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Fin de cycle

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/25/2012 -  
Béla Bartók : A fából faragott királyfi, opus 13, sz. 60: Suite – Concerto pour piano n° 3, sz. 119 – Concerto pour orchestre, sz. 116

Nikolaï Lugansky (piano)
Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction)


N. Lugansky (© Caroline Doutre/Naïve)


Philharmonique le 11 juin, Symphonique les 17 et 18, et maintenant Philharmonia: Londres ne fait pas que l’actualité monarchique et olympique. Le dernier des trois concerts que donne cette saison au Théâtre des Champs-Elysées la phalange créée par Walter Legge avec son chef principal et conseiller artistique, Esa-Pekka Salonen, conclut un cycle Bartók entamé en octobre et poursuivi en janvier. Chacune de ces soirées aura notamment permis d’entendre l’une des trois œuvres que le compositeur hongrois a destinées à la scène, mais cette ultime étape n’a pas fait salle comble – la faute au lundi, ou bien à un public dont une partie demeure effrayée par l’évocation du seul nom de Bartók, pourtant représenté ici par certaines de ses musiques les plus aisément accessibles? Dommage, car dès la Suite (1917/1924) tirée du ballet Le Prince de bois, on retrouve tout ce qui a fait le meilleur de cette série: effectif straussien (quatre harpes, six trompettes, ...) plus rutilant qu’opulent, impressionnante démonstration de coloris instrumentaux et de mise en place, direction spectaculaire, expansive et survoltée.


La présence de Nikolaï Lugansky est quelque peu inattendue, tant pour son association avec Salonen que dans ce répertoire: il abandonne un temps ses romantiques favoris pour s’attaquer au Troisième Concerto (1945). Les deux premiers mouvements laissent assez sceptique: sa précision et la séduction de son jeu forcent certes l’admiration, mais sa froideur coutumière n’est pas en phase avec un orchestre chatoyant. Tout cela finit par ressembler à une sorte de Sixième Concerto de Prokofiev, avec un jeu très articulé, dur et affirmatif, qui ferait finalement du soliste un prétendant intéressant au Deuxième voire au Premier de Bartók. Et puis vient un Finale complètement bluffant, sombre, terrifiant et enflammé, véritable course à l’abîme menée à un train d’enfer. Le chef a beau insister de façon à la fois ferme et souriante, mais Lugansky ne souhaite visiblement pas accorder de bis.


Le Concerto pour orchestre (1943) ne restera pas comme l’un des meilleurs souvenirs de ce cycle: dans cette partition que Bartók a moins méthodiquement construite que d’autres, l’approche de Salonen paraît trop séquentielle et fragmentée. Dès l’introduction lente du premier mouvement, il montre son goût pour un phrasé romantique, le rubato, le legato et l’épaisseur du trait. Pourquoi pas, sans doute, dans cette «période américaine» du compositeur, mais il devient difficile de trouver une cohérence dans cette interprétation, qui offre par exemple un «Giuoco delle coppie» moins complaisant, prestement mené par un tambour plus mat et sonore qu’à l’accoutumée, et un «Intermezzo interrotto» entre lyrisme languide et glissandi de trombones fortement soulignés. Particulièrement enlevé, le Finale fait davantage que payer son tribut à la composante virtuose inhérente au genre du concerto pour orchestre: la cohésion du Philharmonia y est certes incontestablement confirmée, nonobstant quelques petites faiblesses individuelles, mais la vitesse tend à devenir précipitation et ostentation.


Salonen et son orchestre reviendront avenue Montaigne dans près d’un an, le 10 juin avec Hélène Grimaud, dans Lutoslawski, Ravel et Stravinski, dont, précisément, ils donnent en bis, comme en janvier dernier, la dernière des quatre pièces de la Seconde Suite pour petit orchestre (1921), un «Galop» facétieux et grinçant.



Simon Corley

 

 

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