Back
Là-haut, sur la colline... Vézelay Eglise d’Asquins et Basilique 08/25/2011 - 16 heures
Olivier Greif : Quatuor n° 3 «Todesfuge», opus 351 (*)
Ludwig van Beethoven : Elegischer Gesang, opus 118
Philippe Fénelon : Les Portes de Babel (création) Quatuor Manfred: Marie Béreau, Luigi Vecchioni (violon), Emmanuel Haratyk (alto), Christian Wolff (violoncelle) – Arsys Bourgogne: Armelle Jacques (soprano), Sarah Breton (alto), Jérôme Cottenceau (ténor), Jean-Christophe Jacques (*) (basse)
21 heures
Felix Mendelssohn : Elias, opus 70
Caroline Melzer (soprano), Renée Morloc (alto), Dominik Wortig (ténor), Wolff Konstantin (baryton)
Gächinger Kantorei - Bach-Collegium Stuttgart, Helmuth Rilling (direction)
Il y a dans la vie des critiques musicaux et des mélomanes des jours bénis. Le premier jour des Rencontres de Vézelay en fut un. Une après midi de musique de chambre, quatuor à cordes avec voix, et une soirée d’oratorio.
Pour ce qui est de la musique de chambre, la possibilité de redécouvrir le Troisième Quatuor «Todesfuge» de Greif, imprégné de l’idée d’agonie et de mort, où on trouve l’influence de Bartók, de Prokofiev et du grand inspirateur, Beethoven. Le texte est de Dylan Thomas. Apparaît de nouveau le problème éternel des poésies chantées. On comprend mal le texte et on n’arrive pas à le lire. Il faudrait toujours des surtitres, ne serait-ce que pour comprendre le rapport entre le texte, source d’inspiration et l’écriture musicale. La voix du chanteur est chaude, bien placée mais un peu monotone. Les instrumentistes sont parfaits. On ne peut pas, dans cette atmosphère de deuil, ne pas penser à la mort de Greif, disparu si jeune.
Une petite pièce de Beethoven pour cet octuor cordes-voix qui nous ramène en arrière dans le temps. Charmant, sans plus. Nous terminons par la création des Portes de Babel de Fénelon. Le texte, en français, est du compositeur et de Jean-Yves Masson. Le mythe de Babel et l’ouverture au sacré, dilemmes réels de notre temps. Grande richesse d’expression. L’émotion de la création musicale avec ses incertitudes sur la réception de l’œuvre. Le quatuor vocal, qui devrait travailler encore pour arriver au niveau des instrumentistes, délivre le message, avec toujours le même problème du texte non surtitré. Et puis, de nouveau, le grand Beethoven avec des réminiscences du mouvement lent du Quatorième Quatuor. D’ailleurs, peut-on écrire un quatuor sans qu’il soit présent?
Le concert se termine et le beau soleil de Bourgogne, celui qui permet aux raisins de nous préparer ces nectars incomparables de la région, nous accueille pour un moment de grâce. Le concert était beau, malgré les quelques petites imperfections. Ensuite, table ronde préparatoire à la grande soirée. Passionnante présentation de l’oratorio. Peut-être aurait-on pu élargir le discours sur la référence biblique de l’œuvre.
La grande soirée. Chœur, orchestre, solistes et direction pas loin de la perfection. La passion, l’enthousiasme sont là. Malgré la longueur de l’œuvre, le temps passe vite. On est presque déçu à la fin que ce soit terminé. Bach est là, évidemment mais Haendel aussi avec son hiératisme. Quel chef-d’œuvre! Le prophète Elie monte au ciel dans un chariot de feu après avoir compris que Dieu ne se trouve que dans la «voix silencieuse fine» et non dans le tonnerre ou la tempête. Pour un homme animé par la colère et la fidélité outrancière à Dieu qui ne l’approuve pas, lui reprochant son manque de compassion, quelle leçon d’humilité. Et tout cela inscrit dans la musique inspirée de ce «jeune» musicien qui ne sait pas qu’il va bientôt mourir. Deux petits points faibles. Les aigus en forte de la soprano trop criants et puis – mais c’est la faute de l’acoustique du lieu – cette petite baisse qui suit l’accord final. L’émotion est telle que la nuit est très agitée. Quelle meilleure preuve de l’excellence de la soirée.
Le sacré est là et on se demande ce que l’humanité a gagné en essayant de l’écarter. Ne vous avais-je pas dit que ce fut un jour béni?
Le site des Rencontres musicales de Vézelay
Benjamin Duvshani
|