu minces et une différence de niveau assez marquée entre les pupitres des premiers et des seconds violons. Les musiciens ne sont par ailleurs pas aidés par l’acoustique délicate de la salle du Victoria Hall et n’ont pas bénéficié de la mise en place des rideaux latéraux qui permettent de clarifier le son. C’est particulièrement dommage dans une œuvre aussi dense que le Sacre du printemps et nous continuons à penser qu’il s’agit d’un problème de fond qui est prioritaire pour Genève et sa salle.


L’Orchestre de Paris est bien évidemment dans son univers avec un Prélude à l’après-midi d’un faune séduisant et chaleureux. Les interventions des bois sont réussies et les équilibres entre instrumentistes sont particulièrement soignés. Seul le « tutti » du milieu de l’œuvre (au chiffre 7 pour les Beckmesser en herbe) souffre du manque de couleur des violons.


La pâte orchestrale du Vingt-quatrième Concerto pour piano de Mozart est étonnamment épaisse en dépit du choix d’un effectif restreint. Refusant toute affectation et en dépit d’une belle qualité de toucher, Andreas Haefliger reste trop pâle. La caractérisation est insuffisante et l’ensemble est bien lourd. Or, même dans sa musique instrumentale, le théâtre n’est jamais loin chez Mozart et il faut savoir le retrouver pour rendre justice à ses œuvres. En bis, les musiciens nous offrent une œuvre du compositeur français Karol Beffa, La Vie antérieure, créée quelques jours plus tôt à Paris. Si la partie centrale avec ses rythmes de jazz et des accords à la Messiaen est originale, les deux parties lentes qui l’encadrent laissent un sentiment plus mitigé et ne soutiennent pas vraiment l’intérêt. Curieusement, l’orchestre est plus inspiré et la mise en place plus claire et plus rigoureuse.


La seconde partie nous rapproche de l’héritage musical de Genève. Non seulement les rapports étroits entre Stravinsky et Ansermet sont bien connus mais il ne faut pas oublier que le Sacre du printemps a été composé en Romandie, à Clarens, tout prêt de Montreux, comme quoi il est possible d’écrire une des pièces les plus sauvages dans un des environnements des plus sereins qui soit. La première note dans le registre aigu du basson de l’introduction est ici jouée avec un crescendo saisissant (qui ne figure pas sur ma partition) mais qui annonce surtout une volonté du chef d’utiliser toute la dynamique possible de l’orchestre. C’est cette option qui est retenu tout le long de l’œuvre. Si la tension baisse par moments, comme dans la «Danse Sacrale» finale, la première partie réserve de biens beaux moments pleins d’énergie et d’intensité, en particulier une «Adoration de la terre» où les cuivres se révèlent capables d’une puissance sonore considérable. Enfin, dans cette œuvre où sa partie est si développée, le timbalier de l’orchestre se donne à cœur joie et sa décélération à la fin de l’«Adoration de la terre» est magnifiquement rendue.


Très applaudi par un public bien attentif, les musiciens nous donnent en bis une Farandole de L’Arlésienne de Bizet à l’image de ce concert : des équilibres au détriment des cordes, un ensemble un peu... bruyant mais finalement sympathique et plein d’entrain.


Il faut enfin à nouveau souligner le travail réalisé par les organisateurs de concert comme la Migros ou l’agence Caecilia pour redonner à Genève le rang et la place qu’elle mérite dans le monde musical et faire venir de tels musiciens. Le programme de la saison des concerts Migros nous permettra ainsi d’entendre Antonio Pappano et son Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia Roma, Semyon Bychkov, prédécesseur de Paavo Järvi à Paris, et le Philharmonique de Munich, l’orchestre de chambre Wien-Berlin et Yefim Bronfman, tout une série d’artistes de premier plan qui, à ma connaissance, feront leurs débuts à Genève et qu’il ne faudra pas manquer.



Antoine Leboyer

 

 

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