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Une soirée de premières

Paris
Salle Pleyel
10/06/2011 -  
Richard Wagner : Tannhäuser : Ouverture et «Venusberg»
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle n° 1 en ut majeur, Hob. VIIb.1
Antonín Dvorák : Symphonie n° 4 en ré mineur, opus 13, B. 41

Marie-Elisabeth Hecker (violoncelle)
Orchestre de Paris, Thomas Hengelbrock (direction)


T. Hengelbrock (© Bertold Fabricius)


Salle Pleyel bien remplie pour ce concert de l’Orchestre de Paris qui accueillait pour la première fois à sa tête Thomas Hengelbrock, connu pour avoir longtemps dirigé les musiciens du Freiburger Barockorchester et pour être un excellent interprète des répertoires baroque et classique.


Chef de l’Orchestre symphonique de la NDR de Hambourg depuis le début du mois de septembre, Thomas Hengelbrock a fait ses débuts au Festival de Bayreuth en août 2011 en dirigeant Tannhäuser de Richard Wagner (1813-1883) avec Camilla Nylund dans le rôle d’Elisabeth et Lars Cleveman dans le rôle-titre; il reprendra d’ailleurs cet opéra l’année prochaine à Bayreuth. A l’heure où Tannhäuser occupe également l’affiche de l’Opéra Bastille pour le mois d’octobre sous la baguette de Sir Mark Elder (avec l’immense Nina Stemme dans le rôle d’Elisabeth), il était presque logique de débuter ce concert par sa célèbre Ouverture, suivie par le «Venusberg».


Dirigeant sans baguette (et sans estrade) un orchestre étoffé (neuf contrebasses) sans être massif pour autant, Hengelbrock se rassure en étant ici sur un terrain connu. Et force est de constater qu’il donne une version plus que convaincante de ces pages célèbres, même si le «Venusberg» empêche le public d’entendre l’ouverture classique dans toute sa durée (le fameux thème des trombones n’étant ainsi pas repris). Dès les premières interventions, on salue une fois encore les bois de l’orchestre, délicieux (les bassons mais surtout Pascal Moraguès et Arnaud Leroy à la clarinette!), ainsi que la beauté des cordes, cette entrée en matière se concluant dans une incroyable finesse des violons, saluée par un public ayant observé jusque là un silence comme on ne peut que trop rarement l’apprécier.


Le fameux triptyque ouverture/concerto/symphonie se poursuivait par une œuvre bien connue elle aussi, le Premier Concerto pour violoncelle de Joseph Haydn (1732-1809). Cette page enlevée et technique (du moins pour le troisième mouvement) est, depuis sa redécouverte en 1961, devenue un passage obligé pour tout violoncelliste; ce soir, c’était au tour de la toute jeune Marie-Elisabeth Hecker (elle est née en 1987), qui a gagné le premier prix du concours Rostropovitch en 2005 (accompagnée alors par l’Orchestre de Paris) et qui mène depuis une belle carrière internationale, d’en donner sa vision. Ne vous fiez pas à son air timide et réservé! Une fois assise et lancée, Marie-Elisabeth Hecker s’impose sans difficulté dans ce concerto, d’autant qu’on reprochera à Hengelbrock un manque de tonicité dans son approche, l’orchestre (réduit à vingt-six cordes auxquels s’ajoutent deux hautbois, deux cors et un basson) faisant néanmoins preuve d’une légèreté de bon aloi. Alliant élégance du toucher et technique irréprochable, la soliste donne une très belle version de ce concerto, abordant notamment l’Allegro molto final avec une fougue revigorante.


Autre «première» de ce concert, la Quatrième Symphonie d’Antonín Dvorák (1841-1904) qui faisait donc son entrée au répertoire de l’orchestre: qui s’en plaindrait? En effet, si le public connaît on ne peut mieux les trois dernières symphonies et éventuellement aussi la Sixième en raison de son célèbre «Furiant», il ignore bien souvent que les cinq premières symphonies du compositeur tchèque méritent tout autant une oreille attentive. Quand aura-t-on le plaisir, par exemple, d’entendre les Première ou Troisième symphonies qui, derrière quelques maladresses (le final de la Première), révèlent l’imagination fertile du compositeur et l’harmonieuse combinaison des timbres racés et populaires? Composée en moins de trois mois, la Quatrième (1874) fait immédiatement penser à Brahms, notamment à sa Deuxième Symphonie qui, pourtant, lui est postérieure de trois ans... Plus sombre que la Troisième, la Quatrième débute ainsi par un mouvement à trois temps, légèrement dansant, qui n’est donc pas sans rappeler le surnom de «symphonie des valses» donné à l’Opus 73 de Brahms. Thomas Hengelbrock dirige cet Allegro avec une remarquable précision, permettant, comme souvent chez Dvorák, aux bois de briller et aux cordes de véritablement nous faire vibrer (les sonorités râpeuses des violoncelles avant les secs martèlements des timbales au milieu du mouvement). Comme le note André Lischke dans la notice du programme, l’Andante est un bel hommage rendu à Tannhäuser, les clarinettes, bassons, cors et trombones jouant à l’unisson le thème de l’Ouverture entendue en première partie. Dans une atmosphère assez sombre, on remarquera le hautbois parfait d’Alexandre Gattet qui émerge au milieu de cordes toujours aussi séduisantes. Le troisième mouvement («Scherzo. Allegro feroce»), est certainement le plus beau de l’œuvre: on regrette que Thomas Hengelbrock le prenne aussi rapidement, mettant ainsi à rude épreuve les cordes de l’orchestre (qui parviennent à le suivre sans difficulté pour autant), même si les musiciens semblent apprécier cette fougue (les sourires des contrebassistes solo Bernard Cazauran et Sandrine Vautrin étant suffisamment explicites à cet égard). C’est dans une tempête sonore que Hengelbrock conclut cette symphonie, le dernier mouvement étant également pris à très vive allure.


Le chef ayant été chaleureusement salué par le public comme par les musiciens, il y a fort à parier que cette première collaboration sera suivie par beaucoup d’autres: du moins, on ne peut que l’espérer.


Le site de Thomas Hengelbrock
Le site de Marie-Elisabeth Hecker



Sébastien Gauthier

 

 

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