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Strictement classique

Paris
Salle Pleyel
06/18/2012 -  
Henry Purcell : Chacony à quatre pour cordes en sol mineur Z. 730 (version pour orchestre à cordes)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano et orchestre n° 23 en la majeur, K. 488
Franz Schubert : Symphonie n° 9 en do majeur, D. 944 « La Grande »

Maria João Pires (piano)
London Symphony Orchestra, Bernard Haitink (direction)


M. J. Pires


Quoi de plus normal, en un 18 juin, que de célébrer l’amitié franco-britannique? Ce soir, celle-ci prenait la forme d’un concert, le second après une première prestation associant la veille Mozart et Bruckner, donné par l’Orchestre symphonique de Londres sous la baguette de Bernard Haitink. Le public parisien connaît parfaitement la belle collaboration entre le vénérable chef néerlandais et l’orchestre pour les avoir entendus, voilà un an presque jour pour jour dans cette même salle, pour un programme Mozart/Bruckner. Le second concert de cette brève venue a de nouveau fait appel à l’enfant de Salzbourg mais le programme était cette fois-ci complété par une symphonie de Schubert.


En guise de hors-d’œuvre, le concert débutait non par une ouverture au sens propre du terme mais par une pièce assez brève de Henry Purcell (1659-1695), la Chaconne à quatre dans une version pour orchestre à cordes de toute beauté. En assez bonne forme semble-t-il, Bernard Haitink permet immédiatement aux cordes de l’orchestre de briller par leur volume, leur justesse et leur finesse. Certes, une bonne quarantaine de cordes dont quatre contrebasses donnent à ce morceau de Purcell des accents dignes de la musique de Georges Delerue dans Le Mépris ou de l’Adagio de Samuel Barber et nous éloignent considérablement de l’esthétique baroque. Mais quelle démonstration!


Démonstration de l’orchestre tout d’abord: démonstration du soliste ensuite. Ou plutôt de la soliste puisque c’est à Maria João Pires qu’échoit maintenant la tâche d’interpréter le Vingt-troisième Concerto de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). La pianiste portugaise, acclamée dès son entrée sur scène, a maintes fois joué avec l’Orchestre symphonique de Londres, que ce soit Mozart sous la direction de Bernard Haitink l’an dernier ou Beethoven sous celle de John Eliot Gardiner (voir ici et ici). Ce soir, elle donne tout simplement une leçon d’interprétation d’un des plus beaux concertos pour piano jamais composés. Chaque phrase est travaillée de telle sorte qu’elle ne joue jamais une mélodie de la même façon, trouvant toujours quelque appogiature à instaurer, quelque ralenti à effectuer, et ce avec un naturel qui frise l’évidence. De son côté, Haitink ne révolutionne en rien la partition; dirigeant un orchestre léger et précis, il appréhende ce concerto de façon très classique sans jamais chercher à lorgner du côté de l’époque baroque, privilégiant un discours à la fois clair et fluide. Evidemment très attendu, l’Adagio n’émeut pourtant que peu, la faute peut-être à une légère précipitation de la soliste, les deux autres mouvements étant pour leur part absolument parfaits, notamment un Allegro assai d’une très belle vivacité: l’ovation du public était donc, là aussi, évidente.


La «Grande» Symphonie (1825) de Franz Schubert (1797-1828) fait depuis longtemps partie des morceaux de bravoure des orchestres symphoniques; ce n’est pas un hasard si, au cours des mois récents, le public parisien a pu l’entendre dirigée aussi bien au Théâtre des Champs-Elysées par Kurt Masur avec le National qu’à Pleyel par Iván Fischer avec l’Orchestre du Festival de Budapest ou Semyon Bychkov conduisant, à la Cité de la musique, l’Orchestre de chambre d’Europe. Bernard Haitink a lui-même dirigée cette symphonie à plusieurs reprises, notamment à Chicago avec l’orchestre dont il a été principal conductor: autant dire qu’il est en terrain connu. Le résultat fut incontestablement beau (même si, dans l’Andante, on aurait souhaité hautbois plus séduisant) mais, étonnamment, la démonstration n’a pas été totale. Adoptant des tempi plutôt vifs (notamment dans les deux premiers mouvements), Haitink bénéficie d’un orchestre de très haut niveau (emmené par le premier violon solo Roman Simovic et non par le fougueux Gordan Nikolitch) qui semble en plusieurs occasions ne pas avoir tout à fait la même conception de l’œuvre. Les cordes ont ainsi tendance à parfois jouer plus rapidement que les bois qui, bénéficiant il est vrai de somptueux passages, aiment à chanter en prenant leur temps: il en résulte de menus décalages, notamment dans le dernier mouvement (Allegro vivace). En outre – mais peut-être est-ce dû à l’édition choisie – la fin de ce mouvement semble parfois flotter, Haitink parvenant sans peine à mettre tout le monde d’accord lors des dernières mesures.


Les très vifs applaudissements concluant la fin du concert saluèrent en priorité Bernard Haitink dont chaque venue est très attendue. Signalons enfin que l’Orchestre symphonique de Londres sera présent en plusieurs occasions salle Pleyel au cours de la prochaine saison, notamment pour un cycle Brahms/Szymanowski très attendu, donné sous la direction du bouillonnant Valery Gergiev.


Le site de l’Orchestre symphonique de Londres



Sébastien Gauthier

 

 

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