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Une reprise décevante

Marseille
Opéra municipal
04/24/2012 -  et 27*, 29 avril, 2, 4 mai 2012
Giuseppe Verdi : Il trovatore

Giuseppe Gipali/Marius Vlad* (Manrico), Adina Aaron (Leonora), Elena Manistina (Azucena), Carlos Almaguer (Le Comte de Luna), Nicolas Testé (Ferrando), Carl Ghazarossian (Ruiz), Anne Rodier (Inez)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Pierre Iodice (chef de chœur), Orchestre de l‘Opéra de Marseille, Tamas Pal (direction musicale)
Charles Roubaud (mise en scène), Jean-Noël Lavesvre (décors), Katia Duflot (costumes), Marc Delamézière (lumières)


C. Almaguer, A. Aaron (© Christian Dresse)


Après avoir tourné un peu partout en France, c’est dans la cité provençale – où il a été créé en 2003 – que ce Trouvère, signé Charles Roubaud, revient à l’affiche. Pour l’avoir déjà chroniqué lors de sa reprise bordelaise il y a tout juste un an, nous ne reviendrons pas sur les mérites et les limites du travail du metteur en scène marseillais.


Si la distribution bordelaise – comme celle de 2003 à Marseille (Vladimir Galouzine et Inès Salazar dans les deux rôles principaux) – nous avait enthousiasmé, nous avouerons avoir été bien déçu par celle réunie ce soir. Il est vrai que l’institution phocéenne a payé de malchance avec le forfait, juste après la première, du ténor albanais Giuseppe Gipali qui devait chanter le rôle de Manrico (partie qu’il avait tenue avec brio l’an passé à Bordeaux ). Appelé à la rescousse, c’est son collègue roumain Marius Vlad qui a assuré la représentation de ce soir. Dire que nous avons perdu au change serait une litote, tant son jeu comme son chant nous ont paru d’un autre temps. Incapable de caractériser son personnage, semblant indifférent à ce qu’il chante comme à ce qui se passe autour de lui, il incarne un héros opposé a tout idée de romantisme, avec un timbre par ailleurs terne et un chant sans finesse ni élégance. Ne connaissant que la nuance forte, fâché avec la langue de Dante, court de souffle, il s’avère un impossible Manrico.


Alors que son Aïda in loco en 2008 nous avait enchanté, la soprano américaine Adina Aaron déçoit également en Leonora. Si elle distille quelques superbes pianissimi dans son grand air du III, «D’amor sull’ali rosee», les différents registres sont bien mal soudés ce soir et les aigus systématiquement criés à partir du si. Si le baryton Carlos Almaguer peut apparaître comme un Comte de Luna convaincant dans les premières scènes, les accents véristes qu’il confère au sublime «Il balen del suo sonriso» s’avèrent rédhibitoires. Après son électrisante Liubov dans le Mazeppa monégasque de février dernier, la mezzo russe Elena Manistina – déjà présente à Bordeaux – enchante à nouveau en Azucena. Elle est la seule à respecter la filiation belcantiste de la partition, avec des trilles et des roulades scrupuleusement exécutées. Actrice par ailleurs convaincante, elle ne sacrifie jamais la pureté du timbre, ni le contrôle de la ligne à l’intensité de la situation dramatique. Un seul mot : Bravo! Enfin, si la basse française Nicolas Testé s’impose en Ferrando, l’Inès d’Anne Rodier peine à exister.


Chef très apprécié à Marseille, le hongrois Tamas Pal s’avère la principale satisfaction de la soirée, en défendant l’ouvrage avec beaucoup de musicalité et de raffinement. Il offre une direction nuancé et sensible de la partition de Verdi, dont on apprécie autant la délicatesse et l’absence d’effets inutiles que le rythme, la respiration et les couleurs.



Emmanuel Andrieu

 

 

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