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Brahms troisième âge

Geneva
Victoria Hall
04/18/2012 -  et 19 avril 2012
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1, opus 15
Claude Debussy : La Mer
Maurice Ravel : La Valse

Gerhard Oppitz (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Charles Dutoit (direction)


C. Dutoit (© Chris Lee)


C’est un Orchestre de la Suisse Romande en petite forme qui se trouvait sur la scène du Victoria Hall ce soir. Faut-il y voir une fatigue liée à une trop grande série de représentations du Chevalier à la rose, aux giboulées que la région connaît en ce moment ou hélas plus probablement, à ce que le soliste du concerto ne les inspire guère.


Gerhard Oppitz est un pianiste directement issu de l’école allemande: refus de toute affectation, tempi lents, décalage entre main gauche et droite... Son style évoque celui de deux «Wilhelm», Kempff ou Backhaus. La comparaison hélas doit s’arrêter ici. Oppitz n’a plus la vigueur et la force physique que demande ce concerto, écrit par un jeune homme de vingt-cinq ans. Il peine sur la partie en octaves du premier mouvement et recourt un peu trop à quelques excès de pédale. L’expression reste également en retrait par pudeur ou surtout par refus d’une expression trop théâtrale. Dans cette même salle en novembre dernier, François-René Duchâble avait l’espace d’un instant accepté de sortir de sa retraite et de reprendre le clavier pour cette même œuvre. Même si le sympathique mais modeste Orchestre de Ribeaupierre qui l’accompagnait n’avait pas l’envergure de l’OSR, il se dégageait une générosité et une humanité bien absentes de ce que nous donne Oppitz. En accompagnateur consciencieux, Charles Dutoit se met au diapason de la conception de son pianiste mais l’introduction orchestrale est prosaïque et le passage fugué du Rondo bien pataud. On peut vraiment douter que les musiciens soient convaincus par une telle approche qui gomme la modernité et le dramatisme de ce concerto et le renvoie à un autre siècle.


C’est sous un autre jour qu’orchestre et chef reviennent en seconde partie pour des œuvres qui sont plus caractéristiques de leur répertoires de base. (Signalons aux lecteurs qui ne le connaîtraient pas qu’un des plus beaux enregistrements historiques de La Mer de Claude Debussy a été réalisé en son temps par Ansermet dans cette même salle avec ce même orchestre). Le chef suisse connaît cette partition sur le bout des doigts, les bois sont bien plus éloquents avec en particulier Sarah Rumer à la flûte. Il faut regretter quelques équilibres dans «De l’aube à midi sur la mer» où les cordes et en particulier les violoncelles sont un peu trop discrets ainsi que quelques passages où le tempo est un peu raide. Mais en grand professionnel, Dutoit sait que le succès se joue en la capacité à animer avec brio les pages finales de «Dialogue du vent et de la mer».


Le chef suisse est encore plus à son aise dans La Valse de Maurice Ravel. Cette œuvre a certes été assez souvent donné par l’OSR ces dernière saisons, que ce soit par Marek Janowski ou cette saison même par le jeune Kazuki Yamada. Les musiciens nous donnent une prestation qui allie la flamboyance sonore de Yamada ainsi que la qualité de la mise en place de Janowski mais qui surtout est beaucoup plus caractérisée. Dès le premier glissando des cordes, on sent derrière l’élégance et le recours à des rythmes classiques une tension et un certain diabolisme qui vont aller qu’en s’amplifiant. Les rubatos sont subtils et la continuité du discours fait merveille. Chef, musiciens et public ont un sourire aux lèvres qui ne trompe pas.


Charles Dutoit fait partie des artistes qui seront présents la saison prochaine avec un programme qui inclura des œuvres de Berlioz, Martin et Mozart mais surtout les Tableaux d’une exposition de Moussorgski orchestrés par Ravel. Dans l’immédiat, que l’orchestre se repose et prenne des forces puisqu’il va devoir se mesurer la semaine prochaine avec le monument qu’est la Septième Symphonie «Leningrad» de Chostakovitch.



Antoine Leboyer

 

 

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