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Entre voisins Geneva
Victoria Hall
03/22/2012 - et 19 (Zürich), 20 (Luzern), 21 (Bern), 28 (Paris) mars 2012
Gabriel Fauré: Pelléas et Mélisande, opus 80 (orchestration Charles Koechlin)
Camille Saint-Saëns: Concerto pour violoncelle n° 1, opus 33
Claude Debussy: Jeux
Maurice Ravel: Daphnis et Chloé, Suite n° 2
Antonio Meneses (Violoncelle)
Orchestre National de France, Danielle Gatti (Direction) 
D. Gatti (© Marco Dos Santos)
C’est à ma connaissance la première fois depuis une dizaine d’années que l’Orchestre National de France et son directeur musical Danielle Gatti se produisent à Genève. Il ne faut cependant que deux à trois heures de train pour relier soit Paris, soit Zurich dont Danielle Gatti est l’actuel directeur musical de l’Opéra et on serait ravi que ces musiciens prennent l’habitude de se rendre régulièrement en Romandie.
Même si elle est de très bon niveau, la première partie de ce concert est marquée par le manque de familiarité des musiciens avec la salle du Victoria Hall dont il faut rappeler que son acoustique ne se laisse pas facilement apprivoiser. La caractérisation de la suite de Pelleas et Mélisande de Gabriel Fauré est soignée mais ne faudrait-il pas un peu plus de couleurs dans les cordes dans le Prélude ou un peu plus de netteté dans les traits de la Fileuse mais les bois, spécialité française, sont splendides à commencer par le hautbois solo de Nora Cismondi.
L’orchestre est plus inspiré par le Premier concerto pour violoncelle de Camille Saint-Saëns. Antonio Meneses, violoncelliste d’origine brésilienne, est le régional de l’étape puisqu’il est maintenant un citoyen suisse qui enseigne au conservatoire de Berne. Sa sonorité chaude et son approche lyrique font merveille dans une œuvre où le compositeur français avait probablement en tête un modèle formel plus allemand que strictement français.
C’est un orchestre avec une splendeur sonore plus marquée que l’on retrouve dans la seconde partie dont on ne peut se dire qu’elle a probablement été l’objet de plus de répétitions dans la salle même. Les Jeux de Claude Debussy sont un chef-d’œuvre bien trop rare des salles de concerts. La raison en vient de sa grande difficulté tant au niveau rythmique qu’harmonique. Gatti et ses musiciens livrent une exécution très soignée de ce poème dansé, superbement mis en place et trouvant des couleurs orchestrales qui annoncent ce que fera plus tard un Olivier Messiaen. La Seconde Suite de Daphnis et Chloé est la pièce la plus connue de cette soirée. Elle bénéficie de la superbe prestation du flûtiste solo Philippe Pierlot dont la rondeur de sonorité est splendide. Gatti dirige des musiciens très inspirés dans une lecture dramatique dont il accélère imperceptiblement le tempo pour faire ressortir la fougue des pages finales.
Très applaudi par un public nombreux, le chef donne en bis une Ouverture de Carmen pleine de caractère, un peu tapageuse mais diablement efficace.
Antoine Leboyer
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