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A la veille d’une importante évolution

Paris
Auditorium du Louvre
11/14/2012 -  et 10 (Washington), 13 (Vernier) novembre, 4 décembre (Moscou) 2012
Robert Schumann : Quatuor n° 3, opus 41 n° 3
Johannes Brahms : Quatuor n° 2, opus 51 n° 2
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 12, opus 133

Quatuor Emerson: Eugene Drucker, Philip Setzer (violon), Lawrence Dutton (alto), David Finckel (violoncelle)


Le Quatuor Emerson (© Lisa-Marie Mazzucco)



Inchangée depuis 1979, la composition du Quatuor Emerson évoluera à partir de la saison prochaine, lorsque le violoncelliste David Finckel (né en 1951) fera place au Gallois Paul Watkins (né en 1970). C’était donc sans doute, en ce mercredi de la série «Quatuors à cordes» du Louvre, la dernière occasion d’entendre à Paris l’ensemble américain dans cette formation d’une rare stabilité. Connaisseur s’il en est, le public de l’auditorium ne s’y est pas trompé et n’a pas laissé le moindre fauteuil vacant.


Programme original et, plus encore, sans concession à la facilité: voilà qui ne surprendra pas de la part des Américains, fidèles à leurs habitudes – violonistes (alternant aux fonctions de primarius) et altiste debout – et, surtout, à leur style reconnaissable entre tous, péremptoire et analytique, altier et rigoureux. Ils élèvent ainsi Schumann au rang de continuateur du dernier Beethoven, en faisant ressortir ce que l’écriture du Troisième Quatuor (1842) peut avoir d’innovant et de fragmentaire. A force de brider le discours et de refuser les compromissions, la passion n’y est sans doute pas autant que sous d’autres archets, même si l’Adagio molto s’autorise quelques effusions, et certains couplets du Rondo final paraissent un peu trop raides, mais l’énergie, parfois même rugueuse, ne manque pas.


Autre quatuor (en la) dont le mouvement final, fortement rythmé, est teinté de quelque couleur tzigane, le Deuxième (1873) de Brahms impressionne par son caractère volontiers tendu et affirmatif, dès l’Allegro non troppo initial, intimidant et sombre. Si elle est fermement contrôlée, l’interprétation n’est cependant en rien univoque, entre puissance symphonique, sonorité chaleureuse de l’Andante moderato et crépitement (une fois de plus) beethovénien du Trio du Quasi minuetto.


Tout au long de cette immense première partie, l’équilibre entre les pupitres n’est pas toujours apparu idéal, avec un premier violon – Philip Setzer, dont l’intonation, au demeurant, est ici ou là contestable – peinant à s’imposer, notamment face à l’alto extraterrestre de Lawrence Dutton. De fait, la seconde partie confirme que le Quatuor Emerson fonctionne mieux lorsque Eugene Drucker passe au premier violon. Dans le Douzième (1968) de Chostakovitch, l’inquiétante neutralité du Moderato laisse place à la rage, à l’ironie et aux errances – beau solo de violoncelle – du vaste Allegretto, cauchemar d’autant plus effrayant qu’il est instrumentalement impeccable et parfaitement mis en place, jusqu’aux accords finaux, dont le caractère triomphal n’est guère plus convaincant que la conclusion de la Cinquième Symphonie.


En bis, la raison apaisée de la Fugue en mi majeur de la Seconde Partie (1744) du Clavier bien tempéré de Bach arrangée par Mozart (1782), un répertoire cher au cœur des Emerson, ramène une sérénité bienvenue.


Une partie du concert sur le site de Medici
Le site du Quatuor Emerson



Simon Corley

 

 

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