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Musiques de l’Est

Geneva
Victoria Hall
05/31/2011 -  et 1er* juin 2011
Zoltán Kodály: Danses de Galánta
Béla Bartók: Concerto pour violon et orchestre n° 2, sz. 112
Serge Prokofiev: Symphonie n° 5, op. 100

Nikolaj Znaider (Violon)
Orchestre de la Suisse Romande, Kazushi Ono (Direction)


K. Ono (© Eisuke Miyoshi)


Neeme Järvi, le futur directeur musical de l’OSR, avait insisté sur l’importance de jouer les œuvres de compositeurs méconnus. Il avait ainsi cité dans la conférence de presse qu’il a donnée l’an dernier les noms de Hans Rott, Carl Nielsen, Eduard Tubin et bien d’autres. Il faudrait de toute urgence y ajouter celui de Zoltán Kodály, dont l’œuvre ne se limite pas à la suite de Háry János et qui contient des trésors comme un somptueux Concerto pour orchestre, aîné de quatre ans de celui de Bartók, les Variations « Le Paon » et, ce qui est probablement son chef-d’œuvre, le Psalmus Hungaricus.


Ces Danses de Galánta sont directement inspirées des mélodies traditionnelles hongroises qu’ont également célébré en leurs temps un Brahms ou un Dvorák. Les rythmes et les couleurs sont irrésistibles mais la musique sait alterner des passages nostalgiques avec ceux plus festifs. La clarinette experte de Dmitry Rasul-Kareyev a droit à des solos « klezmer » où il peut faire apprécier l’étendue de sa dynamique sonore. Les autres instrumentistes ne sont pas en reste et en particulier Sarah Rumer à la flûte, qui a dans un des tutti finaux un passage délicat où elle double les cordes. Même si à une ou deux reprises, les cors sont un peu trop en avant dans quelques tutti, Kazushi Ono mène l’ensemble avec assurance, autorité et surtout un enthousiasme contagieux.


Le Second Concerto pour violon de Bartók fait-il partie du répertoire de base de Nikolaj Znaider ? On peut avoir des interrogations lorsqu’on voit qu’il lui faut encore recourir à la partition mais on a hélas plus de doutes en entendant quelques petites fautes d’intonation ou des décalages inattendus venant d’un artiste de ce niveau. Il faut enfin admettre qu’il ne semble simplement pas s’être approprié cette partition dont il ne donne qu’une lecture très timide. Seul l’énoncé du thème du troisième mouvement a du relief mais dans le restant de l’œuvre, l’expression est en retrait, le mystère est absent et alors qu’il possède une technique de premier plan, ses aigus manquent singulièrement de brillant. Donnée en bis, La Bourrée de la Première Partita de Bach nous permet de retrouver le niveau auquel cet artiste nous a habitué. Oublions rapidement cette exécution décevante.


La Cinquième Symphonie de Serge Prokofiev fait partie des œuvres les plus jouées du compositeur russe. Il est possible de voir dans cette popularité le fait qu’elle « finit bien », à l’opposé de la Sixième, œuvre qui, elle, reste trop absente des programmes de concert. Mais ce serait oublier, au-delà du final triomphant, à quel point Prokofiev a réussi dans cette pièce écrite durant la guerre à créer une grande variété d’atmosphères fortes en particulier dans les deux mouvements lents qui expriment angoisse et tension.


Faisant preuve d’une grande maîtrise technique, Kazushi Ono adopte des tempi allants, ce qui permet d’« alléger » de nombreux passages très fortement orchestrés. Il fait sortir de la masse des quatre-vingt-dix musiciens logés sur l’étroite scène du Victorial Hall un son clair qui met en valeur la grandeur de la ligne musicale voulue par le compositeur. En bon chef de théâtre, Ono sait caractériser cette symphonie tout en respectant l’architecture d’une œuvre aussi architecturée qu’une sonate de Beethoven. Même s’il est toujours délicat de jouer des pièces de cette envergure dans cette salle, l’orchestre trouve des couleurs fortes et le pupitre des cuivres, en particulier celui les trompettes, se montre sous son meilleur jour. Lyon où officie Kazushi Ono est à peine à deux heures de train de Genève. L’OSR devrait prendre habitude d’inviter sans hésiter un chef qui le fait jouer à un tel niveau.


L’Orchestre qui donnait le dernier concert de cette saison symphonique 2010-2011 retrouvera très bientôt le monde de Prokofiev puisque qu’il enchaînera six représentations de la reprise de L’Amour des trois oranges qui sera à l’affiche du Grand Théâtre à partir du 13 juin.



Antoine Leboyer

 

 

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