About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Mikko et Nina

Paris
Salle Pleyel
10/13/2012 -  
Richard Wagner : Tristan und Isolde
Christian Franz (Tristan), Nina Stemme (Isolde), Peter Rose (Marke), Detlef Roth (Kurwenal), Sarah Connolly (Brangäne), Richard Berkeley-Steele (Melot), Pascal Bourgeois (Un jeune marin), Christophe Poncet (Un berger), Renaud Derrien (Un pilote)
Chœur de Radio France, Orchestre Philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


N. Stemme (© Tanja Niemann)


Tristan et Isolde ? Pas vraiment. Visiblement fatigué, voire indisposé, Christian Franz assure assez bien le premier acte, même s’il n’a pas une nature de Heldentenor : c’est déjà très méritoire. Le deuxième le met à rude épreuve, on le sent surtout appliqué à tenir le coup, ce que confirme ensuite un délire peu phrasé, où il respire beaucoup trop entre les mots. Le couple se trouve d’autant plus déséquilibré que Nina Stemme affiche une insolente santé vocale, jusqu’à la transfiguration finale, où tant de sopranos s’épuisent – on croirait presque qu’elle pourrait tout recommencer. Pas le timbre le plus soyeux du monde, mais voix parfaitement stable, tessiture homogène, phrasé de reine, intelligence du texte, tout y est. Voilà bien Isolde, blessée et mordante, haineuse et amoureuse, tendre et fière. Elle chante le rôle depuis des années : elle l’incarne aujourd’hui comme jamais.


Son Tristan, à vrai dire, c’est l’orchestre : plutôt que Tristan et Isolde, on entend Mikko et Nina. Et dire que le chef finlandais remplace Myung-Whun Chung, qu’il dirige, paraît-il, l’œuvre pour la première fois ! De quoi rester pantois devant tant de maîtrise, tant de puissance et de fluidité, tant de couleurs – on est emporté par la mer ou la passion, on se grise des murmures de la forêt, on se perd dans la désolation de la lande. Pas besoin de mise en scène quand l’orchestre assume le théâtre – la métamorphose d’un Philhar’ ainsi conduit montre décidément qu’une phalange est ce qu’on en fait. Superbes solos aussi de la clarinette basse pour Marke, du cor anglais pour le Berger.


Le reste se tient au meilleur niveau, sinon toujours au sommet. Impeccablement stylé, Detlef Roth fait plutôt jeune frère qu’écuyer chenu, on dirait moins Kurwenal que Wolfram. Le bon Peter Rose reste trop baryton pour la grande scène de Marke, noble mais pas assez royal, ne prenant vraiment la mesure du rôle qu’au troisième acte. Sarah Connolly, en revanche, s’impose aussitôt en Brangäne, par la voix, la présence, l’intensité, instrument du destin et du désir, dont les appels atteindront, au deuxième acte, une plénitude vocale digne des plus grandes.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com