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Une histoire accélérée de l’Allemagne

Antwerp
Vlaamse Opera
10/03/2012 -  et 5, 7*, 9, 12, 14 octobre 2012
Hector Berlioz : La Damnation de Faust, opus 24
Michael Spyres (Faust), Michele Pertusi*/Simon Bailey (Méphistophélès), Claudia Mahnke (Marguerite), Simon Bailey*/Gevorg Grigoryan (Brander)
Koor van de Vlaamse Opera, Yannis Pouspourikas (chef du chœur), Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Dimitri Jurowski (direction)
Terry Gilliam (mise en scène), Hildegard Bechtler (décors), Katrina Lindsay (costumes), Peter Mumford (lumières), Finn Ross (vidéo)




De plus en plus de réalisateurs de cinéma se lancent dans la mise en scène d’opéra. Deux exemples récents : Jaco Van Dormael dans Stradella de Franck à l’Opéra royal de Wallonie et Terry Gilliam dans La Damnation de Faust (1846) de Berlioz au Vlaamse Opera. L’ancien membre des Monthy Python réinterprète la légende dramatique en retraçant l’histoire de l’Allemagne au départ d’un décor qui évoque Caspar David Friedrich : exacerbation des nationalismes, Première Guerre mondiale, émergence du nazisme, nuit de cristal, génocide des Juifs. Faust traverse cette période tragique en pauvre type et échouera à sauver Marguerite de l’Holocauste. Il terminera sa vie crucifié, tête en bas, sur une croix gammée qui, surélevée, se superpose à l’Homme de Vitruve représenté renversé sur le rideau de scène.


Dans ce foisonnement d’idées, l’humour grotesque rencontre l’émotion pure. Devant un public de notables et de militaires, Faust joue une espèce de Siegfried délivrant Brünnhilde de son cercle de feu, histoire de rappeler, s’il en était besoin, la vénération de Hitler pour Wagner. Durant la scène de la cave d’Auerbach, des chemises brunes abattent des bolcheviques et malmènent les Juifs. A la fin de la deuxième partie, la jeunesse hitlérienne célèbre la grandeur de l’Allemagne nazie et la supériorité de la race aryenne. Le spectacle prend des accents poignants au début de la quatrième partie lorsque Marguerite pleure Faust parmi d’autres Juifs déportés. La conception tient la route et ce spectacle corrosif ne comporte aucun temps mort, surtout que les décors de Hildegard Bechtler ne cessent de se transformer – un tour de force qui mérite d’être salué. A chacun d’adhérer ou pas à ce parti-pris et de trouver la démarche nécessaire ou, au contraire, inutilement démonstrative mais pourvu que les directeurs d’opéra pensent à Terry Gilliam pour un prochain spectacle.



(© Annemie Augustijns)


Virtuose en diable, la direction d’acteur ne compromet pas le chant. Le premier Faust de Michael Spyres suscite l’enthousiasme : émission homogène, ligne pure, legato somptueux, de quoi compenser un timbre légèrement nasal et une puissance modérée. Doté d’une affreuse coiffure rousse, le ténor américain rend le personnage aussi pitoyable qu’un Wozzeck. Sans forcer le trait, Michele Pertusi campe un Méphistophélès mordant comme il convient mais sa présence scénique prend le dessus sur un chant correctement tenu. Grâce à sa voix ronde et soyeuse, Claudia Mahnke interprète une Marguerite honorable mais sans grande relief – pas certain que le personnage intéresse tant que cela le metteur en scène. Dans le rôle de Brander, Simon Bailey offre peu à se mettre sous la dent mais il ne démérite pas. Préparé comme d’habitude par Yannis Pouspourikas, le chœur, motivé et compétent, incarne une multitude de personnages avec conviction. Dimitri Jurowski dompte un orchestre impeccable : la cohésion des différents pupitres, la netteté des interventions et la richesse de la sonorité constituent autant de qualités relevées durant ce spectacle saisissant.


Le site du Vlaamse Opera



Sébastien Foucart

 

 

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