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La barre très haut

Tournai
Maison de la culture
09/30/2012 -  
Dimitri Chostakovitch : Quatuor à cordes n°8, opus 110
Alexander von Zemlinsky : Quatuor à cordes n°3, opus 19
Antonín Dvorák : Quatuor à cordes n°13, opus 106

Quatuor Zemlinsky : Frantisek Soucek, Petr Strízek (violon), Petr Holman (alto), Vladimir Fortin (violoncelle)




La onzième édition des Voix intimes tourne autour de Britten, Chostakovitch et Dvorák. Afin de respecter le fil conducteur, les six formations invitées interpréteront au moins une œuvre pour quatuor à cordes d’un de ces trois compositeurs. Contrairement aux éditions précédentes, les concerts se tiendront à chaque fois le dimanche à 16 heures : au Quatuor Zemlinsky succèderont les Quatuors Coryfeye le 21 octobre, Aviv le 25 novembre, Carducci (le seul à réunir les trois compositeurs dans son programme) le 16 décembre, Elias le 13 janvier et Scaldis le 24 février. Le lieu diffère peu : la Maison de la culture pour les deux premiers concerts, le Musée de la tapisserie pour les quatre suivants. Ce festival organisé par l’association Proquartetto reste donc fidèle à sa ligne de conduite : attirer à Tournai le gratin du quatuor et des ensembles en devenir autour d’une thématique à chaque fois différente.


Fondé dans une autre configuration sous le nom de Penguin en 1994, vainqueur au Concours international du quatuor à cordes de Bordeaux en 2010, le Quatuor Zemlinsky se produit dans la salle Frank Lucas qui, compte tenu de sa vétusté, aurait vraiment besoin d’être rafraîchie. Dès le Largo du Huitième Quatuor (1960) de Chostakovitch, la formation tchèque place d’emblée la barre très haut en ce sens qu’elle restitue le contenu expressif avec justesse et conviction tout en affichant une maîtrise de premier ordre : mise en place précise, échanges limpides, sonorité veloutée. Rigoureusement élaborée et pleine d’aisance, l’interprétation témoigne d’un travail acharné et perfectionniste.



Le Quatuor Zemlinsky (© Pavel Vácha)


La rigueur n’exclut pas la souplesse comme l’illustre ensuite un Troisième Quatuor (1924) de Zemlinsky pensé dans la forme, le fond et les détails. Cultivant une sonorité acérée, idiomatique et, décidément, de toute beauté, les musiciens en livrent une exécution à la fois dense et aérée, deux qualités qui ne s’excluent pas nécessairement. Retour à la thématique en seconde partie avec le Treizième Quatuor (1895) de Dvorák exécuté dans un style impeccable. Quasiment infaillibles, Frantisek Soucek, Petr Strízek, Petr Holman et Vladimir Fortin, qui allient le charme à la perfection, délivrent des accents autant poignants (Adagio ma non troppo) qu’enthousiasmants (Andante sostenuto) et déploient des phrasés d’une grande plénitude. Comme il se garde de toussoter et de murmurer entre les mouvements, le public a bien mérité un bis, en l’occurrence une «Danse des comédiens» de La Fiancée vendue de Smetana irrésistible et précise comme un mécanisme d’horlogerie. Les autres quatuors invités cette saison se hisseront-ils à un tel niveau ?


Le site du Quatuor Zemlinsky
Le site des Voix intimes
Le site de la Maison de la culture de Tournai



Sébastien Foucart

 

 

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