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Un chef et un orchestre à découvrir

Paris
Salle Pleyel
11/30/2011 -  et 24, 25 (Oslo), 27 (Berlin), 28 (Wien), 29 (Bratislava) novembre 2011
Rolf Wallin : Act
Jean Sibelius : Concerto pour violon, opus 47
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4, opus 36

Joshua Bell (violon)
Oslo Filharmoniske Orkester, Vasily Petrenko (direction)


V. Petrenko (© Mark McNulty)


Excellent orchestre qui a eu pour directeurs musicaux ont été Okko Kamu (1975-1979), Mariss Jansons (1979-2022) et André Previn (2002-2006), le Philharmonique d’Oslo, deux ans et demi après sa précédente visite parisienne (voir ici), revient salle Pleyel conclure une tournée européenne de quatre jours avec celui qui succédera en 2013 à Jukka-Pekka Saraste, en fonctions depuis 2006, Vasily Petrenko. Après une élimination injustifiée lors de la demi-finale du concours de Besançon en 2001, le chef russe (né en 1976) a rapidement gravi les marches: premier prix au concours de Cadaqués en 2002, il est devenu à la rentrée 2006 principal conductor de l’Orchestre philharmonique royal de Liverpool. Encore relativement peu connu en France, ce qui explique sans doute une affluence moyenne en ce mercredi soir, il s’est pourtant produit dans la capitale à la tête de l’Ensemble orchestral de Paris dès février 2006, puis dans Eugène Onéguine à Bastille à la rentrée 2010, avec le National en décembre 2010 et avec son Orchestre de Liverpool en mars dernier. Il ne doit pas être confondu avec son homonyme, compatriote et aîné de quatre ans Kirill Petrenko, futur successeur de Kent Nagano à l’Opéra de Munich et par ailleurs désigné pour le «Ring du bicentenaire» en 2013 à Bayreuth.


Les quatre étapes de ce périple européen n’offrent qu’un seul et unique programme, préalablement étrenné à deux reprises à Oslo. Assez typique d’une phalange en voyage, tout en respectant le triptyque ouverture/concerto/symphonie, il débute par une page d’un compositeur norvégien, Rolf Wallin (né en 1957), présent pour l’occasion. Il décrit lui-même Act (2004), commande de l’Orchestre de Cleveland, comme «une pièce sur la vitesse, sur la joie de l’activité et, avant tout, sur le pouvoir d’agir ensemble». Durant un peu moins de dix minutes, c’est effectivement un déferlement d’énergie qui s’abat sur l’auditeur, virtuose, cataclysmique, spectaculaire, opposant radicalement sonorités, dynamiques et tessitures. Si l’élan est spectaculaire, notamment dans une coda d’une jubilation frénétique, l’écriture paraît toutefois excessivement compacte, ne ménageant pas un équilibre satisfaisant entre les différents groupes d’instruments.


Comme en mai 2009 avec Anne-Sophie Mutter, l’orchestre se présente en compagnie d’une vedette de l’archet, Joshua Bell. Toujours aussi mobile sur scène tout en restant fermement appuyé sur ses deux jambes, le violoniste américain est égal à lui-même: voir les moyens d’un Repin ou d’un Shaham, tant en termes de sonorité que de technique– malgré quelques attaques à la justesse un peu contestable –, galvaudés de la sorte par des clins d’œil appuyés et d’incessants portamenti est profondément exaspérant et désespérant. De peines d’amour à la Kreisler en caprices à la Paganini ou en méditations à la Massenet, le Concerto (1904/1905) de Sibelius est ainsi défiguré, réduit à une pièce de genre ou à un morceau de bravoure. Mais quand il renonce à ses mauvais démons, ce qu’il parvient à faire durant l’essentiel des deux derniers mouvements, le résultat est proprement miraculeux. Et quelle désinvolture, de nouveau, lorsque pour remercier le public, il charcute la Troisième Sonate «Ballade» (1923) d’Ysaÿe pour n’en jouer que les deux derniers tiers!


Petrenko, qui avait accompagné Valeriy Sokolov dans la même œuvre avec le National l’an passé, pousse l’obligeance à aller dans le même sens que le soliste et, du coup, grossit souvent le trait, sans sacrifier pour autant les belles teintes profondes de son orchestre. Après l’entracte, avec des premiers pupitres en partie renouvelés (y compris le konsertmester), les musiciens, parmi lesquels les femmes, sans être nettement plus représentées que dans d’autres formations symphoniques, sont toutefois aux avant-postes dans des emplois qui demeurent encore largement masculins (premiers violon, cor et trombone), ne s’illustrent pas tant par leurs qualités individuelles – même si, une fois n’est pas coutume, on a fortement envie de saluer les interventions remarquables du timbalier – que par leur cohésion d’ensemble. Sous une baguette très sûre, animée par une gestuelle qui n’est pas destinée à épater la galerie, le Philharmonique d’Oslo rend justice aux progressions que construit soigneusement son chef, adepte, dans la Quatrième Symphonie (1877), d’un Tchaïkovski droit, tendu et tenu. Sans doute pas aussi radicale que celle d’un Vladimir Jurowski, mais bien dans la tradition d’un Mravinski ou d’un Temirkanov, son approche évite les débordements sentimentaux et théâtraux nuisibles à cette musique, tout en sachant s’abandonner à la langueur quand la partition y invite.


Les bis – la Vocalise (1912/1916) de Rachmaninov puis la «Danse russe (Trepak)» de Casse-Noisette (1891) de Tchaïkovski – restent russes, de même que, le 10 février prochain à Pleyel, le concert que donnera Petrenko à la tête du Philharmonique de Radio France, avec le rare Chant des forêts de Chostakovitch et des extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev.


Le site de l’Orchestre philharmonique d’Oslo
Le site de Rolf Wallin
Le site de Joshua Bell



Simon Corley

 

 

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