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Débuts de Manfred Honeck avec l’Orchestre de Paris

Paris
Salle Pleyel
03/21/2012 -  et 22* mars 2012
Otto Nicolai : Die lustigen Weiber von Windsor: Ouverture
Richard Strauss : Don Quixote, opus 35
Antonín Dvorák : Symphonie n°8 en sol majeur, opus 88

Truls Mørk (violoncelle), David Gaillard (alto)
Orchestre de Paris, Manfred Honeck (direction)


M. Honeck (© Jason Cohn)


Les phalanges françaises gagneraient à jouer l’Ouverture des Joyeuses commères de Windsor de Nicolai, créées en 1849 à Berlin – elles mériteraient d’ailleurs d’être représentées de ce côté du Rhin. L’Orchestre de Paris ne l’a jamais jouée et cela se sent : malgré la précision et l’énergie de Manfred Honeck, il y manque de légèreté et d’humour. L’effectif est-il trop important, le chef voit-il trop grand pour cette page souvent si mendelssohnienne ? Le compositeur du Songe d’une nuit d’été, à qui Nicolai succéda comme Kapellmeister du roi de Prusse, reste très présent dans l’évocation des mystères de la forêt.


L’orchestre se montre plus à l’aise dans le Don Quichotte de Strauss, où Truls Mørk campe un Chevalier moins épique que lyrique, parfois presque pudique dans ses élans, sans la flamboyance picaresque d’un Rostropovitch, avec des sonorités raffinées, des pianissimos subtils – beau Sancho de David Gaillard également. Le chef, de son côté, est plus sensible à la forme qu’au programme, dirigeant avant tout des Variations, dont il offre une interprétation très pensée : elles s’enchaînent ainsi tout naturellement – il s’agit, rappelons-le, de « Variations fantastiques sur un thème à un caractère chevaleresque ». Gestes à la fois souples et précis, lecture claire et sans sécheresse : voilà un Strauss classique, qui ne sacrifie pas à l’hédonisme, où la direction obtient des musiciens une belle pâte sonore, notamment du côté des cordes – perpétuant une certaine tradition, l’actuel maître de l’Orchestre de Pittsburgh, d’abord violoniste et membre de la Philharmonie de Vienne, assoit l’orchestre sur ses archets.


La Huitième de Dvorák promettait donc beaucoup. Dès l’Allegro con brio initial, elle garde sa fraîcheur, sa verve et sa sève, dans un bel équilibre des pupitres, sans excès de poids. L’Adagio révèle un très riche éventail de nuances – on n’entend pas toujours l’orchestre jouer aussi piano, la diversité des contrastes échappant au pathos. Pas d’affectation dans les rythmes dansants de l’Allegretto grazioso, souvent joué plus viennois que tchèque, trop brahmsien en un mot. Moins rigoureusement structuré que les mouvements précédents, l’Allegro ma non troppo final constitue souvent la pierre d’achoppement des interprétations : le chef autrichien le tient, jusqu’au bout, ordonnateur d’un sabbat virtuose où l’orchestre donne le meilleur de lui-même. S’il avait déjà dirigé le Philhar’, l’Orchestre de Paris l’accueillait pour la première fois : espérons qu’il reviendra.



Didier van Moere

 

 

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