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Rêve ou réalité?

Geneva
Grand Théâtre
02/24/2012 -  et 26, 28* février, 1er, 3, 5 mars 2012
Bohuslav Martinů: Juliette ou la Clé des songes, H. 253
Natalyia Kovalova (Juliette), Steve Davislim (Michel), Emilio Pons (Le Commissaire/Le Facteur), Marc Scoffoni (L'Homme au casque/Bagnard/Le Marchand de souvenirs), Richard Wiegold (L'Homme à la fenêtre/Le Mendiant/Le Petit Vieux), Léa Pasquel (Le Petit Arabe/Premier Monsieur/Le Chasseur), Khachik Matevosyan (Le Vieil Arabe/Le Vieux Matelot), Jeannette Fischer (La Marchande d'oiseaux/La Vieille Dame/Le Chiromancien), Doris Lamprecht (La Marchande de poissons/La Petite Vieille), Sophie Gordeladze (Deuxième Monsieur), Mi-Young Kim (Troisième Monsieur), René Schirrer (Le Père La jeunesse), Fabrice Farina (Le Jeune Matelot/L'Employé), Arturo Craeva (Le Gardien de nuit), Iana Iliev, Victoria Martynenko, Cristiana Presutti, Dominique Cherpillod, Vanessa Beck-Hurst, Mariana Vassileva (Six femmes)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (direction), Orchestre de la Suisse Romande, Jirí Belohlávek (direction musicale)
Richard Jones (mise en scène), Philippe Giraudeau (reprise de la mise en scène et chorégraphie), Antony McDonald (décors et costumes), Matthew Richardson (lumières), Marc Anrochte (reprise des lumières)
Production de l'Opéra national de Paris


(© GTG/Yunus Durukan)


«Nous n'avons pas tout oublié, pas tout perdu. Il y a des souvenirs dans mon accordéon et quand je le presse, je les vois qui sortent.» La phrase est extraite d'une pièce de l'auteur surréaliste français Georges Neveux – Juliette ou la Clé des songes (1927) – dont s'est inspiré Bohuslav Martinů pour composer un opéra du même nom. Sur le plateau du Grand Théâtre de Genève, un accordéon géant, tantôt debout, tantôt couché, sert de fil de rouge au spectacle, acclamé lors de sa création au Palais Garnier en novembre 2002. Près de dix ans plus tard, la production n'a rien perdu de sa poésie et de sa force suggestive et restera à n'en pas douter comme l'un des temps forts de la saison genevoise 2011-2012.


Créée en 1938 à Prague avec grand succès, Juliette ou la Clé des songes narre les péripéties d'un commis-voyageur, Michel, qui part à la recherche d'une jeune fille, Juliette, trois ans après l'avoir aperçue dans une petite ville du sud de la France. Mais les habitants de la ville ont perdu la mémoire et Michel, privé peu à peu de tous ses repères, commence à douter. A-t-il réellement rencontré Juliette ou est-il prisonnier de son subconscient, à force d'avoir trop cru en une chimère? Ira-t-il jusqu'au bout de son rêve ou préférera-t-il le confort de la réalité? Axé sur la double question du souvenir et du rêve, l'ouvrage regorge de situations cocasses et absurdes, mais aussi de passages d'une rare subtilité et de moments de grande poésie et de lyrisme exacerbé. Les superbes décors d'Antony McDonald renforcent le caractère onirique de l'œuvre, avec l'accordéon qui fait office d'instrument du souvenir et qui se transforme au fur et à mesure de l'avancement de l'intrigue, d'abord pour figurer un immeuble, puis pour encadrer une forêt et finalement pour servir de décor à un «bureau des rêves». La magie est rehaussée par les magnifiques éclairages bleutés de Matthew Richardson, repris par Marc Anrochte. Autour de l'accordéon gravite une ribambelle de personnages les uns plus surréalistes que les autres, et dont les mouvements sont réglés avec finesse et précision. Les deux rôles principaux sont interprétés par la soprano Natalyia Kovalova et le ténor Steve Davislim, tous deux à la diction française impeccable et à la forte présence scénique. En grande forme, l'Orchestre de la Suisse Romande est dirigé de main de maître par Jirí Belohlávek. On ne peut que regretter que de nombreux spectateurs aient quitté le théâtre après chacun des deux entractes. Décidément, le public lyrique ne fait guère preuve de curiosité. Dommage.



Claudio Poloni

 

 

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