About us / Contact

The Classical Music Network

Antwerp

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Interdit aux moins de seize ans

Antwerp
Vlaamse Opera
09/21/2011 -  et 23, 25, 27 septembre (Gent), 5, 7, 9*, 11, 13, 15 octobre (Antwerpen) 2011
Kurt Weill : Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny
Noëmi Nadelmann (Jenny Hill), John Daszak (Jim Mahoney), Leandra Overmann (Leocadia Begbick), Claudio Otelli (Moïse la Trinité), William Berger (Bill), Gijs Van der Linden (Jack O’Brien, Tobby Higgins), Erin Caves (Fatty), Jaco Huijpen (Joe), Guntbert Warns (acteur)
Koor van de Vlaamse Opera, Graham Cox (chef de chœur), Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Yannis Pouspourikas (direction)
Calixto Bieito (mise en scène), Rebecca Ringst (décor), Ingo Krügler (costumes), Franck Evin (lumières)


(© Annemie Augustijns)


« Een nieuwe wereld! » (« Un nouveau monde! ») : tel est le fil conducteur de la nouvelle saison de l’Opéra de Flandre qui mêle habilement classiques (Le Voyage à Reims, La Force du destin, Carmen), raretés (L’Enchanteresse de Tchaïkovski, Le Duc d’Albe de Donizetti) et création (Rumor de Christian Jost). Réalisée avec l’Opéra de Graz, la production inaugurale de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (1930) de Weill, qui s’inscrit de plein droit dans cette thématique, suscitait a priori la curiosité puisque la mise en scène échoit à Calixto Bieito, réputé pour ses lectures radicales. Une telle œuvre constitue évidemment du pain bénit pour un homme de scène un tant soit peu provocateur ; de fait, l’Espagnol s’en donne à cœur joie.


L’action n’a pas lieu dans une ville à proprement parler mais dans un camping aux caravanes superposées, un tour de force signé Rebecca Ringst. Trois d’entre elles portent des inscriptions en tube de néon qui résument à elles seules la décadence de ce lieu singulier (All you can drink, All you can eat, All you can fuck). Les occupants n’observent aucune retenue deux heures durant, buvant jusqu’à l’ivresse, ingurgitant des quantités déraisonnables de nourriture et s’adonnant au plaisir de la chair aux yeux de tous. Comme rien n’est épargné aux âmes sensibles (masturbation et coït simulés mais explicites, vomissement, défécation, nudité jusqu’à plus soif), l’institution a jugé de bon de déconseiller l’entrée aux moins de seize ans mais pour le reste, les spectateurs avides d’excès en ont pour leur argent. Bien entendu, comme Regietheater rime avec sanitaires, le décor comporte une cuvette de WC sur laquelle un musicien joue du piano. Sur celui-ci, une femme nue ; est-ce la même qui apparaît ensuite dans le plus simple appareil et recouverte de charcuterie, dans une parodie américaine du nyotaimori ?


Si les parents feront bien de laisser leur jeune progéniture à la maison, ils seront probablement surpris de la présence d’une fillette, archétype de l’innocence qui s’amuse de toute cette débauche, dessinant ces personnages grotesques, mais finira par tomber dans la prostitution. Calixto Bieito n’hésite pas à surenchérir, l’œuvre supportant de toute façon de telles intentions, tandis que les chanteurs se prêtent au jeu avec un jusqu’au-boutisme rarement vu – Jenny consent à ôter seulement sa petite culotte rose. Il faut néanmoins reconnaître que ce spectacle original, sans temps mort et supérieurement maîtrisé revêt un considérable pouvoir de dénonciation, ce qu’a bien compris une partie significative du public qui accorde une ovation debout dès les derniers accord achevés et alors que les interprètes, munis de pancartes, terminent leur prestation au parterre et au balcon.


Si les deux heures se déroulent sans baisse de régime, le mérite en revient aussi à l’orchestre qui livre sous la direction de Yannis Pouspourikas une prestation stimulante et précise. Epatante par son engagement et sa tenue vocale, la distribution comporte quelques solides maillons dont John Daszak (Jim, qui finira sa vie électrocuté dans un caddie de supermarché), Noëmi Nadelmann qui, sans effacer le souvenir de Lotte Lenya, signe une Jenny d’une forte présence, le formidable Claudio Otelli, déguisé en prêtre pour incarner un Moïse la Trinité bagarreur et libidineux, l’excellent William Berger (Bill, qui s’offre Jenny durant l’exécution de Jim) ou encore Leandra Overmann, Begbick par excellence, tant vocalement que physiquement. Préparés par Graham Cox, les choristes méritent également de recevoir les plus vives louanges.


Le site du Vlaamse Opera



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com