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Marionnettes lyriques

Clermont-Ferrand
Théâtre du Polydôme
02/08/2012 -  et 17 (Lempdes), 25 (Echirolles) novembre, 16 décembre (Volvic) 2011, 8 (Yzeure), 20 (Montluçon) janvier, 9* (Clermont-Ferrand), 21, 22 (Besançon) février, 6 mars (Ambert), 3 mai (Le Puy-en-Velay) 2012
Engelbert Humperdinck : Hänsel und Gretel

Magali Paliès (Hänsel), Alice Gulipian (Gretel), Matthieu Lécroart (Le père), Jeanne-Marie Lévy (La mère, La sorcière), Ainhoa Zuazua Rubira (Le marchand de sable, La fée), Dinaïg Stall, Cécile Vitrant, Simon Fiasse, Antoine Turchi (acteurs manipulateurs)
Olivier Besnard, Philippe Marty (piano)
Johanny Bert (mise en scène et lumières), Judith Dubois (formes marionnettiques), Véronique Henriot, Charlotte Richard (costumes), Frank Aracil (décors)


(© Jean-Louis Fernandez)


Créé en 1983, le Centre Lyrique Clermont-Auvergne offre depuis 1997 aux clermontois – mais en rayonnant aussi dans de nombreuses autres villes du Massif central – une saison lyrique avec six ou sept titres par an, dont en général deux productions «maison», les autres étant «importées». Cette année, c’est le conte musical Hansel et Gretel d’Engelbert Humperdinck qui a été retenu pour ouvrir la saison 2011-2012, dans une mise en scène aussi inventive que poétique, signée par le jeune et talentueux Johanny Bert.


Les handicaps étaient a priori nombreux pour monter un tel ouvrage, ne laissant présager de jugement possible que sur la pureté des intentions, du fait notamment de la réduction de l’imposant orchestre «wagnérien» en une simple version pour piano à quatre mains – la partition de Humperdinck exige en effet un large orchestre symphonique dans la tradition allemande de la fin du XIXe siècle, avec un vaste pupitre de bois, des cuivres imposants, des cordes nombreuses et une ribambelle de percussions. De même, l’ouvrage du compositeur allemand est considéré comme une gageure par nombre de chanteurs lyriques. Inspiré du «drame en musique» cher à Wagner, il exige en effet de la part des interprètes d’excellentes qualités vocales pour faire justice à l’intrigue, tout en exprimant une grande diversité d’émotions.


Crions le bien fort, c’est haut la main que handicaps et gageures ont été surmontés, en premier lieu grâce au travail à la fois efficace, intelligent et sensible du tout nouveau directeur du CDN de Montluçon, Johanny Bert. Remarqué la saison passée pour avoir monté un Phi-Phi qui a reçu le prix de la meilleure création d’éléments scéniques décerné par le Syndicat professionnel de la critique, le metteur en scène s’est une nouvelle fois servi de la forme marionnettique, qui est la base de son original travail. C’est ainsi que durant une grande partie du spectacle, quatre acteurs partagent la scène avec les chanteurs, manipulant à vue des marionnettes qui miment l’action théâtrale ou viennent la prolonger. La scène, quasi nue et souvent plongée dans l’obscurité, se veut aussi – selon les notes d’intention de Bert – une «boîte fantasmatique» où viennent s’inscrire «en contrepoint du conte» les «propres souvenirs d’enfance et peurs des adultes».


Dans cette même optique, à trois ou quatre reprises, en intermède entre deux scènes, des artistes de la production viennent raconter un souvenir drôle et cocasse de leur propre enfance. Un moment d’anthologie survient au troisième tableau, où le lever de rideau provoque pour moitié des rires, pour autre moitié des manifestations réprobatrices. On y voit des nouveaux nés, plus proches visuellement de fœtus, griller dans des mini-fours, puisque c’est le régal de la sorcière... Savoureux! Un regret, le final est raté, le superbe chœur «Die Hexerei ist nun vorbei» passant à l’as avec toute la scène de libération des bambins retenus prisonniers du fait... de l’absence d’un chœur d’enfants. Du coup, les spectateurs qui ne connaissent pas bien l’histoire sont complètement perdus. Dommage!


Musicalement, le compte n’y est pas tout à fait non plus, et ce malgré le talent des deux pianistes conviés – Olivier Besnard et Philippe Marty. L’arrangement choisi ne saurait, en effet, rendre toute la somptuosité de l’orchestration, atout pourtant majeur de la partition. De son côté, la distribution vocale a les vertus de la jeunesse. Dans les deux rôles-titres, Magali Paliès et Alice Gulupian sont remarquables d’aisance vocale et de naturel, bien accordées par les timbres. Les deux jeunes chanteuses françaises ont, en outre, des âges et des physiques tels qu’elles peuvent camper, sans aucun ridicule, des enfants. On retiendra en premier lieu la Gretel vive et ardente de la soprano, aussitôt suivi par le Hansel un peu plus gauche, mais de belle couleur vocale, de la mezzo. Le rôle du père est tenu avec beaucoup de bonhomie par l’excellent Matthieu Lécroart. Le chanteur français nous gratifie de son superbe baryton et de ses habituels (et fabuleux!) dons de comédien. Dans le double rôle de la mère et de la sorcière, Jeanne-Marie Lévy fait tout d’abord preuve d’une touchante humanité puis d’un irrésistible abattage théâtral. La mezzo stéphanoise, toujours bien chantante, est surtout loin de l’usure vocale et du poitrinage excessif qu’on trouve ordinairement dans cette partie. Dans un autre double rôle (celui du marchand de sable et de la fée), la soprano basque Ainhoa Zuazua Rubira fait, quant à elle, très forte impression sur l’auditoire, avec ses impressionnants moyens de soprano lyrico-dramatique. Remarquable actrice, elle incarne ses deux personnages avec beaucoup d’originalité et de relief.


Après avoir tourné un peu partout dans le Massif central (Lempdes, Montluçon, Volvic...), cette magnifique production ira «s’excentrer» à Besançon avant de revenir dans la région pour deux dernières représentations. Une séance de rattrapage est donc encore possible: c’est à la Maison des jeunes d’Ambert le 6 avril ou au Théâtre du Puy-en-Velay le 3 mai!



Emmanuel Andrieu

 

 

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