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Week-end fou Paris Salle Gaveau 04/01/2012 - Leos Janácek : Sonate pour violon et piano
Claude Debussy : Sonate n° 3 pour violon et piano
Franz Schubert : Fantaisie pour violon et piano, D. 934
Sayaka Shoji (violon), Gianluca Cascioli (piano)
S. Shoji (© Kishin Shinoyama)
Chaque automne depuis 2010, René Martin transpose pour un week-end sa «Folle journée» à Gaveau: le succès de cette formule l’a incité à doubler ce mini-festival en ce début de printemps. La copie parisienne n’a toutefois plus grand-chose à voir avec l’original nantais: une «Folle nuit» qui se décline en réalité en deux journées comprenant chacune toutes les deux heures, entre 11 heures et 19 heures, cinq récitals d’une durée d’une heure. En outre, au lieu d’une thématique, le concept de cette manifestation se limite à programmer des musiciens de l’éditeur Mirare. «Limitation» toute relative, car l’«écurie» de René Martin est de grande qualité: beaucoup de pianistes, bien sûr – Brigitte Engerer, Adam Laloum, Luis Fernando Pérez, Anne Queffélec, Zhu Xiao-Mei et les sœurs Bizjak – mais aussi le Trio Chausson, le Quatuor Modigliani, Les Violoncellistes français, le claveciniste Pierre Hantaï, l’altiste Gérard Caussé et la violoniste Sayaka Shoji (née en 1983).
Cette dernière se produit en compagnie de Gianluca Cascioli (né en 1979), sous l’œil d’un autre artiste «maison», Iddo Bar-Shai, dans un programme qui ne prend pas nécessairement dans le sens du poil le public, à dominante un peu plus familiale (et turbulente) que de coutume en ce dimanche après-midi. Dans la Sonate (1921) de Janácek, la Japonaise déploie un jeu précis et une sonorité indéniablement belle, mais trop frêle et manquant de puissance pour rendre pleinement justice aux élans rageurs et aux explosions passionnées de la partition, de telle sorte que le caractère apaisé du deuxième mouvement («Ballada») lui convient mieux. En revanche, la Sonate (1917) de Debussy, en ce lieu même où elle fut créée, convainc sans réserve: souple et fluide, plus engagée, la violoniste varie la couleur et investit le texte avec une sûreté impressionnante.
Après ces pages volontiers laconiques, voici le temps dilaté de Schubert et de sa Fantaisie en ut majeur (1827): un peu en retrait dans les longues phrases de l’Andante molto, Sayaka Shoji aborde ensuite l’Allegretto dans un tempo assez retenu. Mais au fil des variations successives de l’Andantino (dont seule la première reprise est observée) et dans l’Allegro vivace, la qualité de se prestation ne faiblit jamais. Comme dans Janácek, Gianluca Cascioli semble plus soucieux d’interpréter la musique, même si ses choix sont sans doute parfois contestables. En bis, la violoniste donne avec une grande simplicité le bref «Intermezzo» de la Troisième Sonate (1853) de Schumann, l’un des deux mouvements écrits pour la Sonate «F-A-E» (dont les deux autres furent signés Johannes Brahms et Albert Dietrich pour former ensemble une œuvre destinée à Joseph Joachim).
Le site de Sayaka Shoji
Le site de Gianluca Cascioli
Simon Corley
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