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Evénement décennal

Paris
Salle Pleyel
06/25/2011 -  et 23 juin 2011 (Strasbourg)
Arnold Schönberg : Gurre-Lieder

Ricarda Merbeth (Tove), Lance Ryan (Waldemar), Anna Larsson (Stimme der Waldtaube), Barbara Sukowa (Sprecherin), Albert Dohmen (Bauer), Arnold Bezuyen (Klaus-Narr)
Ceský filharmonický sbor Brno, Petr Fiala (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marc Albrecht (direction)


A. Larsson (© Thron Ullberg)


Pour marquer la fin de ses fonctions à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, dont il est le directeur musical depuis 2006, Marc Albrecht, qui rejoint l’Opéra et l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas à la rentrée prochaine et qui sera remplacé à compter de septembre 2012 par le Slovène Marko Letonja, l’un de ceux ayant contribué au triomphe du Ring de David McVicar à l’Opéra du Rhin, a vu grand. Très grand, même, puisque qu’il a choisi une partition emblématique de son répertoire de prédilection, le postromantisme germanique, et fameuse pour son gigantisme, les Gurre-Lieder (1911). Même s’il ne faut évidemment pas que cet aspect soit l’arbre qui cache la forêt, sa durée (une heure et cinquante minutes) et les forces qu’elle mobilise ne laissent pas d’impressionner: cent quarante-six musiciens, dont quatre-vingts cordes, vingt-cinq bois et vingt-six cuivres, cent quatre choristes et six solistes, au point qu’il a fallu étendre le plateau par un proscenium empiétant sur les premiers rangs du parterre. Et comment ne pas être fasciné, un siècle exactement après son achèvement, par l’immense partition ouverte sur le pupitre du chef, le compositeur ayant dû recourir, afin de mener à bien sa tâche, à un papier à musique comprenant quarante-huit portées réalisé à sa demande?


Même si des mastodontes comparables ont été montés à plusieurs reprises à Paris, à commencer par la Symphonie «des mille» de Mahler (deux fois ne serait-ce que cette saison), une exécution de l’œuvre de Schönberg constitue d’autant plus un événement qu’elle y est pour le moins rare. Même la capitale alsacienne, où elle a été jouée deux jours plus tôt (voir ici), est mieux lotie, puisqu’elle avait pu l’entendre en septembre 2006 sous la direction de Michael Gielen. Car à Paris, il faut remonter à décembre 1999 salle Pleyel, pour l’avant-dernier concert de Marek Janowski avec le Philharmonique de Radio France, et, pour la précédente, sans doute au début des années 1980 avec Seiji Ozawa et le National au Théâtre des Champs-Elysées. Trois fois en trente ans, en fin de compte.


Le Philharmonique de Strasbourg, régulièrement invité ces dernières années (octobre 2006, mai 2007 et mars 2009), ne se montre pas exceptionnellement séduisant, brillant, moelleux ou coloré. Pas toujours impeccable, il se défend cependant avec une vaillance constante, bien mené par Marc Albrecht, qui insuffle un sens dramatique très efficace, évite la saturation, ne couvre pas les chanteurs et débrouille autant que possible les multiples écheveaux contrapuntiques dans un lieu qui, s’il n’est pas idéal, demeure le plus approprié à Paris, en attendant la Philharmonie.


A défaut de reproduction des textes dans le programme de salle, le public bénéficie d’un surtitrage que l’excellente diction des solistes rend presque superflue, du moins pour les germanophones. Remplaçant Christiane Iven, initialement annoncée, Ricarda Merbeth s’en sort plus qu’honorablement, faisant valoir une voix plus veloutée que puissante. Egalement à l’avant-scène à côté du chef, Lance Ryan réussit ses débuts dans le rôle de Waldemar: non seulement il possède le format du heldentenor, mais ses graves sont au moins aussi remarquables que ses aigus, un peu métalliques et à l’intonation parfois incertaine. Les trois autres chanteurs se succèdent à hauteur de la moitié de l’orchestre, devant les harpes côté jardin ou à l’extrémité des pupitres de hautbois et bassons côté cour. Anna Larsson dans l’air de la colombe des bois (Waldtaube), avec son timbre somptueux et son expression saisissante, est assurément celle qui s’impose le plus nettement. Luxueusement distribués vu la modestie de leurs interventions, le paysan d’Albert Dohmen et le bouffon d’Arnold Bezuyen auraient sans doute gagné à être placés devant l’orchestre, mais n’en sont pas moins tous deux excellents.


Surgie du fin fond des altos et violoncelles, où elle était discrètement assise, pour s’avancer de quelques pas parmi les musiciens, Barbara Sukowa, quant à elle, ne rencontre pas de telles difficultés, car elle bénéficie d’une amplification, au demeurant un peu excessive: sa voix féminine surprend dans cette partie de récitant(e), mais l’actrice-chanteuse allemande adopte un ton halluciné qui convient bien à ce moment d’exaltation. Préparé par Petr Fiala, qui le fonda voici plus de vingt ans, le Chœur philharmonique tchèque de Brno apporte une contribution de grande qualité, particulièrement les hommes dans le mystérieux passage «Der Hahn erhebt den Kopf sur Kraht».


Rendez-vous vers 2021...


Le site de Ricarda Merbeth
Le site de Lance Ryan
Le site d’Anna Larsson
Le site d’Arnold Bezuyen
Le site de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg
Le site du Chœur philharmonique tchèque de Brno



Simon Corley

 

 

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