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Apéropéra

Paris
La Péniche Opéra
01/10/2012 -  et 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 21, 22, 23 janvier, 5 février 2012
«Rita, elle est pas belle la vie?»
Gaetano Donizetti : Rita, ou Le Mari battu (*)
Vincent Bouchot : Elle est pas belle la vie? (création)

Amira Selim (Rita), Christophe Crapez (Peppe), Paul-Alexandre Dubois (Gasparo), Caroline Dubost (piano), Alexandre Piquion (direction musicale)
Mireille Larroche (*), Alain Patiès (mise en scène), Thibault Sinay (scénographie), Valentine Solé, Gabrielle Tromelin (costumes), Gérard Vendrely (lumières), Michel Bouchot, Tito Gonzales (montage vidéo)




En ce début d’année, La Péniche Opéra reprend ses activités avec «Rita, elle est pas belle la vie?», un spectacle festif en deux parties: fort logiquement, la première consiste en Rita, ou Le Mari battu de Donizetti, un récent succès de la compagnie de Mireille Larroche, qui a déjà fait l’objet d’un DVD paru chez Maguelone; la seconde, on l’aura deviné, s’intitule Elle est pas belle la vie?, commande à l’un des fidèles partenaires de La Péniche, aussi bien chanteur que compositeur, Vincent Bouchot (né en 1966).


Point n’est besoin de revenir sur la réussite éclatante de l’opéra comique en un acte de Donizetti, présenté ici dans sa version avec piano (voir ici). Transposée avec finesse dans les années 1960, la production était parfaitement rodée et huilée, mais elle s’est encore enrichie d’un ingénieux dispositif vidéo: le grand écran placé au fond du plateau figure une fenêtre s’ouvrant sur l’extérieur du café où est située l’action, de telle sorte que les personnages y apparaissent après avoir quitté la scène comme s’ils venaient vraiment de sortir sur la terrasse et, de même, entrent en scène après avoir été vus à l’écran.



A. Selim, C. Crapez, P.-A. Dubois (© Cédric Suzanne)


Après cette heure de délire et un entracte qui permet de se mettre dans l’ambiance avec une tasse de vin (chaud), on retrouve les quatre mêmes, chanteurs et pianiste, dans le même décor, comptoir tourné vers le public. Mais nous nous situons quelques décennies plus tard, car l’écran plat trône désormais au-dessus du bar et déverse un flux ininterrompu de catastrophes naturelles, d’actualité internationale, de politique nationale et de publicités.


Vincent Bouchot, après ses Cantates de bistrot voici quelques années, était l’homme idoine pour adapter des extraits des Nouvelles brèves de Jean-Marie Gourio, dont il a tiré un «demi-opéra» – non pas à cause de son format chambriste ou même de sa durée (cinquante minutes), mais, ainsi que le précise le metteur en scène, Alain Patiès, «en référence au demi pression servi dans tous les bistrots du monde». Assez composite, le piano étant complété par des samples préenregistrés, et évidemment sans rapport stylistique avec Rita, l’œuvre lui succède cependant sans véritable hiatus; après tout, le livret de Gustave Vaëz recèle déjà des perles dignes des meilleures Brèves de comptoir: «Si nous ne buvions que lorsque nous avons soif, nous ressemblerions aux animaux».


Mais les années ont passé sur les deux maris, qui noient leurs désillusions et les fléaux de notre temps, tels que montrés à la télévision, dans les petits canons et les considérations frappées au coin d’un bon sens populaire à consommer (sans modération) au énième degré (d’alcool). Car après les Shadoks, qui avaient investi La Péniche Opéra durant trois saisons consécutives, c’est un humour tout aussi féroce et, à sa façon, poétique qui s’impose cette fois-ci. Glanés par Gourio autour des zincs de France et de Navarre, les dialogues, sentences et pensées font mouche à tous les coups, au point que la musique ne paraît guère essentielle: le plus souvent, le parlé-chanté est ponctué par le clavier, qui s’amuse à l’occasion en imitant la sonnerie d’un téléphone portable. Quelques échappées oniriques s’emparent cependant parfois des deux compères, Christophe Crapez et Paul-Alexandre Dubois, de même que, depuis le fond de la salle (mais, de fait, sur une autre planète), les interventions et commentaires coloraturés d’Amira Selim, vocalises sans paroles et, à la toute fin, arrangements de chansons de l’Egyptien Sayed Darwich (1892-1923).



Simon Corley

 

 

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