About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Sérénades de midi

Paris
Studio Bastille
04/28/2011 -  
Ludwig van Beethoven : Sérénade pour flûte, violon et alto, opus 25
Erwin Schulhoff : Concertino pour flûte, alto et contrebasse, WV 75
Max Reger : Sérénade pour flûte, violon et alto, opus 141a

Cécile Nessi (flûte), Thibault Vieux (violon), Jean-Charles Monciero (alto), Sylvain Le Provost (contrebasse)


(© Jean-Pierre Delagarde)


L’Orchestre de l’Opéra national de Paris ne sort désormais que rarement de la fosse pour des concerts symphoniques: dommage, car beaucoup sont ceux qui le tiennent, non sans raison, pour la meilleure formation de la capitale. Heureusement, les occasions ne manquent pas, en revanche, de pouvoir entendre ses musiciens pour des séances de musique de chambre, dans le cadre soit des «Salons musicaux» du dimanche soir à Garnier, souvent en lien avec les opéras à l’affiche au même moment, soit des «Jeudis de Bastille» dans le petit «studio», côté est du bâtiment de Carlos Ott. Outre son prix modique (5 euros), cette heure de musique prise sur le temps du déjeuner vaut le détour pour l’originalité de ses programmes: le 5 mai, seront ainsi donnés le Trio pour clarinette, violoncelle et piano de Zemlinsky et le Quatuor pour clarinette, violon, violoncelle et piano de Hindemith.


L’association de la flûte aux cordes, qui parvient à faire l’impasse sur les incontournables Quatuors de Mozart, n’est pas moins intéressante. Dans ce contexte, la Sérénade (1796) pour flûte, violon et alto de Beethoven ferait presque figure de «tube», mais c’est une bonne idée que de commencer par cette œuvre. Car si elle n’apporte certes rien d’essentiel à la connaissance du compositeur, elle tient lieu ici de référence aux deux suivantes, interprétée avec distinction par Cécile Nessi, deuxième flûte soliste, soutenue par l’excellente prestation de ses partenaires Thibault Vieux, troisième violon solo, et Jean-Charles Monciero, troisième alto solo.


Moins épicé que bon nombre de ses partitions contemporaines, le Concertino (1925) pour flûte, alto et contrebasse de Schulhoff cultive cependant les recherches rythmiques et les oppositions de registres – d’autant que la flûte prend le piccolo pour toute la durée du «Furiant» et une partie du «Rondino» – mais dispense, dans les deux mouvements impairs, une douceur et une suavité inattendues, fort bien mises en valeur par Cécile Nessi. Mais les mouvements pairs rappellent tout l’humour dont le Tchèque est capable, quoique sans doute moins grinçant qu’à son habitude. Evoquant aussi bien Prokofiev et Hindemith que Janácek, la partition oscille donc avec bonheur entre lyrisme et divertissement, parfaitement servie par la contrebasse toujours soigneusement timbrée de Sylvain Le Provost, deuxième solo.


A onze années d’intervalle, Reger a publié deux recueils (opus 77 et opus 141) comprenant chacun une sérénade pour flûte (ou violon), violon et alto et un trio à cordes. La première s’inscrit d’autant plus dans la descendance de Beethoven qu’elle est également en : c’est celle que les musiciens de l’Opéra – déjà – avaient choisie voici exactement cinq ans. Mais celle en sol (1915), tout aussi libre et capricieuse jusqu’à son apaisement final, n’a rien à lui envier en néoclassicisme, en fraîcheur et en légèreté, en rêverie et en tendresse, annonçant l’alacrité de Martinů tout en se laissant aller à de délicieuses modulations straussiennes: nouveau et radieux démenti au cliché d’un Reger lourd et austère.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com