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Bagatelle pour un octuor

Paris
Orangerie de Bagatelle
07/21/2011 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintette avec clarinette, K. 581 (*)
Philippe Hersant : Nachtgesang
Franz Schubert : Quintette avec piano «La Truite», D. 667

Octuor de France: Jean-Louis Sajot (clarinette), Yuriko Naganuma, Jean-Christophe Grall (*) (violon), Laurent Jouanneau (alto), Paul Broutin (violoncelle), Jean-Olivier Bacquet (contrebasse), David Braslawsky (piano)


L’Octuor de France (© Dany Gander-Gosse/Mairie de Paris)


L’été est un concept calendaire avant d’être climatique: c’est ce que viennent rappeler une météo toujours aussi peu de saison et la fidélité de l’Octuor de France à l’Orangerie de Bagatelle, chaque année depuis 1993, entre le 14 juillet et le 15 août, au fil de neuf concerts, le jeudi à 20 heures 30 et le dimanche (ainsi que le 15 août) à 16 heures 30, qui selon les habitudes de la formation fondée par le clarinettiste Jean-Louis Sajot en 1979, alternent habilement grands classiques (Beethoven, Brahms, Mozart, Schubert) et découvertes plus aventureuses (Berwald, Adolphe Blanc, Bruch, Hummel, Reicha, Taneïev).


Devant un nombreux public qui continue à être admis dans la salle alors que la musique a déjà commencé, la soirée inaugurale, enrichie d’une remarquable présentation liminaire des œuvres, assez célèbres pour que Georges Boyer puisse se contenter d’une pertinente mise en perspective, s’en tient pour l’essentiel au très grand répertoire – ainsi du Quintette avec clarinette (1789) de Mozart. Paisible, pour ne pas dire nonchalante, l’interprétation prend son temps, et pas seulement dans le Larghetto, comme si les musiciens voulaient se faire plaisir, jusqu’à retenir encore plus l’allure dans la variation mineure puis dans la variation lente du Finale. Accompagné de cordes parfois en délicatesse avec la justesse, Jean-Louis Sajot impose une réalisation impeccable, un jeu souple et une sonorité fruitée, un rien acidulée.


Dans ce programme germanique, Philippe Hersant, jamais en défaut de références à cet univers qui lui est consubstantiel, vient s’insérer sans peine après l’entracte. C’est évidemment le cas, du moins dans son titre, de Nachtgesang (1988), pour clarinette et trio avec piano. Le compositeur indique lui-même qu’on «peut la considérer comme un hommage aux romantiques allemands, ce qu’indique clairement le titre, dont les résonances schumaniennes et schubertiennes sont évidentes». C’est toutefois déjà moins évident de la formation, dont la clarinette rappelle certes la tradition allemande, de Weber à Bruch via Schumann et Brahms, mais aussi, associée aux cordes et au piano, les Contrastes de Bartók, dont on pourra peut-être trouver ici quelque écho lointain. Et c’est encore moins évident de la musique, sorte de divagation – au sens propre – nocturne dont le caractère incantatoire évoque Jolivet, qui compta tant pour Hersant, avant de s’éclaircir par les trilles du piano dans l’aigu et les harmoniques du piano.


Prenant nettement moins le public à rebrousse-poil, le Quintette «La Truite» (1819) de Schubert permet de faire connaissance avec le contrebassiste Jean-Olivier Bacquet, membre de l’Orchestre national, qui a remplacé Michel Fouquet – par ailleurs, Mehdi El Hammami a succédé à Jacques Thareau au basson. Les musiciens s’élancent avec davantage d’alacrité que dans Mozart en première partie, en particulier le piano primesautier de David Braslawsky, mais ces bonnes intentions tendent ensuite à s’enliser et à ne revenir que par intermittence.


Le site de l’Octuor de France
Le site de Philippe Hersant



Simon Corley

 

 

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