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Et même un peu de soleil

Paris
Hôtel de Soubise
07/19/2011 -  
Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 1, opus 78
Nicolas Bacri : Sonate pour violon et piano n° 2, opus 75
Franz Schubert : Fantaisie pour violon et piano, D. 934

Julien Szulman (violon), François Dumont (piano)


J. Szulman (© Jérôme Panconi)


Mais pourquoi diable le festival européen «Jeunes talents» est-il organisé cette année en octobre? En ce mardi, la pluie, commencée à l’aube, ne s’est interrompue qu’en tout début de soirée, trop tard pour éviter que le récital ne doive de nouveau se replier de la cour de Guise vers la salle des gardes de l’hôtel de Soubise, où, en 1787, auraient été données pour la première fois les Symphonies «Parisiennes» de Haydn, comme se plaît à le rappeler le directeur artistique, Laurent Bureau.


Trêve de plaisanteries, nous sommes hélas bien en juillet, créneau fort opportunément choisi par le festival depuis sa création en 2001 pour pimenter la vie musicale de la capitale, bien morne en cette saison. Si le public n’a guère pu goûter aux charmes du plein air jusqu’à présent, la programmation n’en conserve pas moins toutes ses qualités, en particulier lorsqu’elle met en vedette des musiciens qui, nés tous deux en 1985 et issus de la classe de musique de chambre de Pierre-Laurent Aimard au CNSM de Paris, appartiennent certes bien à la catégorie des «jeunes talents», mais qui, ayant déjà acquis une légitime notoriété, se produisent dans ce cadre bien plus par fidélité à l’association que par nécessité de bénéficier d’un «tremplin».


Julien Szulman, cinquième prix au concours Long Thibaud (2005), et François Dumont, lauréat du Concours Reine Elisabeth (2007) et sixième prix au concours Chopin (2010), ont choisi un programme court mais dense, débutant... sous la pluie, puisque dans sa Première Sonate (1879), parfois appelée «Regensonate», Brahms cite l’un de ses propres lieder, «Chanson de la pluie». Sans doute un peu tendu, ce dont témoigne une intonation parfois contestable, le violoniste cultive davantage la finesse que la rondeur, mais sans se réfugier pour autant dans une pâle évanescence. De même, dans cette œuvre qui prend congé dans la nuance piano, son expression pudique refuse les passions débridées et les effusions généreuses pour revenir à une certaine manière beethovénienne. Bien plus que simple accompagnateur, également soucieux de ne pas rester à la surface du texte, le pianiste se révèle davantage comme un alter ego de son partenaire: s’il s’est fait connaître dans Mozart et Chopin, notamment au disque, il se révèle un brahmsien accompli, à la sonorité à la fois subtile et profonde.


«Associé» à l’Ensemble orchestral de Paris et en «résidence» au festival des Forêts, Nicolas Bacri est en outre «invité» de cette édition du festival «Jeunes talents». Présentant brièvement sa Deuxième Sonate (2002), il insiste sur la volonté qu’il a eue de «stimuler l’intellect autant que la dimension émotionnelle et affective, de joindre le rationnel – l’espoir que la transformation du matériau musical soit sensible à l’oreille – à l’irrationnel – un constant souci de lyrisme», spécialement dans l’Elégie centrale, «sorte d’aria à l’épanchement lyrique continu». Comme souvent chez Bacri, la noirceur et l’âpreté du propos, oscillant entre tonalité et atonalité, font penser au dernier Chostakovitch, même si une énergie plus positive se dégage peut-être du Rondo final. Se départant de la retenue qu’ils avaient conservée dans Brahms, les deux musiciens rendent justice à ce quart d’heure de «lave en fusion» (que Bacri évoque à propos de l’Allegro feroce du premier mouvement).


Après l’entracte, la Fantaisie en ut (1827) de Schubert, bien trop rare alors qu’elle est évidemment la plus importante de ses quelques contributions, peu nombreuses, au répertoire des violonistes, constitue le meilleur moment de la soirée. Hypnotisantes ou hypnotisées, on ne sait trop, les longues phrases initiales se déploient comme venues d’un autre monde, suivies d’un Allegretto engagé et charpenté, jamais débraillé, et d’un Andantino à variations d’une grâce éminemment schubertienne (malgré son thème mozartien). Dans cette partition d’un seul tenant, Szulman et Dumont font démonstration de leur art de la transition, pour parvenir à l’Allegro vivace final, terrien mais pas rustique. Et même un peu de soleil, quand même, pour finir, avec en bis la Vocalise-étude, en forme de habanera (1907) de Ravel.


Le site de Julien Szulman
Le site de François Dumont
Le site de Nicolas Bacri



Simon Corley

 

 

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