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La Flûte magique de Scarpitta

Marseille
Opéra municipal
06/06/2012 -  et 8, 10, 12, 14, 16 juin 2012
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620

Sandrine Piau (Pamina), Burcu Uyar (La reine de la Nuit), Yété Queiroz (Papagena), Eduarda Melo (Première dame), Blandine Staskiewicz (Deuxième dame), Lucie Roche (Troisième dame), Sébastien Droy (Tamino), Henk Neven (Papageno), Wojtek Smilek (Sarastro), Raphaël Brémard (Monostatos), Patrick Bolleire (Orateur, Premier prêtre, Second homme d’armes), Alain Gabriel (Second prêtre, Premier homme d’armes)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Pierre Iodice (direction), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Kenneth Montgomery (direction)
Jean-Paul Scarpitta (mise en scène, décors, costumes), Jean-Yves Courrègelongue (assistant), Anne-Claire Simar (lumières)


S. Droy, S. Piau (© Nicals Vallauri)


Comme dernier titre de sa saison, le choix de l’Opéra de Marseille s’est porté sur La Flûte enchantée en proposant la production que Jean-Paul Scarpitta avait signée (mise en scène, décors et costumes) pour l’Opéra national de Montpellier en 2007, maison dont il a pris les rênes depuis.


La liberté de jeu de cette Flûte nous a paru inépuisable et l’ingéniosité du metteur en scène n’est, de fait, jamais à court. Il place son travail sous le signe et le regard constant de l’enfance, reléguant au second plan les références métaphysiques ou maçonniques de l’ouvrage: c’est un conte de fées qu’il met en scène, et pour plus de simplicité, sans que cela nous choque personnellement, il a choisi de remplacer les dialogues en allemand par l’intervention de deux comédiens qui explicitent – voire commentent – l’action (ce qui n’a pas été du goût de certains spectateurs qui n’ont pas attendu la fin du spectacle pour manifester leur désapprobation…). Ainsi, place au théâtre, au rêve, aux tons argentés et dorés, aux clins d’ œil dont la grâce et la légèreté emportent tout, et qui ne doivent rien à l’actualité, ni aux médias, ni aux collages. Emotion d’une poésie vraie et d’une invention sans cesse renouvelée – notre rétine se souviendra longtemps du superbe lion articulé et manipulé comme une marionnette.


La distribution réunie par Maurice Xiberras est en tout point enthousiasmante. A commencer par la lumineuse Pamina de Sandrine Piau qui offre un moment de temps suspendu dans le célèbre «Ach, ich fühl’s». Avec son timbre soyeux, son phrasé raffiné et musical, sa sensibilité à fleur de peau, elle incarne la plus exquise des Pamina. La voix révèle en outre désormais une certaine ampleur, et il y fort à parier qu’elle évoluera bientôt vers des emplois plus lyriques. A ses côtés, le ténor français Sébastien Droy chante un Tamino de classe, avec un timbre qui se marie joliment avec celui de sa partenaire. Il se montre par ailleurs excellent comédien et son entrée en scène avec les fameux «Zu hilfe» est des plus convaincantes.


La soprano Burcu Uyar fait preuve d’un bel aplomb dans la Reine de la nuit. Cette chanteuse d’origine turque allie l’agilité exigée par le rôle à une réelle puissance dramatique. Elle ne ménage aucune transition et affronte son redoutable air «Der Hölle Rache» avec sûreté et maestria. Le public craque également pour le Papageno parfaitement en situation de Henk Neven, voix bien menée avec assurance et musicalité, et jeu parfaitement dans l’esprit du rôle. Il a entraîné dans son vol sa moitié de Papagena, exquise Yété Queiroz. Dommage que le Sarastro de Wojtek Smilek n’ait pas bénéficié de plus de graves face à l’excellente assise de Patrick Bolleire, qui cumulait avec aisance les parties de l’Orateur et du Premier prêtre. En Monostatos, le ténor Raphaël Brémard s’est révélé meilleur acteur que chanteur. Enfin, surprenant d’abattage, de précision et d’homogénéité s’avère l’ensemble des trois Dames (Eduarda Melo, Blandine Staskiewicz et Lucie Roche), de même que la prestation des trois Génies nous est apparue remarquable, musicalement parlant.


Quant à l’orchestre maison, il est placé sous la direction du chef britannique Kenneth Montgomery dont la lecture de l’œuvre ne manque pas d’intérêt. Adoptant des tempi plutôt vifs, il parvient à créer la tension dramatique nécessaire, en constante connivence avec le plateau, et en symbiose avec le rythme de la mise en scène.



Emmanuel Andrieu

 

 

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