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La Jeune France

Paris
Salle Pleyel
12/19/2011 -  
Henri Rabaud : La Procession nocturne
Leos Janácek : Sinfonietta
Richard Strauss : Don Quichotte, opus 35

Sonia Wieder-Atherton (violoncelle)
Orchestre Français des Jeunes, Dennis Russell Davies (direction)


D. Russell Davies (© Reinhard Winkler)


Le courant passe toujours entre l’Orchestre Français des Jeunes, né en 1982, et Dennis Russell Davies, qui en assure de nouveau la direction après avoir, pendant deux ans, cédé la place à Kwamé Ryan. Ils nous ont, une fois de plus, offert un beau concert. Il n’y a pas moins de talents en France qu’ailleurs, contrairement à une idée fâcheusement reçue. Certes on sent encore quelque verdeur dans les cordes, mais elles sont homogènes. Comparaison n’est pas raison et l’OFJ, composé d’éléments sévèrement sélectionnés, atteint un haut niveau d’excellence – quel plaisir aussi de voir cet enthousiasme, alors que les aînés, parfois, semblent si blasés – comparaison, pour le coup, serait raison… Toujours en résidence au Grand Théâtre de Provence, l’orchestre a joué cette année Petrouchka, Don Quichotte de Strauss, la Symphonie de Bizet, L’Horloge de Haydn, et créé Stagance bourdonnante, commandé au compositeur allemand Steffen Schleiermacher. Fidèle à la tradition, il termine sa tournée, commencée au mois d’août à Aix, par la salle Pleyel.


Le concert permet d’abord de redécouvrir La Procession nocturne, d’après un épisode du Faust de Lenau, qui assura d’emblée à un Henri Rabaud de vingt-quatre ans une grande notoriété – il y aurait plus tard, en 1908, Mârouf, savetier du Caire. L’orchestre a besoin de se chauffer : on le perçoit appliqué et prudent, la sonorité manque de velours, les couleurs ne surgissent pas encore dans leur plénitude. Cette prudence, à vrai dire, vient aussi du chef, dont la direction laborieuse élude tout ce que la partition doit à Tristan… via Massenet.


Il se montre plus à l’aise dans la Sinfonietta de Janácek, où ses musiciens respirent beaucoup mieux, sans doute davantage en phase avec les audaces, la crudité de cette musique qui sonne toujours de façon aussi étonnante. L’orchestre paraît à la fois tenu et libéré, dès la Fanfare initiale – si redoutable pour les cuivres. Les plans sonores se dégagent avec une grande clarté, alors que le chef impose une lecture très architecturée, tendant à l’unité au-delà du discontinu, volontiers grandiose – on n’ose dire germanique… N’oublions pas que Dennis Russell Davies est aussi un brucknérien…


A contrario, on ne devra pas attendre, dans Don Quichotte, de surenchère dans le lyrisme. Les angles restent vifs, les sonorités souvent acérées : ce Strauss-là ne sent pas Le Chevalier à la rose. Le voilà roboratif, moderne, iconoclaste, souvent sarcastique, comme dans la danse paysanne ou l’évocation des moines. A l’unisson du chef, le Quichotte de Sonia Wieder-Atherton, d’une noblesse distante, aux phrasés racés, se refuse tout autant aux épanchements faciles – et le superbe Sancho de Manuel Vioque-Judde n’a rien à lui envier. Ici encore, l’orchestre assume avec brio les difficultés d’une partition virtuose dont la direction restitue parfaitement la structure, quitte à perdre un peu en générosité.



Didier van Moere

 

 

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