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Magistral et souverain

Paris
Salle Pleyel
03/03/2012 -  et 24 février 2012 (Amsterdam)
Ludwig van Beethoven : Ouverture «Leonore III», opus 72c – Symphonies n° 4, opus 60, et n° 7, opus 92
Chamber Orchestra of Europe, Bernard Haitink (direction)


B. Haitink (© Prisca Ketterer)


Si les formations symphoniques associant des musiciens d’élite aux carrières par ailleurs fort riches sont désormais fort nombreuses, l’Orchestre de chambre d’Europe, fondé en 1981, a fait figure de pionnier dans cette voie d’excellence. Pour tenter d’approcher la continuité dont jouissent par définition les phalanges permanentes, il s’attache à nouer des collaborations durables avec certaines personnalités: ce fut le cas avec des chefs tels que Claudio Abbado et Nikolaus Harnoncourt, dès les premières années, et, désormais, avec Vladimir Jurowski, Yannick Nézet-Séguin et András Schiff.


Et le cycle Beethoven confié à Bernard Haitink, étalé sur deux saisons et présenté à Amsterdam ainsi qu’à Paris, constitue également un projet de longue haleine. Après un premier programme en partie concertant la veille, la deuxième des trois soirées de cette seconde partie du cycle est parfaitement homogène, l’Ouverture «Léonore III» (1806) précédant deux symphonies, la Quatrième (1806) et la Septième (1812).


Octogénaire, le chef néerlandais n’est pas homme à se contenter de la routine que lui autoriseraient tant son expérience que sa popularité. Au contraire, comme pour son intégrale avec l’Orchestre symphonique de Londres il y a quelques années (voir ici), il montre clairement qu’il n’est pas demeuré à l’écart de l’évolution des styles d’interprétation depuis un demi-siècle: précision, franchise et même parfois violence des attaques, effectif réduit (39 cordes) avec une certaine prépondérance des vents, tempi rapides (qui permettent d’apprécier la virtuosité et la cohésion de l’orchestre) – coda de Leonore III, finale de la Septième –, c’est un Beethoven révolutionnaire et héroïque qu’il impose.


Mais il n’y a rien d’univoque, tant s’en faut, sous la baguette de Haitink, musicien toujours soucieux de mesure et d’équilibre – le clin d’œil à Mozart est évident dans un très alerte Finale de la Quatrième, la musique chante quand il le faut, les introductions lentes sont soigneusement pesées. Car il reste fidèle à son humilité face au texte (jusqu’au respect des reprises) et à sa volonté de faire de la musique pure, qui ne se révèlent pas incompatibles avec des effets dramatiques ou avec un véritable sens de la narration (Léonore III). Et si l’allure est parfois rapide, jusque dans les mouvements lents (de la Quatrième et, dans une moindre mesure, de la Septième, cependant pas vraiment Allegretto conformément à une certaine tradition), le tempo s’autorise quelques fluctuations moins allantes, l’ensemble paraissant alors animé davantage par la vigueur que par l’élan.


Magistral et souverain ou, pour recourir à une distinction aussi commode que rebattue, plus apollinien que dionysiaque, ce Beethoven de référence – ne serait-ce que par son excellence instrumentale (même si la sonorité d’ensemble n’est pas aussi typée que celle de Vienne, Amsterdam ou Leipzig) – n’est pas suspect de la moindre faute de goût. Mais il suscite peut-être plus d’admiration que d’enthousiasme, n’apportant pas de révélations fracassantes sur les partitions et livrant une synthèse ménageant la chèvre et le chou, dépourvue de contrastes très marqués, à l’image de la relative modération du Presto de la Septième, qui alterne avec un Trio à peine ralenti. Sans toutefois jamais perdre de vue qu’on se situe ici à un rare niveau de perfection.



Simon Corley

 

 

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