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Sesquicentenaire obligé Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 02/09/2012 - et 10 février 2012 (Liège) Jean-Philippe Rameau : Dardanus (Suite)
Claude Debussy : Jeux – Children’s Corner (orchestration André Caplet) – Pelléas et Mélisande - Symphonie (arrangement Marius Constant) Orchestre philharmonique royal de Liège, Paul Daniel (direction)
P. Daniel (© Tony McDonough)
Impossible d’ignorer le sesquicentenaire de la naissance de Debussy mais, malgré tout, très peu de spectateurs se sont déplacés pour ce concert de l’Orchestre philharmonique royal de Liège ce jeudi à Bruxelles. Peut-être cette désertion s’explique-t-elle par la reprise du même programme le lendemain dans la Cité ardente. Au préalable, Paul Daniel dirige une partie des musiciens dans une Suite de Dardanus (1739) de Rameau. Depuis la multiplication des formations jouant sur instruments d’époque, les orchestres symphoniques ne s’intéressent plus guère aux partitions antérieures à la période classique, ce qu’il est permis de regretter, surtout qu’une exécution «traditionnelle» de qualité vaudra toujours mieux qu’une exécution moyenne sur instruments anciens. Le son qu’obtient le chef britannique ne peut bien sûr pas être comparé avec celui des ensembles spécialisés, qui optent habituellement pour une dynamique plus élancée et nerveuse, mais la rondeur des cordes et la chaleur des bois procurent un réel plaisir. La musique progresse ainsi avec clarté, assurance et, par moments, bonhomie.
Jeux (1912-1913) bénéficie d’un niveau de finition suffisant pour en apprécier la merveilleuse orchestration. La fascination qu’exerce ce chef-d’œuvre de la grande maturité provient pour une bonne part de la complexité de la structure, presque éclatée et, de ce fait, malaisée à cerner. Néanmoins, l’orchestre en restitue avec succès la logique formelle et livre une prestation continuellement en mouvement, conforme en cela à l’argument de ce ballet. Absolument savoureuse, l’orchestration de Children’s Corner (1908) effectuée en 1910 par André Caplet (1878-1925) permet de passer en revue les différents pupitres qui réalisent un véritable travail d’orfèvre : tous se distinguent positivement comme, par exemple, les contrebasses dans « Jimbo’s Lullaby », les violoncelles et le basson soliste dans « Serenade for the Doll » ou encore le hautbois soliste dans « The Snow is Dancing ». Ce concert, dont l’originalité compense la brièveté, s’achève avec un autre ouvrage lyrique, Pelléas et Mélisande (1902), dont Marius Constant (1925-2004) a tiré en 1983 une « Symphonie ». Cette fois, l’attention se porte sur le jeu d’ensemble, remarquablement tenu, tandis que les musiciens, expressifs et engagés, restituent remarquablement la puissance dramatique et évocatrice de cette œuvre essentielle.
Debussy figurera de nouveau à l’affiche du prochain (et dernier) concert de l’orchestre au Bozar cette saison : Louis Langrée, qui officia à sa tête de 2001 à 2006, le dirigera dans la Berceuse héroïque, les Nocturnes ainsi que dans le Concerto pour piano, avec Severin von Eckardstein, et le Poème de l’extase de Scriabine, contemporain du compositeur français.
Sébastien Foucart
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