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Du répertoire, on vous dit…

Paris
Opéra Bastille
04/20/2011 -  et 22*, 24, 27, 29 avril, 2, 5, 11, 14, 18 mai 2011
Giacomo Puccini : Tosca
Iano Tamar (Tosca), Massimo Giordano/Carlo Ventre* (Mario Cavaradossi), Franck Ferrari (Scarpia), Carlo Cigni (Cesare Angelotti), Francisco Almanza (Spoletta), Matteo Peirone (Il Sagrestano), Vladimir Kapshuk (Sciarrone), Christian Tréguier (Un Carceriere)
Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris, Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris, Renato Palumbo (direction)
Werner Schroeter (mise en scène, réalisée par Alejandro Stadler)


(© Franck Ferville Opéra national de Paris)


Du répertoire ? D’accord. Il est bon qu’une saison associe tubes et raretés, qu’on voie aussi bien Tosca que Mathis le peintre. Encore faudrait-il montrer plus de discernement dans le choix des reprises. Pourquoi nous resservir cette Tosca ratée de Werner Schroeter, qu’on nous inflige régulièrement depuis 1994 ? Le cinéaste allemand, disparu en 2010, méritait meilleur hommage. Dans des décors très laids, à l’abstraction creuse, la statue de la madone, la table de Scarpia, l’ange suspendu – un ange déchu ? rédempteur ? – semblent perdus et incongrus. Le parti pris d’expressionnisme au premier degré nous renvoie à ce que l’on voyait il y a des décennies dans les provinces : même le grandiloquent Te Deum, où des dévotes tombent en pâmoison, ne fait pas son effet. La direction d’acteurs, surtout, afflige par une grandiloquence virant souvent au Grand Guignol : on se retient de rire quand Scarpia porte la main sur Tosca ou que la cantatrice traquée saute dans le vide.


On aurait pu oublier. Comme aime à le dire le maître de maison, l’opéra est d’abord une affaire de voix. Malheureusement, la distribution ne compense guère l’indigence de la production. Certes Iano Tamar se tire assez bien d’affaire alors que Tosca la conduit dangereusement à la limite de ses moyens : on aime son timbre charnu, l’homogénéité maîtrisée des registres dans un rôle qui la menace sans cesse, une certaine tenue vocale malgré des aigus un peu trop bas, notamment dans la prière. On lui sait gré aussi d’assumer une certaine fragilité, de ne pas jouer les tigresses ou les harengères, de chanter tel qu’il est écrit, au lieu de le parler, le « E avanti a lui tremava tutta Roma ». Bref, une Tosca probe et sensible, en deçà malgré tout de ce qu’on attend d’une telle héroïne d’opéra.


Carlo Ventre, en revanche, ne sait que chanter forte, plus appliqué à donner de la voix qu’à soigner son legato, ratant du coup « O dolci mani », entachant son Mario de tics véristes hérités d’une mauvaise tradition, qui n’a rien à faire avec Puccini. La mauvaise tradition, le Scarpia de Franck Ferrari ne l’incarne pas moins, avec ses phrasés sommaires, pas davantage porté sur la nuance, trop uniformément noir, étranger à la perversité parfois raffinée du baron, devenue chez lui lubricité primaire. Les seconds rôles, en revanche, si importants pour une bonne Tosca, sont bien campés, à commencer par le puissant Angelotti de Carlo Cigni et le Spoletta vipérin de Francisco Almanza.


Déception également du côté de la fosse, d’autant plus que Tosca est un opéra de chef. Pas plus heureux que dans Un bal masqué, Renato Palumbo, s’il a le sens de l’urgence nécessaire à un melodramma où tout va si vite, comme dans un thriller, ne rend guère justice aux subtilités de l’orchestre de Puccini : expéditif et bousculé, souvent bruyant, jamais poétique, même dans le lever du jour du troisième acte.


Si c’est ça, le répertoire…



Didier van Moere

 

 

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