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Norma dans l'Himalaya

Lausanne
Théâtre de Beaulieu
10/28/2011 -  et 30 octobre, 2 novembre 2011
Vincenzo Bellini: Norma

Giuseppe Gipali (Pollione), Oren Gradus (Oroveso), Hiromi Omura (Norma), Béatrice Uria Monzon (Adalgisa), Marie Karall (Clotilde), Sébastien Eyssette (Flavio)
Chœur de l'Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (chef de chœur), Orchestre de Chambre de Lausanne, Roberto Rizzi Brignoli (direction musicale)
Massimo Gasparon (mise en scène, décors, costumes et lumières)
Production du Teatro Macerata/Sferisterio Opera Festival


(© Marc Vanappelghem)


La saison 2011-2012 de l'Opéra de Lausanne, la cinquième et dernière hors les murs, s'est ouverte avec Norma. Chef-d'œuvre du belcanto italien, l'ouvrage de Bellini – créé à la Scala de Milan en 1831 – doit aujourd'hui sa renommée à Maria Callas, qui a fait de Casta diva un tube planétaire. Mais à part cet air emblématique, que connaît-on de Norma? Rien, ou presque, en fin de compte, tant l'œuvre est rarement représentée, et encore, le plus souvent en version de concert. Car elle est réputée inchantable. La tessiture du rôle-titre est meurtrière: deux octaves et demie, sans parler des vocalises à n'en plus finir et d'une présence quasiment ininterrompue sur scène. Il faut donc une certaine audace à programmer Norma. Mais Eric Vigié, le directeur lausannois, n'est pas homme à prendre des risques inconsidérés. Globalement, le pari est réussi, avec un spectacle de belle tenue.


Hiromi Omura, qui avait fait sensation en 2009 en Butterfly, chante Norma pour la première fois. La voix peut sembler légère pour le rôle, le souffle un peu court pour les longues phrases belliniennes, et on sent l'interprète sur la réserve, tendue dans le célèbre Casta diva, comme inhibée par l'ampleur du défi. On le serait à moins! Il faudra attendre le deuxième acte pour que la voix se chauffe pleinement et que l'artiste se libère totalement. Et lorsque le rideau se baisse, un seul sentiment prévaut: l’éblouissement face à la fragilité et la grâce qui se dégagent de son personnage, face à l’émotion de cette mère bouleversée à la vue de ses enfants et qui finit par renoncer à les tuer. Il ne reste plus qu'à espérer que la soprano, après le succès de la première, gagnera en assurance pour traduire également l'autorité et l'inflexibilité de la prêtresse. Car Norma n'est pas un personnage unidimensionnel.


Confier le rôle d'Adalgisa à Béatrice Uria Monzon, la Carmen de sa génération, voix de fer et de sang, est une décision qui, de prime abord, pouvait déconcerter. Surprise, son tempérament et son timbre chaud et corsé font merveille et se marient idéalement au caractère et à la voix d'Hiromi Omura. On retiendra également les belles prestations de Giuseppe Gipali en Pollione et d'Oren Gradus en Oroveso et surtout la surprise de la soirée: Marie Karall en Clotilde à la voix soyeuse.


En hommage aux origines japonaises d'Hiromi Omura, Massimo Gasparon a choisi de multiplier les références à l'Asie dans sa mise en scène. Les prêtres gaulois sont ici des moines tibétains vêtus de grandes robes aux tons pourpres, oranges et jaunes, on vénère un bouddha représenté par une statue aux bras multiples, alors que le noir et le blanc s'entrecroisent comme le yin et le yang. Les Romains, eux, restent des Romains, avec leurs impressionnantes armures… Les interprètes ont des gestes amples et lents, un peu exagérés, qui rappellent le théâtre kabuki ou la méthode Bob Wilson, c'est selon! L'ensemble est très statique mais dégage une certaine majesté, sur fond de ciel bleu et d'enfilade de colonnes. Si la scène se veut zen, le drame se joue dans la fosse, avec un Orchestre de chambre de Lausanne en grande forme, qui, sous la baguette d'un Roberto Rizzi Brignoli particulièrement inspiré, parvient à faire pleinement sentir l'élan et l'impétuosité de la musique de Bellini, sans aucune lourdeur ni emphase.



Claudio Poloni

 

 

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