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La bonne étoile de Wolfram

Toulouse
Théâtre du Capitole
10/05/2000 -  Du 5 au 20 octobre 2000
Richard WAGNER : Tannhäuser
Robert Gambill/Peter Svensson (Tannhäuser) ; Linda Watson/Margaret Jane Wray (Elisabeth) ; Ludovic Tézier/Ralf Lukas (Wolfram) ; Nadja Michael (Venus) ; Alfred Muff/Hans Tschammer (Hermann) ; Christer Bladin (Walther) ; Ekkehard Wlaschiha (Biterolf)
Orchestre et chœurs du Capitole, Pinchas Steinberg (direction) ; Hans Hollmann (mise en scène)

La nouvelle saison du Théâtre du Capitole s’ouvre sous le signe de Wagner avec cette reprise d’un spectacle de l’opéra de Düsseldorf, en attendant l’Or du Rhin mis en scène par Nicolas Joël qui, on l’espère, prolongera le succès de sa Walküre.

Difficile à défendre par son statisme et un discours plus philosophique que théâtral, Tannhäuser est une gageure pour tout metteur en scène. Comment, en effet, rendre vivant un drame sans action véritable, où Wagner revient, après l’échec du Vaisseau fantôme, à une forme plus traditionnelle dont le découpage contrarie la marche dramatique?

Très différente des conceptions scéniques défendues dans Wagner par Nicolas Joël, cette production est marquée par un souci manifeste de sobriété qui passe par une direction d’acteur épurée -pour ne pas dire parfois absente- et l’utilisation d’un décor plus fonctionnel qu’esthétique, sorte d’échafaudage métallique sur fond gris, avec, comme seul accessoire, un fauteuil au milieu de la scène. Malgré certains moments réussis, comme l’étrange mais finalement intéressante apparition souterraine d’une Venus haute de plus de deux mètres -en fait jugée sur un tonneau caché par les plis de la robe- ou le retour d’un Tannhäuser à la fois épuisé et aigri, la mise en scène, dans son ensemble, manque de vie et peine à soutenir l’attention, les personnages, surtout les troubadours, apparaissant insuffisamment personnalisés. De plus, certains effets, comme la projection sur un rideau de tulle à l’avant-scène du visage totalement inexpressif de Tannhäuser, apparaissent franchement ratés. En fait, hormis quelques gadgets de costumes ou d’éclairages, rien de plus traditionnel que ce spectacle où chacun se contente de bouger plus ou moins selon sa conviction à défendre son rôle.

De la conviction, Peter Gambill semble ne pas en manquer, en tant qu’acteur en tout cas. Il campe un héros fier et ombrageux, révolté, en proie à des passions impérieuses. Mais cet engagement ne peut masquer une voix à l’émission déficiente et engorgée, au timbre voilé, à l’aigu tendu. Déjà épuisé par ses nuits d’amour avec la déesse, il revient défait de Rome, défigurant son Récit par des intonations traînantes et laides. S’il arrive au bout de l’œuvre sans dommage trop grave, ce chanteur provoque plus une gêne inquiète qu’un véritable plaisir auditif. Le contraste est d’autant plus fort avec le Walther de Christer Bladin, certes d’un format tout différent, qui fait valoir un timbre aussi clair et plein que celui de Gambill est forcé.
Si la Sieglinde de Margaret Jane Wray avait suscité de sérieuses réserves, on peut par contre globalement apprécier son Elisabeth. Malgré un timbre toujours un peu agressif, elle domine mieux ses moyens, la nuance lui seyant mieux que l’éclat, où sa voix parfois dérape.
Venus bien générique de Nadja Michael, mezzo vibrante au timbre mûr, au chant guère marquant.
Le reste de la distribution, épisodique, n’appelle guère de commentaire bien particulier, et si l’on est heureux de découvrir un bon Hermann en Alfred Muff, il est bien triste d’entendre Ekkehard Wlaschiha dans un tel état de délabrement. Naguère Alberich d’importance, il paraît aujourd’hui paraît bien incapable d’émettre un son juste avec sa voix en lambeaux.
Ludovic Tézier domine sans conteste le plateau vocal. Voix parfaitement conduite, timbre chaleureux, physique de jeune premier romantique, il est le seul à maîtriser parfaitement son rôle et incarne un troubadour plein de retenue et de noblesse. Après tant de louanges déjà décernées ici, l’on peut tout juste ajouter qu’il n’a pas déçu les attentes de ses admirateurs, toujours plus nombreux.
Après avoir écrit beaucoup de mal de sa Walküre, force est de s’incliner devant le travail du chef israélien Pinchas Steinberg. Sa direction, vive et dramatique, a donné une énergie décoiffante à la musique de Wagner, et l’orchestre du Capitole a rarement aussi bien sonné au théâtre. Nous retrouverons avec impatience ce chef cette saison dans L’Or du Rhin et bientôt dans Les Maîtres chanteurs et Siegfried.

Bilan général plutôt satisfaisant, donc,et qui, malgré quelques réserves, augure bien de la politique wagnérienne de Nicolas Joël, en espérant toutefois que les distributions futures se ressentiront moins de la pénurie actuelle en grandes voix pour ce répertoire.



Laurent Marty

 

 

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