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On a marché sur la lune

Paris
Théâtre Mouffetard
03/07/2012 -  et 8*, 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 18, 21, 22, 23, 24, 25, 28, 29, 30, 31 mars, 1er, 4, 5, 6, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 15, 18, 19, 20, 21 avril 2012
Joseph Haydn : Il Mondo della Luna, Hob.XVIII.7

Charlotte Dellion (Clarice), Cecil Gallois (Ecclitico), François Rougier (Cecco), Guilhem Souyri (Buonafede), Anna Reinhold*/Pauline Sabatier (Lisetta)
Camille Delaforge (pianoforte et direction musicale)
Alexandra Lacroix (mise en scène et scénographie), Romain de Lagarde (lumières), Martin Fouilleul, Olivier Rosset (création sonore), Aline Ehrsam (costumes)




Parents pauvres du catalogue de Haydn, ses opéras bénéficient d’un regain de faveur cette saison, et ce sans lien avec le moindre «anniversaire»: quelques jours avant une production très attendue d’Orlando paladino que le Châtelet a confiée à Jean-Christophe Spinosi et Kamel Ouali, c’est, comme Lo speziale depuis le début de l’année au Théâtre Artistic Athévains, un dramma giocoso inspiré de Goldoni qui est à l’affiche pour une trentaine de représentations, cette fois-ci au Théâtre Mouffetard.


Le Monde de la Lune (1777) comprend la plupart des figures obligées du théâtre vénitien du XVIIIe: un barbon, ses deux filles, sa servante et trois lascars (un chevalier, son serviteur et un pseudo-astronome) bien décidés à parvenir à leurs fins, c’est-à-dire un triple mariage et une double captation de dot, au prix d’un stratagème. Davantage que le dénouement très prévisible de l’intrigue, c’est ce stratagème qui fait toute l’originalité du livret: abusant de la crédulité du vieux Buonafede, les conspirateurs lui font croire qu’il a été transporté sur la Lune, où ils parviendront plus facilement à leurs fins pour le contraindre à consentir aux trois unions. Derrière les conventions de la comédie italienne percent toutefois le persiflage social et la fable morale, qui n’est autre que celle du mythe platonicien de la caverne: le sage doit aller au-delà des apparences pour découvrir la vérité.


A l’image de Lo speziale, où les parties d’orchestre étaient réduites à un sextuor instrumental, la production de la Compagnie Manque Pas d’Airs se limite au seul pianoforte. Surtout, l’action est resserrée autour d’un nombre plus réduit de protagonistes: les deux filles du barbon, d’une part, le charlatan et le chevalier, d’autre part, sont respectivement réunis en un seul personnage.



G. Souyri, C. Gallois (© Accent tonique)


Metteur en scène et scénographe, Alexandra Lacroix a pris un parti à la fois cohérent et amusant: la transposition chronologique en cette fin des années 1960 où l’Homme a posé le pied sur la Lune. Avec les costumes d’Aline Ehrsam – pull jacquard sans manches, polo à rayures, gilet de laine, pattes d’eph – et la «création sonore» de Martin Fouilleul et Olivier Rosset – voix de Neil Armstrong, grésillements radio, sifflement divers –, c’est un véritable conservatoire de la technologie et de l’art de vivre de cette époque en même temps qu’un bain de jouvence pour ceux qui ont un tant soit peu connu cette époque au futurisme optimiste: meubles en éléments cubiques modulables, prolifération de petits écrans, Remington électrique, magazine de charme Lui, synthétiseur poussif, tabouret tam-tam orange, ... Sur la petite scène, large mais d’ouverture étroite en hauteur, même si elle suffit à installer un surtitrage (non exempt de scories), les surprises viennent moins de la direction d’acteurs que d’astuces divertissantes, comme ce rideau sur lequel se découpent les ombres des femmes qui prennent successivement leur douche ou cette transformation du son en temps réel pour accompagner la montée vers la Lune à la fin du premier acte.


Pour ce qui est de l’exécution, la musicalité l’emporte sur la précision, en particulier pour l’accompagnement et les voix masculines, mais cette grosse heure et demie (sans entracte) passe cependant fort agréablement grâce aux excellentes prestations d’Anna Reinhold en Lisetta et, plus encore, de Charlotte Dellion en Clarice.


Le site du Théâtre Mouffetard
Le site de la Compagnie Manque Pas d’Airs



Simon Corley

 

 

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