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Berlin éternel

Paris
Salle Pleyel
05/03/2012 -  et 2 mai 2012 (Wien)
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 5, opus 67
Richard Strauss : Also sprach Zarathustra, opus 30

Berliner Philharmoniker, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Richard Reinsdorf)


Quelques jours après un cycle Brahms avec le Philharmonique de Radio France, Gustavo Dudamel est déjà de retour à Pleyel, mais cette fois-ci avec le Philharmonique de Berlin pour un programme très court par ailleurs présenté la veille à Vienne. La première partie vient d’être donnée à l’occasion du traditionnel «concert européen» du 1er mai – cette année à l’Ecole d’équitation espagnole de Vienne – et la seconde à trois reprises à Berlin à la fin du mois dernier. Le tout fait moins de 70 minutes, soit certainement le rapport durée/coût le moins avantageux de la saison, au regard de places dont le prix allait jusqu’à 160 euros. Mais la salle n’en est évidemment pas moins pleine: non seulement le chef vénézuélien demeure l’un des favoris du public parisien mais les prestigieux Philharmoniker ne s’étaient pas produits dans la capitale depuis février 2010 – c’était alors avec leur directeur musical, Simon Rattle (voir ici et ici).


Depuis près d’un quart de siècle, la phalange forgée par Karajan a montré avec Abbado puis Rattle qu’elle était capable de faire preuve d’une grande flexibilité, mais il est frappant de voir comment son naturel revient au galop. Car la Cinquième Symphonie (1808) de Beethoven verse dans la caricature d’un certain style berlinois: réalisation superbe – nonobstant des cors parfois un peu hésitants – mais vaine à force de textures épaisses – avec quatre contrebasses qui sonnent comme si elles étaient trois fois plus nombreuses, on a peine à croire qu’il n’y a que quarante cordes sur scène – et de poses avantageuses. Après Gardiner, Harnoncourt et Vänskä, et sans même remonter à Weingartner, Toscanini ou Szell, une telle conception interprétative paraît diablement datée, même si Dudamel y ajoute son inimitable zeste de fougue, notamment dans le Trio du Scherzo, où il entraîne les cordes graves dans une étonnante furia fantastique, et dans un Finale échappant parfois à la grandiloquence. Mais ce second thème ralenti d’un Allegro con brio par ailleurs bien trop décoratif, où le drame est sans cesse grossièrement surligné, et, surtout, cet Andante con moto oubliant systématiquement le con moto et même souvent l’Andante renvoient à une époque qu’on croyait depuis longtemps révolue.


On retrouvera hélas les excès de cette esthétique extérieurement karajanesque dans le bis, «Le jardin féerique» qui conclut Ma Mère l’Oye (1908/1911) de Ravel, hédoniste à souhait mais pas idiomatique pour deux sous tant par sa lenteur – celle d’un «Jardin du sommeil d’amour» à la Messiaen – que par son épaisseur – avec effectif complet de cordes et vents doublés. Mais entre-temps, Ainsi parlait Zarathoustra (1896) de Strauss avait fait oublier ces errements initiaux: après une introduction très théâtrale, Dudamel tend certes à rester dans l’exagération, comme dans Beethoven, alors que cette musique n’en a pas vraiment besoin. Mais elle est portée par sa générosité communicative et la Philharmonie de Berlin, rutilante comme elle sait l’être, déploie ses sortilèges coutumiers – velouté des cordes, précision des cuivres. Rendez-vous est donc d’ores et déjà pris pour le 26 février prochain, où Rattle viendra diriger Beethoven, Dutilleux et Schumann avec Barbara Hannigan et Mitsuko Uchida.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Berlin



Simon Corley

 

 

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