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Ne rêvons pas

Paris
Salle Pleyel
04/20/2012 -  
Johannes Brahms : Symphonies n° 2, opus 73, et n° 4, opus 98

Orchestre philharmonique de Radio France, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Silvia Lelli)


Peu de temps avant une tournée avec le Philharmonique de Berlin, qui fera étape le 3 mai à Pleyel pour la soirée la plus chère de la saison si on la rapporte à sa durée (un peu plus d’une heure de musique pour des places allant jusqu’à 160 euros), Gustavo Dudamel offre deux occasions de l’entendre à moindres frais, à la tête du Philharmonique de Radio France, avec lequel il a développé une relation étroite depuis plusieurs années, dans une intégrale des Symphonies de Brahms. Pour le second volet, consacré aux symphonies paires, comme pour le premier une semaine plus tôt, pas une place de libre, bien sûr, car la perspective était stimulante: non seulement chaque concert avec le successeur de Salonen à Los Angeles promet d’être une fête, mais il paraissait intéressant d’observer son évolution dans ce grand répertoire où il n’a pas nécessairement le plus convaincu jusqu’à présent, à l’image de sa venue avec son orchestre californien en janvier 2011.


Mais si son Brahms n’est pas toujours orthodoxe, il ne fait pas de doute que le chef vénézuélien, désormais âgé de trente-et-un ans, a acquis en maturité, et pas seulement parce qu’il a domestiqué sa chevelure et ajusté son habit. Il le montre dans une Deuxième Symphonie (1877) d’une maîtrise époustouflante, à la seule réserve d’un Allegretto grazioso certes lui aussi impeccablement mis en place mais où certains gestes apparaissent trop appuyés. En revanche, les trois autres mouvements, admirablement conduits dans un flux continu, sans heurt, forcent l’admiration. C’est le cas dès l’Allegro non troppo initial (privé de sa reprise), où il concilie élégance, mordant et générosité pour installer une atmosphère idyllique par une direction d’une souplesse idéale, dépourvue d’aspérités, même s’il s’attache à bien marquer le thème en rythmes pointés. L’Adagio non troppo poursuit dans la même veine, avec des sonorités plus fondues qu’opulentes, mais sans mollesse, en particulier dans les sections en mineur. L’évolution de son style frappe dans l’Allegro con spirito conclusif: ceux qui attendaient un remake de son déjà légendaire Finale survolté de la Septième de Beethoven avec le même orchestre en octobre 2007 auront peut-être été déçus, mais l’élan solaire et dionysiaque, s’il est davantage canalisé, n’en irrigue pas moins chaque mesure.


En seconde partie, la Quatrième Symphonie (1885) s’inscrit dans le même esprit. L’Allegro initial est bien ma non troppo, plus fluide et nostalgique que passionné même si, ici encore, le thème en fanfare est bien caractérisé. L’Andante moderato, d’une douceur infinie, mais sans excès de suavité, baigne dans une poésie qui passe aussi par ses moments d’exaltation. L’Allegro giocoso constitue un intermède dynamique et lumineux, avant un Finale démesuré et hors norme, sans doute contestable par ses choix extrêmes, mais où ressort plus que jamais la filiation, souvent établie, avec Bernstein: dans un tempo d’une lenteur écrasante, il sort sans doute du cadre la musique pure, mais avec une efficacité et une énergie dramatique hors du commun, il parvient à créer une très riche variété de climats.


Le public en redemande, jusqu’à une inévitable ovation débout, et les musiciens aussi: galvanisés comme de coutume par Dudamel, particulièrement les cordes, ils frappent des pieds et refusent de se lever pour contraindre le chef à saluer: nul doute que s’ils avaient à choisir le successeur de Myung-Whun Chung... mais il faut d’autant moins rêver qu’outre Los Angeles, il exerce toujours des responsabilités à Göteborg et, bien sûr, conserve un lien fort avec l’Orchestre symphonique de la jeunesse vénézuélienne Simón Bolívar.


Le site de Gustavo Dudamel


Le concert en intégralité:






Simon Corley

 

 

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