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De la digestion à l’opéra

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/13/2012 -  et 15, 17, 19, 21*, 23 février 2012
Gaetano Donizetti : Don Pasquale

Alessandro Corbelli/Lorenzo Regazzo* (Don Pasquale), Desirée Rancatore (Norina), Gabriele Viviani (Dr Malatesta), Francesco Demuro (Ernesto), Richard Tronc (Le notaire), Stéphane Butet, Laurent Podalydès, Jacques Tresse (Figurants)
Chœur de Radio France, Nathalie Steinberg (chef de chœur), Orchestre national de France, Enrique Mazzola (direction musicale)
Denis Podalydès (mise en scène), Eric Ruf (scénographie), Christian Lacroix (costumes), Emmanuel Bourdieu (dramaturgie), Cécile Bon (chorégraphie), Stéphanie Daniel (lumières)


(© Vincent Pontet/Wikispectacle)


La nouvelle production de Don Pasquale au Théâtre des Champs Elysées réunit les paradoxes. Alors que le public présent manifeste, à la fin de la soirée, sa bruyante satisfaction, les sièges restés déserts ne sont pas rares. Les étudiants, qui bénéficient d’un tarif très avantageux, ne se sont pas laissé prier pour combler la salle, qui plus est à des rangs d’ordinaire confiés à des cheveux à la teinte plus proche de l’albâtre. Ce sont d’ailleurs les deux tranches d’âge qui composent la majeure partie du public bienveillant de ce soir – les vacances scolaires ont fait migrer les familles parisiennes. On l’a d’ailleurs soigneusement bercé avec un système de caléfaction poussé à son maximum. C’est qu’il serait dommage que les zibelines et les baskets s’enrhument. Mieux vaut un public qui somnole qu’un public qui tousse – même si des expectorations sourdent çà et là.


Et le travail que Denis Podalydès sur l’opéra-bouffe de Donizetti favorise ce doux assoupissement vespéral, qui conclut une dure journée de labeur. Le sociétaire de la Comédie-Française était pourtant tout à son affaire dans un ouvrage qui reprend l’éternel sujet du barbon amoureux – ce n’est pas messire Poquelin qui nous contredira. La transposition de l’intrigue dans l’Italie des années 1950 fait vaguement songer à Pelly (la camionnette de Dulcamara dans L’elisir d’amore), et la touche de mélancolie du cinéma péninsulaire de cette période, révèle celle, sous-jacente, de l’opéra. Mais la fourgonnette grise qui tient lieu de domicile à Don Pasquale, quincailler en éclairage pour Eric Ruf, est tout aussi migrante pour la mémoire que pour les personnages, et ne se substitue pas aux souvenirs de productions précédemment vues, qui elles-mêmes n’étaient pas inoubliables. La direction d’acteurs a cependant le mérite de ne point obérer l’intelligibilité de l’intrigue. Le spectacle présente l’avantage d’être digeste – c’est au demeurant tout ce que demande le peuple ici rassemblé, n’est-ce pas?


Sonorités et cohérence inégales, l’Orchestre national de France ne se montre pas toujours à son meilleur, sous la baguette vive et semble t-il musicologiquement informée d’Enrique Mazzola. On se console avec le plateau vocal – très resserré ici, c’est d’ailleurs l’une des force de la partition de Donizetti. Pas avec Lorenzo Regazzo, toutefois, qui prend le relais d’Alessandro Corbelli pour les deux dernières représentations – et nous fait regretter l’adversité de notre agenda. Immédiatement reconnaissable avec ses graves charbonneux et son timbre grisâtre, la basse italienne accentue le ridicule du personnage de Don Pasquale, et manque un peu de bedaine pour la gonfler sans placer ses hanches en position parturiente. Longuement applaudie, Desirée Rancatore insuffle une pétulance fort agréable dans le rôle de Norina, portée par des aigus souverains et une remarquable clarté dans l’émission. On en redemanderait. Gabriele Viviani ne démérite point non plus en Malatesta, baryton toujours bien timbré, et presque méphistophélique à ses moments. Francesco Demuro, incarne un Ernesto juvénile, mais laisse une trace inconstante dans la mémoire – on retiendra au moins son air ouvrant le second acte, et surtout le solo de trompette qui l’accompagne. Quant à Richard Tronc, le notaire, il s’en tient à son rôle de figuration anecdotique. On ne s’attardera pas sur celle des trois comédiens, ni sur le Chœur de Radio France, convenable sans être mémorable.



Gilles Charlassier

 

 

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