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Une ondine dans la ville

Bruxelles
La Monnaie
03/06/2012 -  et 7, 8, 9, 11*, 13, 14, 15, 16 mars 2012
Antonín Dvorák : Rusalka, opus 114
Myrtò Papatanasiu*/Tatiana Monogarova (Rusalka), Pavel Cernoch*/L’udovít Ludha (Prince), Anda-Louise Bogza/Annalena Persson* (Princesse étrangère), Willard White*, Frode Olsen (Vodník), Renée Morloc*/Carole Wilson (Jezibaba), Julian Hubbard (Chasseur, Prêtre), Ekaterina Isachenko (Première nymphe des bois), YoungHee Kim (Deuxième nymphe des bois), Nona Javakhidze (Troisième nymphe des bois), André Grégoire (Boucher), Marc Coulon (Policier)
Chœurs de la Monnaie, Richard Lewis (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Adám Fischer/Richard Lewis* (direction)
Stefan Herheim (mise en scène), Heike Scheele (décors), Gesine Völlm (costumes), Wolfgang Göbbel (éclairages), fettFilm Berlin (vidéo)




La Monnaie reprend la production de Rusalka (1901) de Dvorák à l’affiche en décembre 2008. Mêlant réalisme et fantaisie, les décors de Heike Scheele impressionnent toujours autant. L’action se tient dans le quartier d’une ville reconstitué avec un réalisme décidément saisissant, au point de faire entendre le son d’une sirène et d’une rame de métro avant l’Ouverture. Les façades se détachent, comme celle du bar (baptisé tantôt «Lunatic», tantôt «Solaris»), permutent, se soulèvent (pour dévoiler une chambre à coucher) ou se transforment purement et simplement : l’entrée de la station de métro laisse place à un magasin de fleurs, le commerce côté cour devient sex-shop, boutique de robes de mariée, boucherie.


Wolfgang Göbbel illumine la scène de magnifiques teintes bleues tandis que la vidéo suggère efficacement l’univers aquatique du troisième acte. Les costumes apportent une touche de fantastique – étranges créatures aquatiques – et d’insolence, comme ceux de ces dames métamorphosées en filles de joie peu appétissantes, fausse poitrine (pendante) dénudée et fausses fesses callipyges exhibées sans complexe. Comptant parmi ces metteurs en scène tant craints qu’admirés, Stefan Herheim ne caresse pas le public dans le sens du poil mais ne s’égare pas dans la vulgarité gratuite. Il ne sent pas obligé d’employer, par exemple, ces lavabos ou ces cuvettes de WC qu’imposent tant de fois ces scénographies prétendument modernes, de sorte que cette Rusalka comporte bel et bien sa part de poésie. Le Norvégien assume jusqu’au bout son postulat de départ – l’ondine est une prostituée – et règle avec précision sa direction d’acteur. Qu’il suscite l’adhésion ou le rejet, bien que le public ne manifeste aucune hostilité à son égard, le résultat témoigne d’un talent accompli.



(© Sébastien Forthomme)


Adám Fischer et Richard Lewis (pour trois représentations) reprennent du service à la tête de l’Orchestre symphonique de la Monnaie qui traduit le souffle, la densité et le pouvoir d’évocation de cette œuvre magnifique sans toutefois garantir une clarté optimale et une sonorité constamment somptueuse. Débutant dans le rôle-titre en alternance avec Tatiana Monogarova, Myrtò Papatanasiu signe une prestation remarquable – prestance, timbre – mais, trop raide et surveillé, le « Chant à la lune » constitue une relative déception. L’attention se focalise sur l’Esprit du lac incarné avec éloquence et émotion par Willard White qu’il est toujours agréable de retrouver à la Monnaie et dont le chant sombre, profond et posé convient à merveille. Pavel Cernoch (le Prince) et Annalena Persson (la Princesse étrangère) assurent une prestation solidement ficelée tandis que Renée Morloc marque de son empreinte le personnage de Jezibaba. Le reste de la distribution reste à peu près identique à celle mobilisée en 2008, ce qui permet de réentendre sans déplaisir Julian Hubbard, qui endosse la panoplie du parfait hippie pour le Chasseur, ainsi que YoungHee Kim et Nona Javakhidze qui interprètent deux des trois nymphes des bois.



Sébastien Foucart

 

 

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