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Grands espaces

Lyon
Oullins (Théâtre de la Renaissance)
03/14/2012 -  et 15* mars 2012
Philippe Hurel : Espèces d’espaces (création)

Elise Chauvin (soprano), Jean Chaize (comédien)
Ensemble 2e2m: Jean-Philippe Grometto (flûte), Jean-Marc Liet (hautbois), Véronique Fèvre (clarinette), Patrice Petitdidier, Cédric Berger (cor), Alain Huteau (percussion), Pascal Contet (accordéon), Marie Friez (violon), Delphine Millour (alto), David Simpson (violoncelle), Tanguy Menez (contrebasse), Pierre Roullier (direction musicale)
Alexis Forestier (mise en scène, costumes et décor), Matthieu Ferry (création lumière), Evi Kalessis (création visuelle), La Muse en circuit (réalisation informatique musicale et diffusion sonore)




«Liberté, curiosité, modernité»: sur la couverture du programme, les trois mots en lettres capitales claquent fièrement, comme une devise, celle de «Musiques en scène». Née en 1992 sous la forme d’un festival lui-même héritier des «Nuits Musiques en scène» créées dix ans plus tôt, la manifestation lyonnaise a adopté depuis 2000 un rythme biennal. Plus de trois semaines durant, à l’image du festival Agora pour l’IRCAM, elle constitue la vitrine de Grame, «lieu de résidence d’artistes et de chercheurs, facilitant le développement et l’accès aux nouvelles lutheries électroniques et informatiques», fondé en 1982 et labellisé «centre national de création musicale» en 1996. Son cofondateur ainsi que directeur artistique et général, James Giroudon, peut, après vingt ans et quatorze éditions, en dresser un bilan quantitativement impressionnant – 300000 entrées, 1600 œuvres jouées, 300 créations, 150 commandes.


Succédant aux «artistes associés» Peter Eötvös (2008) et Kaija Saariaho (2010), Michael Jarrell est le «compositeur invité» de cette quinzième édition qui continue d’accorder la priorité aux «musiques mixtes», c’est-à-dire associant instruments traditionnels et technologies nouvelles. Du 1er au 24 mars, elle présente à Lyon mais aussi dans toute la région soixante-dix compositeurs et quarante créations en quarante-cinq concerts à entrée libre ou à un tarif le plus souvent modique (10 euros). Complétés et éclairés par des conférences, «propos d’avant-concert», classes de maître, expositions, installation et actions pédagogiques, ils sont regroupés cette année sous le thème, «Etats seconds»: ces états résultant d’une émotion artistique, bien sûr, mais aussi le recycling d’objets sonores hors de leur contexte d’origine et le second souffle de la biennale avec l’arrivée de Damien Pousset, nouveau délégué artistique.


C’est dans ce cadre que le Théâtre de la Renaissance d’Oullins accueille deux soirs successifs la création d’Espèces d’espaces. Tenter de «mettre en musique» l’ouvrage éponyme (1974) de Georges Perec constitue une gageure tout aussi folle que de le «mettre en scène», mais Philippe Hurel (né en 1955), qui a adapté lui-même le livre, et Alexis Forestier relèvent le défi de façon convaincante et, surtout, coordonnée: ils offrent en effet un spectacle sui generis de 75 minutes qui tient du théâtre musical, même si le programme parle incidemment d’opéra à propos de la partition. Par petites touches, avec ses signatures familières – ses énumérations, son amour du langage, ses embardées vers l’absurde, ses jeux littéraires, ses souvenirs mais aussi son évocation des camps où périt sa mère – l’écrivain mène dans ce «journal d’un usager de l’espace» une réflexion aussi profonde que poétique sur cette notion d’espace qui, de l’aveu même d’Hurel, «ne peut laisser insensible un compositeur – la musique traite en grande partie de l’espace», afin d’en saisir la «concrétude» qu’expriment les derniers mots, «laisser une marque, une trace, un sillon ou quelques signes».



(© M. Grefferat)


En partie préenregistré sur une bande qui comprend par ailleurs divers sons et bruitages, le texte est confié à un comédien et à une soprano, sonorisés comme le petit ensemble instrumental qui les accompagne (flûte, hautbois, clarinette, deux cors, violon, alto, violoncelle, contrebasse, accordéon, percussion). Le dispositif scénique joue lui-même avec l’espace défini par le plateau: au début, le chef de l’ensemble 2e2m, Pierre Roullier, se situe à l’avant-scène côté cour, dans la diagonale opposée à ses musiciens, dissimulés par un écran transparent. Chef et écran, comme les autres éléments du décor – portique métallique où pendent différents objets et où l’on fait aussi mine de se pendre, tableaux noirs, deux tables (d’orientation?) rectangulaires, deux tabourets – changent de place durant la représentation pour investir l’espace de manière sans cesse différente. Au fond, quelques mots et les pictogrammes ludiques de la «création visuelle» d’Eva Kalessis sont projetés sur cinq étroits panneaux verticaux accolés (et mobiles). Au fil du spectacle apparaissent également un sommier métallique, des maquettes de villes imaginaires et un buzzer artisanal servant à un cocasse quiz télévisé ponctué par une horloge parlante.


Jean Chaize et Elise Chauvin se plient à une direction d’acteur insaisissable et remarquablement variée, s’apparentant non seulement au théâtre, mais aussi à la danse, au mime ou même au cirque: il ne fait pas de doute que la démarche très inventive de Forestier et la musique à la fois souple et vive d’Hurel, se mettant au diapason perequien avec des clins d’œil à la chanson réaliste ou à La Marseillaise, leur doivent beaucoup.


Le site de la biennale «Musiques en scène»
Le site de Grame
Le site de Philippe Hurel
Le site d’Evi Kalessis
Le site de l’Ensemble 2e2m



Simon Corley

 

 

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