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Prague et autres voyages

Salon-de-Provence
Château de l’Emperi
08/08/2012 -  
György Ligeti : Six Bagatelles pour quintette à vent
Antonín Dvorák : Cigánské melodie, opus 55, B. 104 – Bagatelles pour deux violons, violoncelle et harmonium, opus 47, B. 79 (#)
Bernard Herrmann : Souvenirs de voyage
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44

Sunhae Im (soprano), Emmanuel Pahud (flûte), François Meyer (hautbois), Paul Meyer (clarinette), Gilbert Audin (basson), Chezy Nir (cor), Daishin Kashimoto, Maja Avramovic, Sarah Nemtanu (#), Tamaki Kawakubo (#) (violon), Christophe Gaugué (alto), Timothy Park, Raphaël Perraud (violoncelle), Frank Braley (harmonium), Eric Le Sage (piano)




Dans une région où les (bons) festivals ne manquent pas, Musique à l’Emperi est parvenu à s’installer durablement: du 30 juillet au 9 août, il célèbre en effet ses vingt ans. Entrant dans l’imposant château qui domine le centre historique de Salon-de-Provence, les spectateurs sont accueillis par un cercle de présentoirs portant chacun l’affiche d’une précédente édition et entourant une tringle en spirale ascendante où ont été accrochés une multitude de cartons sur chacun desquels sont inscrits les noms de plusieurs musiciens ayant participé depuis 1993 à cette aventure. Les trois directeurs musicaux, Eric Le Sage, Paul Meyer et Emmanuel Pahud, et le président, Jérôme Bloch, ne s’endorment cependant pas sur leurs lauriers: en 2013, le festival fera partie des manifestations labellisées «Marseille-Provence. Capitale européenne de la culture» et, dès cette année, une innovation importante est apportée, puisqu’aux traditionnels concerts de 21 heures dans la cour Renaissance du château s’ajoutent désormais des concerts à 18 heures en l’église Saint-Michel, au pied de la forteresse.


L’avant-dernière soirée confirme le bon esprit et la grande qualité de cette réunion de complices, souvent de longue date, autour du triumvirat des fondateurs. Intitulée «Prague», elle ne conserve cependant plus grand-chose de tchèque – et encore, de caractère plus champêtre qu’urbain – au fil des annulations (le Quintette de Fibich mais aussi un Diptyque de Veress) et report (une œuvre de Herrmann qui n’avait pu être donnée la veille, le programme ayant été jugé trop copieux), mais elle n’en permet pas moins de voyager à travers l’Europe. Ainsi de ces Six Bagatelles (1953) de Ligeti, entre ironie stravinskienne et profondeur bartokienne, qui sont parfaitement servies par le flûtiste et le clarinettiste invitants auxquels s’associent François Meyer, Gilbert Audin – déjà à l’affiche de la première édition! – et Chezy Nir. Dans les Chansons tziganes (1880) de Dvorák, Eric Le Sage entoure avec beaucoup d’à-propos le timbre plus frais que velouté de Sunhae Im: si elle ne déploie pas une puissance considérable, la soprano coréenne fait preuve d’une belle assurance.


Connu essentiellement pour ses contributions au septième art (Hitchcock, bien sûr, mais aussi Orson Welles, Mankiewicz ou Scorsese), Bernard Herrmann (1911-1975), comme Miklós Rózsa et Nino Rota, a également eu une activité assez importante en dehors des studios. En 1967, deux ans après un quatuor à cordes (Echos), il a ainsi écrit un quintette avec clarinette intitulé (en français) Souvenirs de voyage. Les trois mouvements évoquent successivement Wenlock Edge, un escarpement pittoresque situé dans le Shropshire (ayant précédemment inspiré à Vaughan Williams un cycle de mélodies), puis les îles d’Aran et, moins en demi-teintes que les deux précédents, les aquarelles vénitiennes de Turner – on jurerait que sur la fin, Christophe Gaugué cite Harold en Italie de Berlioz. La clarinette de Paul Meyer et un quatuor d’as – outre l’altiste solo du Philhar’, le Konzertmeister du Philharmonique de Berlin (Daishin Kashimoto) et l’une de ses violonistes (Maja Avramovic) – se coulent délicieusement dans la tendresse et la nostalgie romantiques de ces pages qui ne vont certes guère au-delà de Strauss et Debussy, mais qui s’écoutent agréablement, une fois venue la nuit estivale et provençale.


La seconde partie répond presque symétriquement à la première, s’ouvrant sur des Bagatelles et se concluant sur un quintette. Accoudé à l’instrument puis assis au clavier, Frank Braley, habitué du festival depuis 1996, présente au public l’harmonium, emprunté à l’église de Lambesc (à une quinzaine de kilomètres à l’est): une description qui n’est en rien superflue, puisque ses sonorités entre orgue et accordéon n’avaient encore jamais retenti au cours des précédentes éditions. Dans les cinq Bagatelles (1878) de Dvorák, à de rares exceptions près, il est toutefois principalement dévolu au remplissage harmonique, la plupart des mélodies étant confiées à un trio de cordes où se retrouvent deux des solistes du National, Sarah Nemtanu, un rien cabotine, et Raphaël Perraud.


Dans le Quintette avec piano (1842) de Schumann, les musiciens qui accompagnaient Paul Meyer dans Herrmann en première partie retrouvent cette fois-ci Eric Le Sage, grand schumannien s’il en est, pour une interprétation pas toujours instrumentalement impeccable mais caractérisée par une respiration constante, claire et souple dès l’Allegro brillante initial (avec sa reprise), sobre et subtile dans le mouvement lent, préférant à la surcharge romantique la luminosité classique d’un Mendelssohn (Scherzo) sans pour autant manquer d’élan ou d’engagement (Finale).


Le site de Musique à l’Emperi



Simon Corley

 

 

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