About us / Contact

The Classical Music Network

Lyon

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Bartók vs Bruckner: visages de l’épure

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
11/10/2011 -  et 12* novembre 2011
Béla Bartók : Concerto pour violon n°2 BB 117
Anton Bruckner : Symphonie n°9 en ré mineur

David Grimal (violon)
Orchestre national de Lyon, Simone Young (direction musicale)


S. Young (© Klaus Lefebvre)



L’intitulé du programme, «Symphonies des adieux», cède un peu à la facilité de l’amalgame entre le crépuscule de la vie et le voisinage de l’inspiration avec l’au-delà. Sans vouloir confondre des esthétiques par ailleurs très différentes, les deux ouvrages réunis partagent cependant un trait reconnaissable de la dernière maturité des grands compositeurs depuis Beethoven: la prééminence de la variation dans l’écriture.

Composé à la veille de la Seconde Guerre mondiale et dédié à Zoltaìn Székely, le Second Concerto pour violon de Bartók porte la plasticité mélodique à un degré suprême. La rythmicité chère au musicien hongrois se transfigure derrière une fluidité harmonique qui va jusqu’à tutoyer le dodécaphonisme. Si d’aucuns préservent l’expressivité et les contrastes de la partition – on songera par exemple au témoignage de Menuhin et Furtwängler – David Grimal préfère la couler dans un moule apollinien, exaltant le chant de l’instrument en une ligne d’une délicate finesse portée à son acmé dans un bis également bartoìkien, le mouvement lent de la Sonate pour violon seul, où les aigus semblent se transsubstantier en éther.


Après un intimisme presqu’esseulé dans le concerto, l’ampleur de l’effectif de la Neuvième Symphonie de Bruckner tire parti de l’acoustique analytique de l’auditorium, autant que de la lecture précise de Simone Young. La mise en place du premier mouvement, Feierlich (solennel), misterioso, n’évite pas certaines pesanteurs au début, avant de trouver le geste juste pour maintenir ce rubato particulier à la musique de Bruckner, à la fois gauche et généreux, et où il faut éviter que les ruptures ne s’effondrent en à-coups. Le tempo modéré permet aux textures et à la lumière orchestrale de se déployer, comme de faire entendre l’éclat et la mesure remarquables des cuivres. Le Scherzo libère une vigueur et une ivresse rythmique qui ne craint pas la saturation, et caractérise avec efficacité les épisodes successifs de cette page quasi expressionniste. Le finale, Adagio, enveloppe l’auditoire d’une émotion sincère, et conclut avec le même métier, évident tout au long de la soirée. A défaut de renouveler la compréhension de l’ultime opus symphonique de Bruckner – pour cela, mieux vaut se tourner vers Harnoncourt par exemple – Simone Young en livre une interprétation solide et équilibrée.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com