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L’assurance du succès

Lyon
Opéra
11/28/2011 -  et 29 novembre, 1er, 2, 4, 5, 7*, 8 décembre 2011
Jacques Offenbach : La Vie parisienne

Jean-Sébastien Bou (Raoul de Gardefeu), Boris Grappe (Bobinet), Blandine Staskiewicz (Métella), Laurent Naouri (Le baron de Gondremarck), Michelle Canniccioni (La baronne), Sophie Marin-Degor (Gabrielle), Guy de Mey (Frick), Tansel Akzeybeck (Le Brésilien), Thomas Morris (Prosper), Brigitte Hool (Pauline), Jean-Louis Meunier (Urbain), Claire Delgado-Boge (Léonie, La voix de la gare)
Chœurs de l’Opéra de Lyon, Alan Woodbridge (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Lyon, Gérard Korsten (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène), Agathe Mélinand (adaptation des dialogues et dramaturgie), Chantal Thomas (décors), Joël Adam (lumières), Laura Scozzi (chorégraphie)


(© Michel Cavalca)


Depuis 1997, avec un Orphée aux enfers qui a connu un grand succès, retranscrit par enregistrement vidéographique, Laurent Pelly a contribué au rajeunissement de l’œuvre d’Offenbach, avec la main-forte de Mark Minkowski. La présente Vie parisienne, étrennée en 2007, ne démentira pas les talents du metteur en scène français dans le répertoire léger, qu’il déloge avec vivacité de l’indigence surannée qui patine inéluctablement les ouvrages comiques au fil des ans.


Et c’est d’abord la réécriture des dialogues par Agathe Mélinand, la fidèle partenaire des débuts, qu’il convient de saluer. Le délicat scalpel dont elle use pour les rendre éloquents à notre contemporanéité ne force jamais la signification des situations, conservant ainsi la force comique originelle, à forte composante onomastique chansonnière – l’annuaire des personnages est en soi un régal pour l’oreille, de Métella pour la femme frivole au baron de Gondremarck pour l’aristocrate au raffinement de pacotille. On songe entre autres à la présentation des invités au troisième acte, dont les titres nobiliaires empruntent aux stations de métro parisien – la duchesse de Balard-Créteil ou la comtesse d’Arts-et-Métiers par exemple – à l’unisson de la mappemonde de la ville qui sert de toile de fond de scène et anticipant le plan du réseau de transports illuminé de l’acte suivant. La dramaturge utilise ainsi les ficelles pour hameçonner le public, comme le faisaient Meilhac et Halévy sous le Second Empire.


La réputation du coup de crayon de Chantal Thomas, la décoratrice attitrée de Pelly, n’est plus à faire. La gare Saint-Lazare du premier acte s’octroie diverses libertés avec la tempo-spatialité, ajoutant des destinations affectées à la gare Montparnasse depuis les débuts – la Bretagne – et mélangeant les codes visuels d’hier et aujourd’hui – le vestiaire bleu des agents de la SNCF avec celui dessiné par Christian Lacroix en vigueur désormais, les voitures garées qui semblent sorties d’une série télévisée des années quatre-vingt-dix –, distillant une nostalgie fugace qui nimbe l’humour d’une efficace transgénérationnelle. Les mouvements chorégraphiques de Laura Scozzi recyclent une gestuelle déjà homologuée, avec un savoir-faire maintes fois rencontré dans les précédentes de Pelly. Le plaisir prend le pas sur l’inventivité, dans l’esprit parisien croqué par Offenbach.


Les réjouissances du côté du plateau vocal ne sont pas moindres. Fidèle parmi les fidèles, Laurent Naouri mêle autorité de carton-pâte et dépit vite consolé dans sa composition du baron de Gondremarck. Le matériau vocal est solide, exempt de faiblesse, tout autant que l’énergie théâtrale. Fougueux, le Raoul de Gardefeu de Jean-Sébastien Bou le reste assurément d’une série de représentations à l’autre, disputant l’ascendant au Bobinet de Boris Grappe. Les tics d’élocution semblent suffisamment commandés par les rôles pour amuser davantage qu’ils n’agacent. Blandine Staskiewicz a sans conteste l’acidité piquante qui convient à Métella, exprimée avec un soupçon de vulgarité par Gabrielle, en la voix sapide de Sophie Marin-Degor – où l’on voit que la bourgeoisie apprête son langage de l’exotisme véhiculé par sa domesticité. Michelle Canniccioni fait une baronne légèrement pincée tandis que Frick revient à l’émérite Guy de Mey. Claire Delgado-Boge insuffle à la voix de la gare une standardisation à la gourmandise discrètement datée. Animant tout ce monde avec un enthousiasme communicatif, Gérard Korsten concourt à la réussite du spectacle, avec un orchestre en grande forme. Les chœurs de la maison ne le semblent pas moins. Les rappels au rythme du finale disent assez le contentement d’un public démentant les barrières sociales et générationnelles traditionnelles parfois apposées au répertoire léger.



Gilles Charlassier

 

 

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