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Carnaval francilien Paris Maisons-Laffitte (Salle Malesherbes) 02/10/2012 - et 5 (Bonneuil-sur-Marne), 7 (Courbevoie), 8 (Paris), 10 (Cachan) février 2012 Gabriel Fauré : Masques et Bergamasques (Suite), opus 112
Darius Milhaud : Le Carnaval d’Aix, opus 83b
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 17, K. 453
Georges Bizet : Symphonie en ut
Eric Le Sage (piano)
Orchestre national d’Ile-de-France, Paul Meyer (direction)
P. Meyer
Jusqu’au mardi gras (le 21 février cette année), c’est encore le temps du carnaval: sous ce titre, le programme de l’Orchestre national d’Ile-de-France donné à cinq reprises à Paris et dans la région suscitait notamment l’intérêt par trois œuvres peu souvent jouées, mais en raison du remplacement, pour raisons de santé, d’Alberto Veronesi par Paul Meyer, elles ne sont plus que deux, regroupées dans une brève première partie. Masques et Bergamasques (1919) change un peu de Pelléas et Mélisande, une des autres musiques de scène de Fauré (mais à quand le remarquable Shylock?). L’acoustique mate et l’étroite ouverture de scène (particulièrement en hauteur) de la salle Malesherbes à Maisons-Laffitte ne favorisent pas la fusion des timbres et ne flattent guère la sonorité de l’orchestre: est-ce pour cela que l’Ouverture paraît plus nonchalante que pétillante? Toujours est-il que de manière parfois inattendue, les quatre numéros regardent ainsi vers Pulcinella, exactement contemporain, après tout, ou Les Biches.
Une fois qu’on a réussi à caser un Steinway sur le plateau, ce n’est pas Poulenc mais un autre des Six qui est ensuite à l’honneur: Le Carnaval d’Aix (1926) de Darius Milhaud, l’un des compositeurs sans doute les plus inspirés par le sujet tout au long de sa carrière. Dans la partie soliste, Eric Le Sage, complice de longue date de Paul Meyer, notamment à «Musique à l’Empéri» chaque été à Salon-de-Provence (festival dont ils sont les codirecteurs artistiques avec Emmanuel Pahud), déploie toute la robustesse et le mordant requis, mais n’oublie pas non plus la délicatesse très française de ces douze petits tableaux.
La seconde partie devait s’ouvrir avec une autre page concertante, Momoprecoce de Villa-Lobos: le rapprochement était pertinent – après le plus brésilien des Français, le plus français des Brésiliens – et l’occasion prometteuse – entendre une véritable rareté. Malheureusement, le «môme précoce» (roi du carnaval de Rio) est remplacé par un enfant prodige: dans le Dix-septième Concerto (1784), Le Sage, toujours partition sous les yeux, se révèle un mozartien équilibré, sans affectation ni froideur – une fraîcheur, une franchise et une simplicité qui sont la marque des plus grands dans ce répertoire et qui mettent d’autant mieux en valeur les inflexions expressives. Autre enfant prodige (et autre regard vers le passé comme l’était celui de Fauré en début de soirée) avec la Symphonie en ut (1855), «exercice d’école» d’un Bizet encore adolescent. L’Allegro vivo initial est sans histoire (et sans reprise), mais l’interprétation monte d’un cran dans un Adagio bien chantant, un Scherzo ensoleillé et un Allegro vivace final (sans reprise) véloce et incisif.
Le site de Paul Meyer
Simon Corley
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