About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Haute volée

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/18/2012 -  et 17 juin 2012 (Schwarzenberg)
Joseph Haydn : Quatuor n° 79, opus 76 n° 5
Maurice Ravel : Quatuor
Franz Schubert : Quatuor n° 13 «Rosamunde», D. 804

Quatuor Artemis: Natalia Prishepenko, Gregor Sigl (violon), Friedemann Weigle (alto), Eckart Runge (violoncelle)


Le Quatuor Artemis (© Boris Streubel)


Quand l’un des cinq ou dix meilleurs quatuors du moment – avec, cela va sans dire, tous les guillemets de rigueur pour «meilleurs» – se produit au Théâtre des Champs-Elysées, le concert devrait se donner à guichets fermés. Tel n’est cependant pas le cas, il est vrai un lundi, pour les Artemis dans un programme pourtant copieux et stylistiquement varié, de nature à attirer un large public. Comme de coutume, la formation allemande se présente debout – à l’exception, bien sûr, du violoncelliste Eckart Runge, placé sur un petit podium – mais cette fois-ci, les deux violonistes ne permuteront pas, Natalia Prishepenko conservant tout au long de la soirée la fonction de primarius.


Ce qui frappe une nouvelle fois d’emblée, dans le Soixante-dix-neuvième Quatuor (1797) de Haydn (cinquième de l’Opus 76), c’est la cohésion des Artemis, inébranlable et irrésistible, qui se traduit à la fois par une admirable précision d’exécution, même si les deux violons ne se montrent pas toujours irréprochables, et par une étonnante capacité à relancer le discours, subitement et comme un seul homme. Très travaillée, jusqu’à des sonorités parfois fantomatiques dans le Largo cantabile e mesto, l’interprétation évite les débordements de pathos, mais n’est pas figée pour autant, notamment dans un Presto final emmené de manière particulièrement vive. Cette finesse pudique, un peu distante, ne dessert pas le Quatuor (1903) de Ravel, mais la jubilation virtuose et le mordant reprennent leurs droits dans le Scherzo et dans un Finale spectaculaire, de caractère inhabituellement fougueux et fantastique.


En seconde partie, le Quatuor Artemis a choisi le Treizième «Rosamonde» (1824) de Schubert, qu’il vient d’enregistrer pour Virgin (couplé en un double album avec les ultimes Quatorzième et Quinzième). On est fasciné peut-être davantage qu’on est touché par cette prestation de haute volée, ce contrôle minutieux de l’ensemble des paramètres, ce style plus intense qu’expressif, aux antipodes de l’apparente spontanéité des Prazák, beaucoup plus proche du refus des concessions et de la recherche d’un idéal sonore et interprétatif qui sont ceux des Emerson. Mais si les musiciens ne cessent d’impressionner par leur volonté de remettre à plat le texte, leur approche n’a rien d’analytique ou de desséché: les arêtes dramatiques n’en ressortent pas moins, avec de forts contrastes de nuances dynamiques et de brusques déferlements d’énergie. Dès lors, il n’est pas étonnant que l’urgence fiévreuse et le romantisme éperdu du Mouvement de quatuor (1820), seul achevé du Douzième Quatuor, bis obligeamment présenté dans un excellent français par Eckart Runge, trouvent une traduction idéale sous leurs archets.


Le site du Quatuor Artemis



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com