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De l’été pradéen à l’hiver parisien

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/12/2012 -  
Ludwig van Beethoven : Trio avec piano n° 5 «Geistertrio», opus 70 n° 1
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintette pour vents et piano, K. 452
Krzysztof Penderecki : Duo concertante per violin e contrabbasso (création française)
Johannes Brahms : Sérénade n° 1, opus 11 (version originale reconstituée par Alan Boustead) (*)

Jacques Zoon (flûte), Jean-Louis Capezzali (hautbois), Michel Lethiec, Philippe Berrod (*) (clarinette), Giorgio Mandolesi (basson), André Cazalet (cor), Olivier Charlier (violon), Bruno Pasquier (alto), François Salque (violoncelle), Jurek Dybal (contrebasse), Stefan Vladar (piano)


O. Charlier


Pour la dix-neuvième année consécutive, le festival Pablo Casals présente sa vitrine parisienne au Théâtre des Champs-Elysées durant l’hiver, avec toutefois une petite différence cette fois-ci: les trois soirées coutumières ont été réduites à deux (12 janvier et 16 février). Mais le principe en reste le même: faire profiter la capitale d’un aperçu des festivités de l’été catalan, en l’abbaye Saint-Michel de Cuxa et dans les églises romanes environnantes, notamment de ses généreux programmes donnés non pas par des stars entre deux avions mais par d’authentiques musiciens réunis pour le plaisir de jouer ensemble dans des effectifs variés.


C’est dans cette veine que se place d’emblée le Cinquième Trio «Les Esprits» (1808) de Beethoven: l’équilibre entre les partenaires se fait certes au profit d’Olivier Charlier et de Stefan Vladar au détriment du violoncelle de François Salque, mais l’engagement des musiciens, même s’ils se refusent au pathos et au spectaculaire dans le célèbre Largo assai ed espressivo, rayonne aussi bien dans un Allegro vivace e con brio très incisif et dans un Presto final exubérant. Pour le Quintette pour piano et vents (1784) de Mozart, une fine équipe est constituée: Michel Lethiec, directeur artistique du festival depuis plus de trente ans, Jean-Louis Capezzali (longtemps hautbois solo du Philhar’) et deux des solistes de l’Orchestre de Paris, Giorgio Mandolesi au basson et André Cazalet au cor. Davantage qu’un hautbois acide et une clarinette enrhumée, le jeu tout en souplesse du pianiste autrichien constitue un atout pour cette interprétation sage et tranquille, dans la plus pure des traditions pradéennes.


Habitué de longue date du festival, Penderecki ne froisse pas trop les oreilles du public auquel six minutes de musique contemporaine sont ainsi imposées. Contemporaine, vraiment? La question se pose une nouvelle fois à propos du compositeur polonais: Olivier Charlier et le formidable contrebassiste Jurek Dybal rendent on ne peut mieux justice à son Duo concertant (2010), mais cette pièce d’un seul tenant commandée par Anne-Sophie Mutter vient hélas rappeler que celui qui regardait audacieusement vers l’avenir dans les années 1960 est remonté vers le passé, en l’espèce les années 1920.


Renforcés par le flûtiste Jacques Zoon, Philippe Berrod (à la première clarinette) et l’altiste Bruno Pasquier (en lieu et place de Vladimir Mendelssohn, souffrant), tous les artistes, à l’exception du hautboïste et du pianiste, concluent sur une rareté brahmsienne: affublée dans le programme de salle d’un improbable numéro d’opus 113, il s’agit en réalité de la tentative de reconstitution (1987) par le musicologue britannique Alan Boustead de la version originale (perdue) de l’Opus 11, la Première Sérénade (1858), écrite pour cinq vents et quatre cordes. Difficile de ne pas regretter la splendeur de la version orchestrale, mais cette instrumentation, qui retrouve presque l’esprit et le format de la Seconde Sérénade, ne manque pas d’intérêt, malgré de légers flottements dans la mise en place et des cordes à la justesse inégale.


Le site du festival Pablo Casals



Simon Corley

 

 

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