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Une conception attachante malgré des imperfections nombreuses

Nancy
Salle Poirel
01/05/2012 -  et 6 janvier 2012
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n°20 en ré mineur, K. 466
Anton Bruckner : Symphonie n°9 en ré mineur

Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Mark Foster (piano et direction)


M. Foster


C’est la tonalité de , associée au drame, qui réunit deux œuvres à l’esthétique très différente. Quoi de commun en effet entre le romantisme condensé dans une forme classique du Vingtième Concerto de Mozart et la cathédrale en forme de testament musical qu’est la Neuvième de Bruckner? De ce grand écart résultera une performance également contrastée.


Suivant l’usage souvent en vigueur, Mark Foster dirige du piano, placé face à l’orchestre, le concerto de Mozart. Sa lecture demeure prudente tout au long de la partition, préservant ainsi la justesse, au moins du soliste. Les couleurs restent assez ternes, amollissant le discours. Les cordes pèchent par des attaques qui sonnent plus d’une fois presque scolaires, sans compter des cuivres passablement épais. Quant à la cadence, elle frôle la raideur et ne laisse guère de place aux inflexions intérieures de la page.


Heureusement, avec la Neuvième de Bruckner, le chef australien réussit à impulser une vision attachante, à défaut d’être sans reproches. Car l’attaque des cuivres dans le premier mouvement s’avère bien trop franche, et ne rend pas perceptible l’amplification graduelle de la matière sonore, déflorant prématurément le mystère qui la nimbe – le mouvement est noté Feierlich, misterioso (solennel, mystérieux). Mais rapidement, la dynamique dans la construction de l’architecture sonore séduit, n’hésitant pas à imprimer de l’allant aux passages andante, ce qui en particulier laisse s’épanouir le lyrisme du deuxième thème. Après un premier mouvement que l’on pourrait qualifier d’épique, le Scherzo, satirique, bénéficie d’une mise en place précise. Le Trio rayonne d’une luminosité qui a fait tant défaut dans le concerto. La caractérisation des rythmes et la succession des séquences s’ordonnent remarquablement. Les défauts de propreté du travail des vents se ressent à nouveau dans l’Adagio, finale malgré lui, que l’on dira mystique, mais n’altère cependant pas la progression émotionnelle, palpable. Le geste abrupt du chef à la coda prive toutefois les dernières notes de l’écho de leur douceur, brisant ainsi maladroitement le climat apaisé qui conclut la symphonie.


En dépit des approximations et des réserves formulées, l’interprétation délivrée ce soir par l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy touche davantage que la performance plus léchée mais moins imaginative de Simone Young à la tête de l’Orchestre national de Lyon en novembre dernier. Et rappelle également deux choses. D’abord, que la musique de Mozart, sous son apparente simplicité, se révèle exigeante, et ne saurait se contenter de routine. Ensuite que la Neuvième de Bruckner fait partie de ces œuvres qui transfigurent les orchestres comme le public, et grâce auxquelles la vie vaut malgré tout la peine d’être vécue.



Gilles Charlassier

 

 

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