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Le filon brahmsien

Normandie
Deauville (Théâtre du Casino)
04/16/2011 -  
Antonín Dvorák : Cyprise, B. 152 n° 2, n° 11 et n° 12 – Quintette avec piano n° 2, opus 81, B. 155 (+)
Johannes Brahms : Danses hongroises n° 14 à 21 (# &) – Liebesliederwalzer, opus 52 (# &) – Neue Liebesliederwalzer, opus 65 (# &)

David Kadouch (+), Adam Laloum (#), Guillaume Vincent (&) (piano), Ensemble vocal Aedes, Mathieu Romano (direction), Quatuor Raphaël: Pierre Fouchenneret, Pablo Schatzman (violon), Arnaud Thorette (alto), Maja Bogdanovic (violoncelle)




Comme chaque année, le Festival de Pâques de Deauville, essentiellement consacré à la musique de chambre, se déroule sur plusieurs fins de semaine – trois cette année –, jouant habilement sur les périodes de vacances scolaires et comptant sur la proximité de la cité balnéaire avec Paris, à deux heures de la capitale. Celui de cette année, le quinzième, doit s’achever le dimanche 24 avril. Comme précédemment, il permet de réunir et de découvrir de jeunes instrumentistes, cooptés par les plus anciens, ceux qui, reconnus voire célèbres, mènent de belles carrières internationales. Cette année, il y a donc la part habituelle du renouvellement des générations et la participation fidèle ou reconnaissante des fondateurs (Nicholas Angelich, Jérôme Ducros, Jérôme Pernoo) ou de leurs successeurs (Jonas Vitaud, Bertrand Chamayou). La nouveauté d’avril 2011 réside dans le lieu des concerts: la salle du Centre international de Deauville (CID) de l’an dernier, modulable, d’une laideur imbattable et à l’acoustique décidément catastrophique a été opportunément remplacée par le petit théâtre du casino, réplique du Théâtre de la reine situé dans les jardins du Petit Trianon à Versailles, la salle de bois de ventes des yearlings étant encore en travaux et l’auditorium, annoncé un temps à l’entrée de la ville, n’étant plus à l’ordre du jour. Si le lieu est, à l’évidence, plus adapté à des concerts de musique classique, il faut cependant regretter que les organisateurs aient cru utile de diffuser avant chaque concert comme lors des pauses des extraits d’enregistrements d’éditions précédentes, en guise de spot publicitaire ou de musique d’ambiance…


On peut aussi déplorer que l’édition 2011 accuse autant les traits traditionnels de la programmation du festival. Si rien ne doit fâcher, elle est cette fois-ci excessivement consacrée aux pages romantiques et postromantiques, notamment germaniques. Certes, elles permettent peut-être de mieux apprécier le talent des jeunes artistes que l’on peut ainsi juger au regard de celui des plus anciens et d’attirer un public plus nombreux mais il reste un peu surprenant que la jeune génération se cantonne ainsi à des programmes aussi sages que convenus. De surcroît, certaines des œuvres proposées ont été déjà entendues il y a quelque temps comme si le champ de la musique de chambre était limité. Le 15 avril était interprété le Cinquième trio de Beethoven déjà proposé en 2009 et le Quatuor avec piano de Schumann programmé en 2006, le 22 avril sera jouée la Sonate pour deux pianos et percussions de Bartók présentée en 2004 , le 24 avril seront interprétés les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler dans la transcription de Schönberg déjà entendus en 2005 comme les fidèles du festival s’en souviennent.


Le quatrième concert de la série de huit de cette année s’inscrivait bien dans la ligne générale, le filon brahmsien étant exploité à fond. Les Cyprès (1887) d’Antonín Dvorák (1841-1904), œuvre plutôt insignifiante de jeunesse arrangée pour quatuor à cordes, d’un charme heureusement ramassé, constitua pour le Quatuor Raphaël un tour de chauffe, la mise en place instrumentale se révélant quelque peu approximative. La réalisation du Quintette pour piano et cordes (1887) parut beaucoup mieux maîtrisée, le jeu pianistique fort nuancé de David Kadouch constituant un appui aussi sûr que constant pour le jeune quatuor, sans aucunement l’écraser. L’équilibre de l’ensemble n’empêcha pas de remarquer au cours des mélodies, plus belles les unes que les autres, des airs enchaînés et répétés à satiété, la délicatesse de son toucher, notamment dans l’Andante con moto, et le chant fort élégant du violoncelle dans les mains de Maja Bogdanovic, le troisième mouvement presque mendelssohnien précédant un superbe Allegro final aux gazouillis menés sans alourdissement déplacé.


Après une pause permettant d’entrapercevoir derrière des vitres de nombreuses personnes hypnotisées par les clinquantes machines à sous du casino et attendant le cliquetis improbable de la manne métallique, Adam Laloum, à la tenue quelque peu négligée, et Guillaume Vincent interprétèrent les huit dernières Danses hongroises (1869-1880) pour piano à quatre mains de Johannes Brahms (1833-1897). Peu dansantes, voire pataudes, elles furent consciencieusement hachées et malgré les décalages obtinrent, comme on pouvait s’y attendre après les tonnerres d’applaudissements ayant suivi la cadence parfaite du premier mouvement du Quintette de Dvorák, un large succès. Les pianistes se rattrapèrent avec les compendieux Liebesliederwalzer, alternant ceux de l’Opus 52 et de l’Opus 65. Les voix de l’ensemble vocal Aedes dirigé par Mathieu Romano, aussi méticuleux qu’attentif, se révélèrent un peu vertes mais s’échauffèrent progressivement et parurent plus assurées au fur et à mesure que s’égrenaient ces petits bijoux choraux, aux couleurs si variées et bien éloignés à vrai dire de la grande forme brahmsienne. Elles reprirent en bis deux lieder, l’un a capella, l’autre avec Adam Laloum, l’air encore un peu perdu, et Guillaume Vincent.


Le site du Festival de Pâques à Deauville
Le site de l’Ensemble vocal Aedes



Stéphane Guy

 

 

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