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Garder le cap

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Horrues (Eglise Saint-Martin)
06/18/2011 -  
Alexander Arutunian : Scherzo de concert pour trompette et piano
Georges Enesco : Légende pour trompette et piano
Gabriel Fauré : Barcarolle n°1, opus 33 – Le Papillon et la Fleur, opus 1 n° 1 (transcription pour trompette et piano)
Maurice Ravel : Pièce en forme de Habanera
Alexandre Goedicke : Etude de concert pour trompette et piano, opus 49
Philippe Hersant : Folk tunes
Jean-Paul Penin : Tableaux parisiens (création)
Philippe Gaubert : Cantabile et Scherzetto pour cornet et piano
Jean-Baptiste Arban : Thème et variations sur le Carnaval de Venise pour cornet et piano

Romain Leleu (trompette), Julien Gernay (piano)


R. Leleu (© Eric Manas)


Malgré la crise économique qui l’a frappé de plein fouet il y a deux ans, l’Eté musical d’Horrues garde le cap et affronte les turbulences, pour reprendre le terme employé par Anne-Marie Potvin, fondatrice et directrice artistique, dans sa traditionnelle intervention en prélude au premier concert de la dix-neuvième édition. Le nombre de rendez-vous est identique à celui de l’année passée, soit cinq, et le programme se consacre comme d’habitude à la musique pour piano et de chambre. Un seul mot d’ordre : la qualité, celle des œuvres choisies, des artistes invités, de l’accueil réservé au public qui a la bonne idée de s’y rendre et du lieu, l’église du village, une petite merveille qui justifierait à elle seule la visite. Néanmoins, en regard de la modeste affluence de ce samedi soir, un constat s’impose : ce festival n’a pas le succès qu’il mérite. Lorenzo Gatto, Gérard Caussé, Luc Dewez, Nicolas Stavy, le Trio Talweg, François-Frédéric Guy, Eléonore Darmon et Julien Libeer se succèderont jusqu’au 26 juin. L’affiche illustre de nouveau un intérêt particulier pour les jeunes musiciens, belges, bien sûr, mais aussi français.


Révélation instrumentale aux Victoires de la musique classique en 2009, entre autres récompenses, Romain Leleu (né en 1983) se produit en récital avec Julien Gernay, pianiste belge ayant vu le jour, quant à lui, en 1981. De la trompette dans un édifice religieux, voilà qui pourrait rebuter nombre de personnes effrayées par une réverbération trop généreuse et un instrument qui souffre encore de préjugés. Dès la version pour piano du bref et pétulant Scherzo de concert (1955) d’Alexander Arutunian (né en 1920), auteur d’un incontournable Concerto pour cet instrument, les appréhensions se dissipent rapidement grâce à la formidable virtuosité du trompettiste, doublée d’un son délectable, et à une acoustique décidément parfaite. Le mélomane attaché à des conditions d’écoute optimales doit par contre s’accommoder d’inopportuns babillages d’enfants qui, heureusement, prendront fin au cours de la seconde partie.


Romain Leleu prend ensuite la peine de présenter le reste du programme qui se poursuit avec la Légende (1905) d’Enesco, occasion d’admirer cette fois le soin impeccable porté aux phrasés. Afin probablement de permettre à son partenaire de reprendre son souffle, Julien Gernay livre une interprétation délicate mais sans maniérisme de la Première Barcarolle (1883) de Fauré dont la première mélodie, Le Papillon et la Fleur (1861), a fait l’objet d’une transcription pour trompette et piano. Faisant suite à la Pièce en forme de Habanera (1907) de Ravel, adaptée de multiples fois pour toute sorte d’instruments, cette pièce remplie de finesse, ce que traduisent les musiciens, met un terme à la (courte) première partie de ce récital.


La seconde débute avec une page d’un autre Alexander, Goedicke (1877-1957), compositeur russe d’origine allemande et cousin de Medtner. L’Etude de concert (1948), également dans une version pour piano, démontre, s’il en était besoin, la maîtrise de Romain Leleu (précision, clarté) qui parvient à souligner les nuances que comportent la partition. Revoici le jeune homme, seul cette fois, pour interpréter les Folk tunes (2009) que Philippe Hersant (né en 1948) a écrits à son intention : ouvrage fidèle à la réputation de son auteur et évoluant volontiers dans les registres aigus. Au tour de Julien Gernay d’apparaitre seul pour créer les Tableaux parisiens, conçus à l’origine pour deux pianos, que Jean-Paul Penin (né en 1949) a dédiés à Anne-Marie Potvin, toujours sensible, comme elle l’indique, à cette marque d’amitié. Pas moderne pour un sou, ce qui ne signifie pas dépourvu de recherche, le langage adopté dans ce triptyque (« Le Pont des Arts », « La Fontaine Médicis », « Rencontre ») par ce musicien à multiples casquettes (compositeur, chef d’orchestre, musicologue auteur de Les Baroqueux ou le musicalement correct) est susceptible de plaire au plus grand nombre. Le public réserve d’ailleurs un bon accueil à cet ouvrage agréable et défendu avec conscience.


La soirée se termine avec deux pièces pour cornet, le Cantabile et Scherzetto de Gaubert ainsi que les brillants Thème et variations sur le Carnaval de Venise (1864) de Jean-Baptise Arban (1825-1889) qui a laissé une méthode encore employée aujourd’hui et contribué au perfectionnement de la facture du cornet. Autre instrument présenté ce soir, le bugle, avec lequel Romain Leleu joue, en guise de bis, un extrait de la scène des Champs-Elysées d’Orphée et Eurydice de Gluck. Sans comporter d’immenses chefs-d’œuvre, ce concert change de l’ordinaire, et c’est bien ainsi.


Le site de l’Eté musical d’Horrues
Le site de Romain Leleu



Sébastien Foucart

 

 

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