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De la présidence polonaise

Madrid
Teatro Real
11/08/2011 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Le Voïévode (ballade symphonique), op. 78 – Symphonie N° 4, op. 36
Karol Szymanowski: Concerto pour violon N° 2, op. 61
Stanislaw Moniuszko: Halka: Mazurka

Arabelle Steinbacher (violon)
I, Culture Orchestra, Sir Neville Marriner, Pavel Kot (direction musicale)


(© Javier del Real/TR)


La présidence polonaise de l’Union européenne a été splendide du point de vue artistique, du moins en Espagne, mais on peut imaginer que ce fut le cas dans d’autres pays européens. D’abord, le cinéma, une école exquise : ceux de toujours, les Wajda, Munk, Ford, Has, Kawalerowicz, Agnieszka Holland, Zanussi, Skolimowski, et ses descendants, pas trop connus « grâce » à l’obligation d’un marché du cinéma « libre » d’acheter uniquement des produits américains, en dépit de l’union économique et de la liberté d’échanges. Le théâtre ensuite, où le sens du modernisme et la mémoire historique jouent avec les codes transmis par des écoles plus inquiètes, spécialement l’humour éclatant, mais aussi blessé par un héritage parfois trop héroïque, parfois fâcheux : des pièces modernes de jeunes auteurs comme Dorota Maslowska mises en scène par Grzegorg Jarzyna; ou L’Affaire Danton de Stanislawa Przybyszewska par Jan Klata ; ou une proposition d’une beauté théâtrale et musicale inouïes, Anhelli, L’appel, dirigée par Jaroslaw Fret, production du Teatr ZAR, dans la tradition de Grotowski. Enfin, des expositions, en particulier celle donnée au Palais Royal de Madrid, où on a pu voir, entre autres trésors, La Dame à l’hermine de Leonard de Vinci.



Et la musique, bien sûr: « de la musique avant toute chose... ». Plusieurs concerts ont conduit à une espèce de fête extraordinaire au Teatro Real: un orchestre très jeune, l’I Culture Orchestra, formé par de très bon musiciens, pas toujours débutants, qui constituent un ensemble changeant, par sa propre nature, plein de vigueur et pétri de cette connaissance professionnelle qui n’arrive dans une institution que par la force de l’enthousiasme. Certes, l’enthousiasme ne suffit pas, mais sans lui le chemin est incertain. Voilà un des secrets de cet orchestre formé par des musiciens polonais. Dirigé le maestro Neville Marriner, il poursuit sa tournée européenne : Kiev, Berlin, Bruxelles, Londres, Varsovie, Madrid, etc.



L’I, Culture Orchestra est composé de jeunes musiciens (18 à 30 ans) venus de Pologne, de Biélorussie, d’Ukraine, d’Arménie, d’Azerbaïjan, de Géorgie et de Moldavie qui ont travaillé en résidence à Gdańsk, avec l’appui de l’Institut Adam Mickiewicz.



Arabella Steinbacher défendait cet équilibre entre profondeur technique et inspiration sensuelle qu’on trouve dans le Deuxième Concerto pour violon et orchestre de Karol Szymanowski. Arabella – du nom de l'héroïne de Hofmannsthal et Strauss – appartient à cette vague nouvelle d’interprètes pleins de talent, de jeunes virtuoses dont le jeu, dirait-on, est le produit d’une maturité conquise avec le temps. Pourtant, il s’agit d’une personne jeune, d’un modèle de musicien qui combine le talent, la virtuosité, la profondeur, le glamour, et, bien sûr, la jeunesse… Tout à la fois, en un seul moment. Le succès obtenu par Arabella Steinbacher fut chaleureux et incontestable.



On aurait pu, peut-être, préférer un programme entièrement polonais (un Szymanowski, encore ; Lutoslawski, Bacewicz, Panufnik, si on n’osait pas entrer dans l’école moderne des Penderecki, Killar, Górecki, Swider, etc.), mais on ne peut pas regretter la force et la beauté imprimées à la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski par ce jeune orchestre et ce chef jeune de 87 ans, Neville Marriner, dont la vigueur était à la hauteur de son énergie et de son sens de la partition : Tchaïkovski déclamant et cabotin, Tchaïkovski lyrique, Tchaïkovski héroïque et exalté, mais jamais pleurnichard. Ce sont beaucoup les chefs russes qui l’ont dit : « Tchaïkovski n’est pas un pleurnicheur », Temirkanov, par exemple.


Le succès a également accompagné les interprétations du Voïévode, partition peu entendue, du Concerto pour violon de Szymanowski et de la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski. Ce fut le moment pour Marriner de céder sa baguette au jeune chef Pavel Kot, titulaire de l’ensemble, pour diriger la brillante Mazurka extraite de l'opéra Halka de Moniuszko. Les qualités incontestables de cet ensemble ont conquis le public dès le début. Et la fin fut un vrai succès.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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