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Fin de cycle

Paris
Théâtre du Châtelet
12/01/2011 -  et 11 (Ljubljana), 12 (Torino) décembre 2011
Gustav Mahler : Symphonie n° 10 (version Deryck Cooke)

Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


Le cycle «Tout Mahler par Gatti» au Châtelet, commencé voici plus de deux ans et présenté tout au long de la célébration, successivement, des cent cinquante ans de sa naissance (2010) et du centenaire de sa mort (2011), s’est notamment caractérisé par son souci d’exhaustivité, s’intéressant non seulement aux symphonies mais aussi aux recueils de lieder et à la cantate de jeunesse Das klagende Lied: il prend donc fin, logiquement, avec la Dixième Symphonie (1911). Logiquement? Si le directeur musical du National a choisi la version réalisée par Deryck Cooke (publiée en 1976), d’autres intégrales, comme celle de Valery Gergiev, se sont contentées de mouvement initial, seul complètement achevé par le compositeur: comme celui de la Neuvième de Bruckner (elle aussi inachevée) quinze ans plus tôt, cet Adagio installe dans ses dernières pages un climat tel qu’il se suffit à lui-même et qu’il n’apparaît pas indispensable de prolonger ces bouleversantes ultima verba.


De fait, la dernière partition que Mahler a entièrement pu mener à bien est Le Chant de la terre, avec son poignant «Adieu» final, qui aurait apporté la plus belle conclusion qui soit à cette longue série de concerts. Le choix consistant à terminer par la Dixième Symphonie constitue une prise de risque, car sa notoriété relativement moindre, même si elle a déjà été donnée en janvier dernier par la Philharmonie tchèque et Eliahu Inbal, a sans doute contribué à restreindre l’affluence. Surtout, un tel choix pourrait laisser planer une ambiguïté, que Christian Wasselin s’empresse de lever dans le programme de salle: le musicologue anglais, sans doute conscient que son travail était nécessairement contestable et serait effectivement contesté, a eu à la fois la modestie et l’honnêteté de reconnaître qu’il n’avait établi qu’une performing version, et non pas achevé ou même simplement reconstitué la symphonie.


De fait, malgré les louables efforts du chef italien, il est difficile de faire abstraction de la très nette différence entre le premier mouvement (et, dans une moindre mesure, le «Purgatorio» central, orchestré par Krenek dès 1924), d’une part, et les trois autres mouvements (soit près des deux tiers de l’œuvre), qui paraissent encore très proches des six premières symphonies et semblent renoncer à explorer les voies nouvelles ouvertes par la Neuvième, d’autre part: les coups du destin assénés par la grosse caisse sonnent comme un pâle succédané de ceux du marteau de la Sixième, qui laisse la place à un happy end aux accents straussiens.


Pour le reste, Gatti, sans surprise, reste fidèle à des tempi lents – l’exécution dure plus de quatre-vingts minutes: les détails sont ainsi minutieusement mis en valeur mais les intentions tendent à être trop appuyées et, à étirer excessivement le fil, celui-ci se brise parfois. Quant au National, il fait preuve de toute la solidité dont il est capable, à commencer par le flûtiste Philippe Pierlot, impeccable dans le solo long et très exposé du dernier mouvement.



Simon Corley

 

 

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