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Jamais sans une rareté Montpellier Corum, Opéra Berlioz 07/19/2011 - Franz Lehár : Eine Vision, Meine Jugendzeit (création)
Aram Khatchaturian : Concerto pour violon
Camille Saint-Saëns : Symphonie n°3 « avec orgue », opus 78 Arabella Steinbacher (violon), Olivier Vernet (orgue)
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction)
A. Steinbacher (© Robert Vano)
Le destin en a décidé autrement. Directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Yakov Kreizberg, décédé en mars dernier, aurait dû se produire à sa tête le 19 juillet au festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon. Il est remplacé par le Japonais Kazuki Yamada (né en 1979), grand prix et prix du public au concours de Besançon (2009), qui possède déjà un solide curriculum vitæ et a devant lui d’enthousiasmantes perspectives puisqu’il deviendra le premier chef invité de l’Orchestre de la Suisse romande à compter de la saison 2012/2013.
Franz Lehár, connu pour ses nombreux ouvrages lyriques mais nettement moins pour le reste de son œuvre, constitue ainsi la rareté sans laquelle on ne saurait concevoir une soirée programmée par René Koering. Une vision, ma jeunesse (1907), poème symphonique d’un peu moins de dix minutes, est créé à cette occasion, ce qu’il est difficile de croire compte tenu de sa valeur ; reposant sur une forme classique en arche, cet ouvrage, qui adopte un ton pastoral du plus bel effet, témoigne d’un réel talent de mélodiste et d’orchestrateur.
Vêtue d’une élégance robe rouge, Arabella Steinbacher entre ensuite sur scène pour interpréter le Concerto (1940) de Khatchaturian. La jeune femme, qui peut se prévaloir d’une belle carrière, traverse les difficultés avec une stupéfiante aisance : archet glissant sur les cordes sans résistance, articulation et intonation irréprochables, diversité de la palette dynamique. Il s’agit sans aucun doute d’une lecture olympienne et argumentée, mais l’œuvre supporte, et nécessite, un jeu autrement plus chaleureux et corsé. L’orchestre livre une prestation de bon aloi, bien que la mise en place manque parfois d’exactitude, notamment dans l’Andante sostenuto. Les bois ne se montrent pas toujours nets mais les cordes s’avèrent en revanche plus constantes. La violoniste ne s’épanche pas davantage dans le bis, le premier mouvement (« Obsession ») de la Deuxième Sonate pour violon seul d’Ysaÿe.
La Troisième Symphonie « avec orgue » (1885-1886) compte parmi les œuvres les plus populaires de Saint-Saëns mais apparaît-elle à l’affiche si souvent que cela ? Un référencement de ses exécutions en France sur les cinq dernières années pourrait occasionner quelque surprise et ne parlons même pas de ses autres symphonies dans lesquelles Jean-Pierre Le Pavec, le successeur de René Koering à la direction du festival, ferait bien de puiser. Bien que l’orgue n’intervienne pas en permanence, tant s’en faut, le festival se paie le luxe de s’offrir un interprète de renom en la personne d’Olivier Vernet dont la prestation ne souffre aucune critique. Sans aucun doute, Kazuki Yamada a le bras requis pour tirer le meilleur d’un orchestre et le talent indispensable pour restituer le contenu émotionnel et les lignes de force d’une partition. La péroraison, par exemple, est majestueuse et fougueuse à souhait. De façon générale, le choix des tempi s’impose naturellement, sauf peut-être dans le Poco adagio, allongé jusqu’à frôler le point de rupture. La formation monégasque a sérieusement préparé son interprétation, suffisamment svelte et puissante, et affiche un niveau de jeu des plus appréciables. Les musiciens prennent congé du public avec, en bis, l’Intermezzo de Cavalleria rusticana de Mascagni.
Le site d’Arabella Steinbacher
Le site d’Olivier Vernet
Le site de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo
Sébastien Foucart
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